La diphtérie, une infection bactérienne très contagieuse
La diphtérie est une maladie infectieuse, due à une bactérie du genre corynebactérie (qui regroupe les bactéries Corynebacterium diphtheriae, Corynebacterium ulcerans et Corynebacterium pseudotuberculosis).
Très contagieuse, la diphtérie typique est due à la bactérie Corynebacterium diphtheriae. Elle se transmet d’homme à homme, par voie aérienne (par la toux et les éternuements). Présente dans les sécrétions rhinopharyngées de la personne infectée (malade ou asymptomatique), la bactérie est transmise par les gouttelettes de salive qu’elle émet lorsqu’elle parle, éternue ou tousse. La bactérie peut aussi se transmettre via un contact direct avec la personne contaminée (par les mains, par exemple), et plus rarement via des surfaces ou des objets souillés (elle peut résister plusieurs mois dans l’environnement).
Les bactéries Corynebacterium ulcerans sont quant à elles transmises via la consommation de lait cru ou par des contacts avec des bovins ou des animaux de compagnie (chats et chiens). Les Corynebacterium pseudotuberculosis peuvent être transmises à l’homme par les chèvres.
La période d’incubation dure entre 2 à 5 jours. Mais l’infection peut aussi rester asymptomatique : la personne infectée transmet alors la bactérie sans s’en rendre compte.
Quels sont les symptômes de la diphtérie ?
Très contagieuse, la diphtérie se manifeste principalement par l’apparition d’une angine et de symptômes ORL. Mais elle peut parfois attaquer d’autres organes du corps : elle est alors à l’origine de graves complications cardiaques ou neurologiques, pouvant entraîner le décès de la personne infectée. Alors quelles sont les étapes de l'infection dans le corps par le bacille de la diphtérie ?
Des symptômes respiratoires
Lorsque le bacille diphtérique pénètre dans l’organisme, il atteint d’abord les voies respiratoires supérieures. Il se multiplie dans les muqueuses de la bouche et de la gorge. Les premiers symptômes de la diphtérie sont alors ceux d’une angine très douloureuse (on parle aussi d’angine diphtérique).
La personne infectée souffre d’une fièvre modérée (avec une sensation de fatigue et de malaise général). Elle se plaint d’une inflammation au niveau du cou, de maux de gorge et de maux de tête. La personne a du mal à déglutir et ses ganglions lymphatiques augmentent parfois de volume. D’autres symptômes peuvent également se manifester chez les enfants (une augmentation du rythme cardiaque, des vomissements et des nausées, des frissons…).
La bactérie peut aussi provoquer la formation de fausses membranes dans la gorge, le pharynx et le larynx (« diphteria » en grec signifie « membrane »). Blanchâtres ou grises, ces pseudomembranes sont composées de globules blancs morts, de bactéries et d’autres substances. Très adhérentes, elles recouvrent le voile du palais et les amygdales. Dures, elles réduisent le diamètre des voies respiratoires et rendent la respiration difficile. La respiration peut parfois devenir impossible (par exemple lorsque la pseudomembrane se détache brusquement et obstrue les voies respiratoires), provoquant alors la mort par asphyxie.
Des complications neurologiques ou cardiaques
La bactérie diphtérique porte parfois un gène spécifique (le gène tox) : le bacille sécrète alors une toxine, qui peut à l’origine de symptômes graves et de complications mortelles.
Si cette toxine diphtérique se diffuse dans le sang, elle peut en effet atteindre certains nerfs (qui contrôlent les muscles du visage, de la gorge, des bras et des jambes). La personne infectée peut alors souffrir de symptômes sévères : des troubles de la déglutition, des troubles de la motricité des membres ou des yeux… Si le diaphragme est paralysé, cela peut entraîner une insuffisance respiratoire.
La toxine peut également atteindre le cœur et provoquer une accélération ou des troubles du rythme cardiaque, une hypotension artérielle, une inflammation du muscle cardiaque (myocarde) et une insuffisance cardiaque. Une infection sévère peut enfin endommager les reins.
Des symptômes cutanés moins graves
La diphtérie peut aussi être à l’origine de symptômes cutanés. Plus fréquentes, ces infections touchent essentiellement les adultes et restent moins graves que les autres manifestations de la maladie. Moins sévère, cette forme de diphtérie se manifeste la plupart du temps chez les personnes à l’hygiène corporelle insuffisante (la bactérie est transmise après un contact avec des plaies cutanées infectées).
Lorsqu’elle ne touche que la peau, la diphtérie provoque l’apparition d’éraflures (ou abrasions) et de plaies variées au niveau des bras et des jambes. Ces plaies peuvent faire penser à celles que l'on retrouve en cas d’eczéma, de psoriasis ou d’impetigo. Parfois douloureuses, elles peuvent suinter et avoir du mal à cicatriser.
Comment diagnostiquer la diphtérie ?
Si la diphtérie peut rester asymptomatique ou ne provoquer que de légers symptômes, elle peut également être à l’origine de graves complications et entraîner la mort (3 % des personnes infectées meurent de la diphtérie). Le risque de décès augmente chez les personnes de plus de 40 ans et chez les enfants de moins de 15 ans.
Il est donc indispensable de consulter son médecin traitant dès l’apparition des premiers signes de la maladie. Après avoir interrogé son patient sur ses symptômes (intensité, circonstances d’apparition, évolution et aggravation), le médecin l’interroge sur ses antécédents (notamment sur la mise à jour de ses vaccins). Il examine sa gorge et ses voies respiratoires, et recherche la présence d’une éventuelle pseudomembrane. Il réalise enfin un prélèvement de mucus de la gorge de son patient : cet échantillon de mucus est ensuite mis en culture dans un laboratoire.
Si le médecin soupçonne une atteinte du myocarde, il réalise un électrocardiogramme (ECG). Si les symptômes évoquent une diphtérie cutanée, le médecin prélève un échantillon au niveau d’une plaie (pour une mise en culture en laboratoire).
Quels traitements contre la diphtérie ?
Si le diagnostic de diphtérie est confirmé, il faut agir rapidement.
En cas de symptômes de diphtérie respiratoire, la personne est généralement hospitalisée en unité de soins intensifs. Le traitement de la diphtérie repose alors sur :
- une sérothérapie : le médecin prescrit un sérum antidiphtérique (antitoxine diphtérique). Administrés en injection intramusculaire, ces anticorps permettent de neutraliser la toxine diphtérique ;
- une antibiothérapie : le traitement peut aussi prévoir la prise d’antibiotiques. Le médecin peut prescrire de l’amoxicilline, ou des macrolides en cas d’allergie aux bêta-lactamines. Administrés pendant 14 jours, les antibiotiques permettent de neutraliser la bactérie.
Ces médicaments permettent de supprimer la transmission de la bactérie au bout de 24 heures. Pour éviter la contagion, la personne infectée est également isolée (et tous les objets touchés et manipulés sont désinfectés). Après l’arrêt de l’antibiothérapie, deux cultures sont réalisées pour s’assurer de l’élimination de toutes les bactéries de l’organisme. Le patient récupère plus ou moins rapidement (plus l’infection est grave, plus le rétablissement est long).
S’il s’agit d’une diphtérie cutanée, le médecin procède au nettoyage des plaies (à l’eau et au savon). Il prescrit également des antibiotiques pendant 10 jours.
Après avoir récupéré d’une diphtérie, le patient doit se faire vacciner. En effet, l’infection ne protège pas contre la maladie (elle ne confère aucune immunité), et il possible d’être à nouveau contaminé.
La vaccination, une mesure de prévention indispensable contre cette maladie
Jusqu’à la généralisation de la vaccination (en 1945 en France), la diphtérie faisait partie des principales causes de décès chez les enfants. Obligatoire en France et dans de nombreux pays occidentaux, le vaccin contre la diphtérie a permis de faire disparaître cette maladie dans les pays développés. Mais elle reste présente dans certaines régions du monde (Asie, Pacifique Sud, Europe de l’Est, Moyen-Orient…), et peut être à l’origine de graves épidémies. Il est donc indispensable de continuer à se faire vacciner contre la diphtérie, et de vérifier régulièrement la mise à jour de son calendrier vaccinal.
Le vaccin contre la diphtérie n’empêche pas la contamination et la transmission de la maladie. Contenant la toxine diphtérique purifiée et inactivée (et donc sans danger), il permet uniquement de se protéger contre les effets de cette toxine. En France, il est obligatoire pour tous les nourrissons et les professionnels de santé.
Le vaccin contre la diphtérie est combiné avec d’autres vaccins, notamment ceux qui protègent contre la poliomyélite et le tétanos (il peut s’agir d’un vaccin trivalent, tétravalent, pentavalent ou hexavalent). Le schéma vaccinal prévoit une première dose du vaccin à 2 mois, et une deuxième dose à 4 mois. Une troisième injection doit avoir lieu aux 11 mois de l’enfant. Plusieurs rappels sont ensuite programmés chez l’enfant : un à l’âge de 6 ans, et un autre entre 11 et 13 ans. Chez l’adulte, il faut prévoir un rappel du vaccin contre la diphtérie à 25 ans, à 45 ans, puis à 65 ans. Un rappel tous les 10 ans doit ensuite avoir lieu.
Sources :
https://vaccination-info-service.fr/Les-maladies-et-leurs-vaccins/Diphterie
https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-prevention-vaccinale/diphterie/la-maladie/#tabs
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/diphterie
https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/infections/infections-bactériennes-bactéries-gram-positives/diphtérie