Qu’est-ce que l’hypothyroïdie ?
L'hypothyroïdie est due à un mauvais fonctionnement de la glande thyroïde. Elle ne produit pas assez (voire pas du tout) d’hormones thyroïdiennes, et le métabolisme ralentit. Différents facteurs peuvent être à l’origine de ce dysfonctionnement.
La thyroïde et les hormones thyroïdiennes
La thyroïde est une petite glande en forme de papillon (avec deux lobes reliés par un isthme), située sur la face avant du cou sous la pomme d’Adam.
Pour fonctionner et fabriquer des hormones thyroïdiennes, la thyroïde a besoin d’iode. S’il est présent en très faible quantité dans l’organisme, cet oligo-élément doit principalement être apporté par l’alimentation (on le retrouve dans les poissons, les fruits de mer, le sel iodé…).
La glande thyroïde produit deux hormones : la tri-iodothyronine (ou T3) et la thyroxine (ou tétra-iodothyronine, ou T4).
L’hormone T4 est une hormone de réserve, produite en plus grande quantité que l’hormone T3. En cas de besoin, elle peut se transformer en T3 et devenir active. La production d’hormones T3 et T4 par la thyroïde est régulée par la TSH (Thyroid Stimulating Hormone ou thyréostimuline), une hormone sécrétée par l’hypophyse (une glande située à la base du cerveau, elle-même contrôlée par l’hypothalamus et l’hormone TRH).
Lorsque les taux sanguins d’hormones thyroïdiennes chutent, le taux sanguin de TSH augmente pour inciter la thyroïde à produire plus de T3/T4. Si le taux sanguin d’hormones thyroïdiennes est trop élevé, le taux sanguin de TSH chute pour ralentir l’activité de la thyroïde.
Les hormones thyroïdiennes sont impliquées dans plusieurs fonctions métaboliques : le contrôle de la température corporelle et de l’énergie musculaire, la croissance osseuse, le développement du cerveau (capacités mentales et intellectuelles) et la régulation de l’humeur, l’utilisation des graisses (lipides) et des sucres (glucides) par l’organisme… Elles régulent également le métabolisme des cellules du corps (leur consommation d’énergie et d’oxygène) et agissent sur le rythme cardiaque.
L’hypothyroïdie, une sécrétion d’hormones thyroïdiennes trop faible
On parle d’hypothyroïdie en cas de dérèglement de la glande thyroïde, lorsqu’elle ne produit pas assez (voire pas du tout) d’hormones thyroïdiennes : les taux sanguins d’hormones T3/T4 sont trop bas.
Cela provoque le ralentissement du métabolisme et de nombreuses fonctions de l’organisme, avec l’apparition de symptômes variés (fatigue, sensibilité au froid, prise de poids, ralentissement du rythme cardiaque, troubles de la mémoire, dépression…).
Trouble le plus fréquent de la glande thyroïde, cette pathologie se manifeste plus souvent chez les femmes (elles sont 2 à 3 plus touchées que les hommes, en particulier après 50 ans). Le risque de souffrir de cette maladie augmente également avec l’âge (notamment après 65 ans), et chez les femmes qui ont accouché dans l’année. Ces dernières peuvent en effet souffrir d’une thyroïdite transitoire post-partum : si cette inflammation de la thyroïde disparaît en général spontanément, elle peut néanmoins laisser place à une hypothyroïdie durable.
Le risque de développer une hypothyroïdie est enfin plus élevé en cas d’antécédent personnel ou familial de maladie de la thyroïde, et en cas de maladie auto-immune (psoriasis, polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite…).
Quelles sont les causes de cette maladie ?
Présente à la naissance, l’hypothyroïdie congénitale est une maladie rare : on la détecte grâce à un dépistage systématique chez tous les nouveaux-nés (prélèvement d’une goutte de sang au niveau du talon). L’hypothyroïdie est le plus souvent acquise : elle apparaît au cours de la vie, provoquée par différentes causes.
Dans les pays en voie de développement, l’hypothyroïdie est en général due à une carence alimentaire en iode. Mais dans les autres pays industrialisés, l’alimentation est suffisamment riche en iode (cet oligo-élément est notamment ajouté au sel de table). L’hypothyroïdie est le plus souvent causée par un dérèglement du système immunitaire.
Les hypothyroïdies auto-immunes sont dues à une hyperactivité du système immunitaire : des anticorps attaquent les cellules de la glande thyroïde, qui produit alors moins d’hormones. La thyroïdite de Hashimoto est la plus fréquente. Touchant le plus souvent les femmes de plus de 40 ans, elle provoque l’apparition d’un goitre diffus et constant, et est souvent associée à un vitiligo (des taches dépigmentées sur la peau), un diabète de type 1, une anémie de Biermer ou une polyarthrite rhumatoïde… La thyroïdite atrophique touche quant à elle les femmes ménopausées (il s’agit d’une thyroïdite de Hashimoto, sans goitre).
La pathologie peut également apparaître suite à la prise d’un traitement pour une maladie thyroïdienne (ablation totale ou partielle de la thyroïde, traitement par iode radioactif, médicaments antithyroïdiens de synthèse, en cas de cancer, d’hyperthyroïdie ou de nodule…).
Elle peut aussi être provoquée par la prise d’un médicament pour une maladie sans lien avec la thyroïde (de l’amiodarone, du lithium ou un traitement iodé, par exemple). Même si cela reste rare, elle peut enfin être due à une sécrétion insuffisante de TSH par l’hypophyse (on parle alors d’hypothyroïdie « centrale »).
Comment savoir si l’on souffre d’hypothyroïdie ?
Si elle reste parfois silencieuse, l’hypothyroïdie peut provoquer plusieurs symptômes qui doivent alerter et amener à consulter. Un diagnostic précoce garantit en effet une prise en charge rapide et un traitement efficace.
Quels symptômes ?
L’hypothyroïdie provoque un ralentissement général du métabolisme et des fonctions de l’organisme.
Plusieurs symptômes physiologiques et psychologiques peuvent alors apparaître, de manière progressive :
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une fatigue chronique plus ou moins intense, une somnolence, des difficultés de concentration, des pertes de mémoire ;
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une baisse de la température corporelle, une sensibilité au froid augmentée et une diminution de la transpiration ;
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un ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie) ;
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un ralentissement du transit, une constipation ;
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une prise de poids (malgré une perte d’appétit) ;
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une perte de la libido, des règles irrégulières ;
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une peau sèche et pâle, des cheveux secs et cassants, une dépilation et une perte des sourcils, des irritations au niveau de la sphère ORL (paupières gonflées et tombantes, voix rauque, ronflements…) ;
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des anomalies musculaires : des crampes, des douleurs et des raideurs des muscles.
Il est possible que l’hypothyroïdie ne provoque aucun symptôme (on parle alors d’hypothyroïdie infraclinique, asymptomatique ou « frustre »).
Pourquoi consulter ?
Si l’hypothyroïdie n’est pas détectée assez tôt, elle peut engendrer certaines complications. Ce sont alors ces complications qui amènent au diagnostic et révèlent l’existence de la maladie.
L’hypothyroïdie peut provoquer un gonflement du visage (myxœdème), l’apparition d'une peau sèche et jaune, une anémie et une insuffisance cardiaque pouvant mener à un coma myxœdémateux (cela reste rare). Chez les enfants, les complications peuvent être graves (retard de croissance et petite taille, retard mental).
En présence des symptômes évoqués plus haut, il est recommandé de consulter son médecin traitant. Il commence par interroger son patient sur ses symptômes, puis réalise un examen clinique complet (prise du pouls, palpation du cou pour rechercher un éventuel goitre…). Le médecin prescrit ensuite un bilan sanguin (avec dosage de la TSH). Les analyses de sang permettent de confirmer le diagnostic d’hypothyroïdie : si le taux de TSH est élevé, cela signifie en effet que la thyroïde n’est pas assez active et ne produit pas assez d’hormones. Dans certains cas, un dosage de l’hormone thyroïdienne T4 peut être nécessaire (en cas de sécrétion insuffisante de la TSH).
D’autres examens sont parfois effectués, pour recherche la cause de l’hypothyroïdie : une échographie du cou (pour vérifier l’aspect de la glande thyroïde et la présence éventuelle de nodules), des tests biologiques (bilan métabolique, recherche d’anticorps spécifiques, recherche d’anémie…), une IRM cérébrale (en cas de suspicion d’adénome)… L’avis d’un médecin spécialiste (endocrinologue) peut enfin être demandé.
Une fois le diagnostic d’hypothyroïdie confirmé, le médecin peut prescrire le traitement adapté.
Comment soigner l’hypothyroïdie ?
Le traitement de l’hypothyroïdie a pour objectif de faire disparaître les symptômes et d’éviter l’apparition d’éventuelles complications. Il repose sur la prise d’hormones thyroïdiennes de synthèse, sous forme de comprimés. On parle aussi d’hormonothérapie substitutive. En général, le médecin prescrit de la T4 synthétique (lévothyroxine ou LT-4), à prendre quotidiennement.
Au début du traitement, la dose reste faible pour éviter les effets secondaires (parfois graves). Le médicament doit être pris tous les jours à la même heure (le matin, idéalement). La posologie est ensuite augmentée progressivement, jusqu’à ce que le taux de TSH dans le sang retrouve une valeur normale.
Pendant toute la durée de mise en place du traitement, le médecin suit son patient sur le plan cardiaque (les hormones thyroïdiennes augmentent en effet le travail du coeur et ses besoins en oxygène). Les symptômes disparaissent progressivement (en général en quelques semaines), mais l’hypothyroïdie
ne se guérit pas : une fois la dose efficace identifiée, le traitement doit être pris à vie. Grace à bilan sanguin annuel, le dosage sanguin de la TSH est régulièrement contrôlé (et le traitement adapté si nécessaire).
En cas d’urgence (coma myxœdémateux), les médecins administrent de la T4 synthétique et/ou de la T3 synthétique par voie intraveineuse.
Sources :
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/hypothyroidie
https://www.vidal.fr/maladies/metabolisme-diabete/hypothyroidie.html
https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-hormonaux-et-métaboliques/troubles-de-la-thyroïde/hypothyroïdie