La périostite, et plus particulièrement la périostite tibiale, est une inflammation qui provoque des douleurs intenses au niveau du tibia. Courante chez les sportifs qui pratiquent des activités à impact répétitif - comme la course à pied -, cette pathologie peut sembler anodine. Elle doit pourtant être prise en charge et traitée, pour éviter toute aggravation.
Alors qu’est-ce qu’une périostite tibiale exactement ? Quelles sont les causes de cette pathologie ? Et comment adapter sa pratique sportive pour prévenir son apparition ?
Qu’est-ce qu’une périostite tibiale ?
La périostite tibiale est une inflammation de la membrane qui entoure le tibia. Particulièrement fréquente chez les coureurs et les sportifs qui sollicitent fortement leurs jambes, cette pathologie musculo-squelettique est souvent responsable d’une douleur intense.
Une inflammation du périoste
La périostite est une inflammation du périoste, une fine membrane fibreuse et résistante qui entoure les os. Le périoste est composé de deux couches principales :
- une couche externe : elle offre une protection mécanique à l’os, et sert de point d’attache aux muscles, aux ligaments et aux tendons ;
- une couche interne : elle est riche en cellules ostéogéniques. Ces cellules participent à la production de nouvelles cellules osseuses (pendant la croissance ou après un traumatisme).
Riche en nerfs, en vaisseaux sanguins et en cellules spécifiques, le périoste joue un rôle dans :
- la nutrition de l’os : il assure l’apport en nutriments et en oxygène nécessaires aux cellules osseuses ;
- la réparation de l’os : il stimule la production de nouvelles cellules osseuses en cas de fracture ou de blessure ;
- la croissance de l’os : il contribue à l’épaississement et au remodelage des os pendant l’enfance et l’adolescence.
Si la périostite peut toucher différents os (comme le fémur, par exemple), cette inflammation se manifeste généralement au niveau du tibia. C’est la raison pour laquelle on parle souvent de « périostite tibiale ».
Des symptômes douloureux
En raison de sa riche innervation, le périoste est extrêmement sensible à la douleur. Une inflammation comme la périostite tibiale se manifeste donc par l’apparition de symptômes particulièrement inconfortables :
- une douleur intense et lancinante sur la face interne du tibia ;
- parfois, une sensation de brûlure ou de chaleur au niveau du tibia ;
- parfois, une légère enflure du tibia.
Généralement ressentie au début ou après un effort intense, la douleur peut aussi apparaître au repos (surtout si l’inflammation n'est pas traitée rapidement). La douleur est souvent plus prononcée le matin au réveil, et diminue après une période d'activité modérée. Mais elle peut parfois s’intensifier au fur et à mesure que l'effort physique augmente.
Une inflammation due à des microtraumatismes répétés
La périostite tibiale est due à des microtraumatismes répétés, qui provoquent une inflammation du périoste.
Cette pathologie est particulièrement courante chez les personnes qui pratiquent une activité physique impliquant des impacts répétitifs, ou une sollicitation excessive des jambes :
- la course à pied ;
- le football ;
- le basketball ;
- le rugby ;
- le tennis ;
- …
L’inflammation peut aussi être favorisée par certains facteurs :
- la morphologie du pied (pied plat avec pronation excessive, pied creux…), une mauvaise position du bassin lors de la course ;
- des antécédents de périostite, un surpoids, un déficit en calcium et en vitamine D ;
- le port de chaussures inadaptées pendant la pratique sportive, des entraînements sur des surfaces dures, l’augmentation brutale de l’intensité des exercices.
Bon à savoir : les coureurs débutants (ou ceux qui se remettent à la course à pied après une longue pause) sont particulièrement sensibles à cette pathologie. C’est la raison pour laquelle il est toujours recommandé de (re)démarrer en douceur !
Douleurs au tibia : comment réagir ?
Des douleurs inhabituelles doivent toujours amener à consulter un médecin, notamment lorsqu’elles sont particulièrement intenses ou répétées. Il réalise certains examens, qui lui permettent de confirmer le diagnostic de périostite. Il peut ensuite prescrire un traitement adapté, pour éviter toute aggravation ou complication de l’inflammation.
Pourquoi consulter ?
Selon la sévérité de l’inflammation et les mesures prises pour la soigner, la périostite tibiale peut durer de quelques semaines à plusieurs mois. Et si l’inflammation n’est pas traitée, le danger est qu'elle s'aggrave ou qu'elle évolue vers une forme chronique. Les symptômes peuvent alors être beaucoup plus difficiles - et plus longs ! - à soulager. Même si cette pathologie peut sembler anodine au départ, elle doit donc être prise en charge dès l’apparition des symptômes.
Si elle n’est pas traitée, la périostite tibiale peut notamment être responsable d’une fracture de fatigue. En réponse à des sollicitations répétées et excessives, l’os se fissure progressivement. Ce type de fracture n’est pas dû à un traumatisme direct, mais à une contrainte mécanique continue. L’os ne peut pas se régénérer naturellement et, petit à petit, sa structure s’affaiblit. Fréquente chez les athlètes et les personnes qui augmentent soudainement leur activité physique, la fracture de fatigue touche le plus souvent le tibia, les métatarsiens et le fémur. Elle provoque des douleurs chroniques, et peut s’étendre si elle n’est pas prise en charge rapidement. Et la fissure peut aussi évoluer en fracture complète ! En plus d’une immobilisation plus longue, cela peut parfois nécessiter une intervention chirurgicale (dans les cas les plus sévères).
Un diagnostic précoce et la mise en place du bon traitement permettent d’éviter ces complications, et de récupérer rapidement et sans séquelles d’une périostite tibiale. Le médecin peut également donner des conseils de prévention, ce qui permet de limiter le risque de récidives.
Comment le diagnostic est-il confirmé ?
Il est recommandé de consulter son médecin traitant dès l'apparition des premiers symptômes. Cela permet de comprendre l’origine des douleurs, de poser le bon diagnostic et d’écarter une éventuelle fracture de fatigue ou une tendinite (qui peuvent présenter des symptômes similaires). Le médecin peut confirmer lui-même le diagnostic de périostite tibiale, ou orienter son patient vers un spécialiste en médecine du sport.
Le diagnostic se base généralement sur un examen physique. Le médecin palpe la zone douloureuse, pour localiser l'inflammation et évaluer son intensité. La douleur caractéristique de la périostite tibiale est localisée le long du bord intérieur du tibia. Ce symptôme spécifique l’aide à différencier cette pathologie d'autres affections similaires, comme les fractures de fatigue.
Dans certains cas, le médecin a recours à des examens d'imagerie (une radiographie, une IRM ou une scintigraphie osseuse). Ils permettent de s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une affection osseuse plus grave.
Quels sont les traitements mis en place en cas de périostite tibiale ?
Le traitement de la périostite tibiale repose sur un ensemble de mesures incluant le repos, la modification des habitudes sportives et, dans certains cas, la prise de médicaments.
Le médecin prescrit généralement :
- du repos et la réduction de l'activité physique : pour guérir d'une périostite, il est recommandé de diminuer l’intensité de l’activité sportive responsable de la douleur. Cela permet au périoste de se régénérer, sans être soumis à de nouvelles sollicitations. La guérison repose essentiellement sur cette mise au repos ;
- la prise d’anti-inflammatoires : si la douleur persiste ou devient difficile à gérer, le médecin peut prescrire des AINS (anti-inflammatoires non-stéroïdiens). Mais il est important que leur usage reste limité et supervisé, pour éviter d’éventuels effets indésirables ;
- des séances de kinésithérapie : des massages, ultrasons ou ondes de choc peuvent être utilisés pour apaiser la douleur. Mais les séances servent surtout à renforcer les muscles du mollet, essentiels pour alléger la pression exercée sur le tibia. Un bon renforcement musculaire permet de diminuer les risques de récidive ;
- des orthèses plantaires : si l’inflammation est favorisée par une mauvaise posture du pied, le médecin peut prescrire le port de semelles orthopédiques. En corrigeant cette posture, elles permettent de réduire la tension sur le périoste.
Il est aussi possible d’appliquer régulièrement de la glace sur la zone douloureuse. En plus de soulager la douleur (de manière temporaire), le froid peut aider à diminuer l’inflammation.
Comment prévenir la périostite chez les sportifs ?
En cas de périostite tibiale, le médecin ne recommande pas nécessairement l’arrêt total du sport. Mais pour favoriser et accélérer le processus de guérison, il faut néanmoins adopter les bons réflexes et limiter certaines activités sportives.
La périostite tibiale est assez fréquente chez les coureurs. Mais attention, il n’est pas recommandé de continuer à courir avec une périostite ! Les impacts subis à chaque foulée peuvent en effet aggraver l’inflammation, ralentir la récupération et augmenter le risque de complications. La reprise de la course à pied doit se faire de manière progressive, et seulement après avis médical. Dans certains cas, le médecin conseille de réintégrer des activités d'intensité réduite (de la marche rapide ou des exercices à faible impact). Il met en place un programme de rééducation adapté, avec des conseils pour réduire la pression sur le tibia et prévenir les récidives.
Pour prévenir la périostite tibiale chez les sportifs, il est notamment recommandé de :
- suivre un entraînement progressif, avec des échauffements adaptés : augmenter lentement l'intensité et la durée des séances permet aux muscles et au périoste de s’adapter, sans subir de stress excessif. Et en préparant les muscles et les tendons, un bon échauffement permet de réduire les risques d’inflammation ;
- porter des chaussures adaptées : un bon amorti et un soutien optimal du pied sont essentiels pour éviter les chocs répétitifs ;
- renforcer les muscles du mollet : le renforcement musculaire contribue à réduire la pression exercée sur le tibia. Il est conseillé de varier les exercices et les entraînements, pour solliciter différents groupes musculaires et limiter le risque de surcharge sur une zone en particulier. Intégrer des exercices d’étirement dans sa routine d’entraînement aide aussi à maintenir la souplesse, et à prévenir les tensions excessives dans les muscles des jambes.
Sources :
https://www.vidal.fr/actualites/30589-periostite-tibiale-progressivite-prudence-patience.html