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L'ablation des ovaires : pourquoi, comment et quelles conséquences ?

Publié le 14 octobre 2020 — 8 Min de lecture

SOMMAIRE

    Faisant partie de l’appareil reproducteur de la femme, les ovaires peuvent être atteints de plusieurs types d’affections. Long à diagnostiquer, le cancer des ovaires touche notamment plus de 4000 femmes par an en France.

    L’ablation des ovaires, aussi connue sous le nom d’ovariectomie, permet de traiter et de prévenir l’apparition d’un cancer des ovaires ou de certains types de cancer du sein. Elle peut également être programmée en cas de soupçon d’infection, ou pour soulager les symptômes d’autres types de troubles ovariens (un kyste ou un abcès par exemple).

    Qu’est-ce qu’une ovariectomie ?

    Les ovaires sont situés de chaque côté de l’utérus, dans le bas ventre de la femme. Faisant partie de son système reproductif, la première fonction des ovaires est de produire des ovules. Pour répondre à l’objectif de fécondation et de procréation, les ovaires produisent également des œstrogènes et de la progestérone. Impliquées dans la reproduction, ces deux hormones participent aussi au développement des caractères sexuels de la femme.


    Intervention chirurgicale lourde et plutôt rare, l’ovariectomie est l’ablation de l’un ou des deux ovaires de la femme. Elle peut également consister à ne retirer qu’une partie d’un ovaire. Lorsque l’opération concerne les deux ovaires, on parle d’ovariectomie bilatérale.

    Dans quels cas procéder à l’ablation des ovaires ?

    L’ablation des ovaires est réalisée lorsque l’on découvre une tumeur, un kyste ou une infection des ovaires, particulièrement chez la femme de plus de 50 ans. Il s’agit du traitement principal du cancer de l’ovaire.

    Dans le cadre du traitement d’un cancer de l’ovaire

    Résultat d’une dégénérescence maligne des cellules de l’ovaire, le cancer de l’ovaire est souvent détecté très tardivement. Les premiers symptômes apparaissent lorsque la tumeur maligne s’est déjà bien développée.

    Le diagnostic est en général confirmé après la réalisation de plusieurs types d’examens : un bilan sanguin, une échographie ou une IRM, parfois une biopsie. Le traitement est adapté en fonction du type histologique du cancer (la nature des cellules impliquées), de son grade (son niveau d’agressivité) et de son stade (son niveau de propagation à d’autres organes du corps).


    Si plusieurs types de traitements peuvent être mis en place, l’ovariectomie reste le traitement le plus souvent recommandé en cas de cancer des ovaires. La chirurgie peut parfois être complétée de séances de chimiothérapie ou de radiothérapie. Pour être efficace, la chirurgie doit permettre de retirer la totalité de la tumeur qui s’est développée sur les ovaires, ainsi que toute autre lésion visible sur les organes voisins.


    Si le cancer est diagnostiqué à un stade précoce (assez tôt), et limité aux ovaires, le chirurgien réalise une hystérectomie totale avec annexectomie bilatérale. Il procède à l’ablation des deux ovaires, des trompes de Fallope et de l’utérus. Au moment de l’intervention, le chirurgien prélève des échantillons au niveau du péritoine, des ganglions ou de l’épiploon, des tissus pouvant être atteints par les cellules cancéreuses.


    Lorsque le cancer des ovaires a atteint d’autres organes de l’abdomen, on parle de stade avancé. Un spécialiste de la chirurgie digestive intervient alors pour retirer les organes touchés (par exemple certains organes digestifs, comme le rectum ou le côlon).

    Pour traiter d’autres types d’affections

    L’ovariectomie est également réalisée en cas de :

    • kystes sur l’ovaire : tumeurs en général bénignes, les kystes se présentent sous la forme de grosseurs remplies de liquide (parfois d’une substance solide). Pouvant gêner le fonctionnement de l’ovaire, dégénérer ou entrainer certaines complications, certains kystes doivent être retirés chirurgicalement (on parle de kystectomie). L’ovaire qui porte le kyste doit parfois être entièrement retiré, notamment lorsque le kyste est situé trop en profondeur ;

    • infection caractérisée de l’ovaire ;

    • torsion ovarienne (rare) ;

    • endométriose : cette maladie se traduit par le développement de l’endomètre (les muqueuses de la paroi de l’utérus) en dehors de l’utérus. Lorsque ces muqueuses s’étendent aux ovaires, il est parfois nécessaire de recourir à leur ablation. L’ovariectomie permet également d’abaisser le taux d'œstrogènes, et ainsi d’aider au traitement de l’endométriose ;

    • grossesse ectopique : il arrive parfois qu’au cours d’une grossesse, l'œuf se développe dans une trompe de Fallope ou dans un ovaire (plutôt que dans l’utérus). On parle alors de grossesse extra-utérine. Si l'œuf se développe dans l’ovaire, il faut le retirer en procédant à une ovariectomie ;

    • hystérectomie partielle : dans certains cas, l’ablation de l’utérus doit être accompagnée de l’ablation d’un ou plusieurs ovaires ;

    • risque de cancer : on utilise parfois l’ovariectomie à titre préventif. Retirer les ovaires permet en effet d’éviter le risque de développement d’un cancer des ovaires, de l’endomètre ou du col de l’utérus chez la femme à risques. La décision de recourir à cette intervention chirurgicale préventive est basée sur l’observation des antécédents familiaux ou des troubles génétiques de la patiente. Permettant de limiter la production d’hormones (œstrogènes), l’ovariectomie est parfois recommandée pour traiter ou éviter l’apparition d’un cancer du sein (notamment en présence d’une mutation sur les gènes BRCA1 et BRCA2).

    Déroulement de l’intervention chirurgicale

    L’ovariectomie est une opération chirurgicale, pratiquée sous anesthésie générale à l’hôpital.

    Avant l’intervention

    Deux consultations sont organisées avant l’ovariectomie :

    • une consultation avec le chirurgien : il explique à la patiente l’objectif de la chirurgie, son déroulement et la technique utilisée, ses suites et ses éventuelles complications. La patiente peut lui poser toutes les questions qu’elle souhaite ;

    • une consultation avec l’anesthésiste : comme pour toute intervention sous anesthésie générale, une consultation préalable permet au médecin anesthésiste d’interroger la patiente sur ses antécédents médicaux et chirurgicaux, ses éventuelles allergies, ses problèmes de santé, la prise de certains médicaments et sa consommation de tabac. Cela lui permet d’évaluer les risques de l’anesthésie.

    Déroulement de l’ovariectomie

    En fonction du stade d’extension de la maladie, le chirurgien retire l’un ou les deux ovaires en suivant l’une de ces deux méthodes :

    • une laparotomie : le médecin procède à une chirurgie à ventre ouvert, pour accéder aux organes. Il réalise une incision du pubis au sternum ;

    • une ovariectomie par cœlioscopie (ou laparoscopie) : plusieurs petites incisions sont réalisées au niveau du ventre, pour permettre au chirurgien de faire passer un système optique et ses instruments chirurgicaux. Facilitant la récupération post-opératoire, cette technique est souvent privilégiée. Elle n’est néanmoins pas toujours possible.

    Pendant l’intervention, le chirurgien observe l’ensemble de la cavité abdominale et les chaînes de ganglions. Il peut réaliser des prélèvements (biopsies) ou retirer certains tissus atteints (on parle de curage ganglionnaire lorsqu’il retire les ganglions). Les tissus sont envoyés au service d’anatomopathologie pour être analysés. Les résultats permettent de vérifier le stade du cancer.


    L’intervention est parfois réalisée en ambulatoire : la patiente n’est pas hospitalisée et peut rentrer chez elle le soir même. Lorsque l’ablation des ovaires est réalisée dans le cadre du traitement d’un cancer, la patiente est hospitalisée. La durée d’hospitalisation varie en fonction de l’importance de la chirurgie et de l’état de santé général de la patiente.


    S’il s’agit de traiter un cancer à un stade très précoce (lorsqu’un seul des deux ovaires est atteint), et que la patiente est en âge de procréer, le médecin peut programmer une chirurgie conservatrice. Pour permettre une grossesse ultérieure, il ne retire que l’ovaire atteint et la trompe de Fallope associée (annexectomie unilatérale).

    Les conséquences de l’ovariectomie

    Certains effets secondaires peuvent survenir après une ovariectomie : une fatigue liée à l’anesthésie et à l’opération, un hématome au niveau de la plaie, un risque d’hémorragie ou d’infection. Des troubles urinaires ou intestinaux peuvent également survenir pendant les jours qui suivent l’intervention. Dans la plupart des cas, l’ovariectomie n’entraîne aucune complication majeure.


    Sur le plus long terme, l’ablation des ovaires peut être responsable de la survenue de douleurs pendant l’acte sexuel. La baisse d’hormones est en effet responsable d’une mauvaise lubrification du vagin. Lorsque l’ovariectomie a été l’occasion pour le chirurgien de retirer les ganglions lymphatiques, la patiente peut parfois souffrir d’un œdème (gonflement au niveau de la jambe). Un drainage lymphatique est alors prescrit. Une accumulation de lymphe au niveau de l’emplacement des ganglions lymphatiques peut apparaître (lymphocèle) : il est parfois nécessaire de procéder à une ponction.


    Une ovariectomie totale (les deux ovaires sont retirées) rend impossible toute éventuelle grossesse. Elle entraîne l’arrêt des règles et une ménopause artificielle. Cette ménopause précoce s’accompagne d’effets secondaires. L’ablation des ovaires peut ainsi être responsable d’une prise de poids, de bouffées de chaleur, d’une sécheresse vaginale, d’une baisse de la libido, de sueurs nocturnes, de troubles de l’humeur, d’insomnie, de troubles cutanés

    Selon l’âge et l’état de santé général de la patiente, un traitement substitutif hormonal peut être prescrit (THS de la ménopause). Une congélation des ovocytes peut également permettre de pallier l’infertilité que cette intervention entraîne.


    L’ablation d’un seul ovaire n’a pas les mêmes conséquences : la patiente retrouve ses cycles menstruels et peut toujours envisager une grossesse.


    Dans tous les cas, un suivi médical rigoureux et régulier est programmé. Il permet notamment au médecin de vérifier l’absence de récidive.

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