Qu'est-ce que le paludisme ?
Le paludisme est une infection des globules rouges. Elle est provoquée par l’une des cinq espèces de protozoaire Plasmodium, transmise par la piqûre d’un moustique femelle. Cette maladie provoque en général des symptômes qui font penser à ceux d’une grippe. Mais elle peut également être responsable de symptômes plus graves. Alors qu'est-ce que le paludisme peut engendrer ?
Une maladie infectieuse, d’origine parasitaire
Le paludisme peut être dû à plusieurs espèces de parasites, qui sévissent dans différentes zones géographiques et provoquent différents types de symptômes :
- Plasmodium falciparum : responsable de la majorité des décès liés au paludisme, il s’agit de l’espèce la plus pathogène (elle circule activement dans les zones tropicales d’Afrique, et on la retrouve aussi en Amérique latine et en Asie) ;
- Plasmodium vivax : on retrouve principalement cette espèce en Amérique centrale et en Amérique du Sud (elle est aussi présente en Asie et dans certaines régions d’Afrique). Moins virulent, ce parasite provoque néanmoins de plus en plus de décès chaque année ;
- Plasmodium ovale : à l’origine de symptômes modérés, ce parasite est surtout présent en Afrique de l’Ouest. Il peut entraîner des rechutes plusieurs années après l’infection ;
- Plasmodium malariae : circulant dans le monde entier, cette espèce reste néanmoins moins fréquente. Elle peut entraîner des rechutes jusqu’à 20 ans après la première infection ;
- Plasmodium knowlesi : infectant normalement les singes, ce parasite est responsable de cas humains depuis plusieurs années dans certaines zones d’Asie du Sud-Est. Difficile à diagnostiquer, il provoque des symptômes graves.
Comment le parasite est-il transmis ?
Le parasite est transmis à l’être humain par la piqûre d’un moustique infecté (l’anophèle femelle). Le moustique pique d’abord une personne infectée : il injecte ensuite le parasite à une personne saine, lorsqu’il la pique pour se nourrir de son sang. Il est un simple intermédiaire, vecteur du paludisme.
Lorsqu’il pénètre dans l’organisme, le parasite migre rapidement vers les cellules du foie, via la circulation sanguine. Il se divise et se multiplie rapidement, pour donner naissance à des dizaines de milliers de nouveaux parasites. Cette phase de reproduction asexuée ne provoque aucun symptôme particulier.
Les parasites sont ensuite libérés dans le sang et pénètrent dans les globules rouges, où ils se multiplient à nouveau. Les globules rouges éclatent, les parasites sont à nouveau libérés dans la circulation sanguine, et infectent de nouveaux globules rouges. C’est au cours de cette phase que les premiers symptômes du paludisme apparaissent (principalement dus à la destruction des globules rouges).
Progressivement, des parasites sexués se forment à l’intérieur des globules rouges. Le moustique ingère ces parasites (en piquant la personne infectée), qui se transforment en gamètes et se fécondent. Elles engendrent alors un nouveau parasite, qui évolue dans l’intestin du moustique et migre ensuite dans ses glandes salivaires. Lorsque le moustique pique une personne saine, il lui transmet ce nouveau parasite : un nouveau cycle commence.
Le parasite peut également être transmis par la mère à son fœtus : la contamination se fait par voie transplacentaire, en fin de grossesse. Elle peut provoquer une anémie chez la mère, un avortement spontané ou un accouchement prématuré. Dans des cas qui restent rares, la transmission peut avoir lieu au cours d’une transfusion sanguine.
Quels sont les symptômes du paludisme ?
Qu’est-ce que le paludisme provoque ? Comment savoir si l'on a le paludisme ? Se manifestant 8 à 30 jours après l’infection, les premiers symptômes du paludisme font penser à ceux d’une grippe : fièvre et sueurs, tremblements et frissons, maux de tête, sensation de malaise général et douleurs musculaires… Affaiblie, la personne infectée peut aussi souffrir de troubles digestifs (diarrhées, nausées et vomissements, douleurs abdominales).
Le paludisme peut aussi être responsable d’une hypertrophie de la rate et d’une anémie (à cause de la destruction des globules rouges), et provoquer des problèmes cardiaques ou cérébraux, ou encore une atteinte des poumons ou des reins. Lorsqu’il s’agit d’un paludisme grave (provoqué notamment par Plasmodium falciparum), un organe vital peut en effet être atteint. Le patient peut présenter une détresse respiratoire ou souffrir d’une insuffisance rénale. Des complications neurologiques peuvent enfin survenir (confusion, troubles du comportement, convulsions, délires, perte de conscience, coma). Elles peuvent engendrer des séquelles durables, ou entraîner le décès du patient.
Les personnes qui vivent dans des zones d’endémie peuvent quant à elles être infectées plusieurs fois de suite, développant progressivement une certaine immunité. Les symptômes du paludisme deviennent alors de moins en moins sévères. Le risque de développer un paludisme grave concerne surtout les jeunes enfants, et les voyageurs qui se rendent pour la première fois dans le pays en question.
Que faire en cas de symptômes ?
Si la personne présente des symptômes évocateurs du paludisme au retour d’un voyage dans une zone à risque (une fièvre, notamment), il est possible de réaliser un test de diagnostic rapide. Le médecin prélève une goutte de sang au bout du doigt du patient, qu’il dépose ensuite sur une bandelette réactive. Si la personne est infectée par un parasite du genre Plasmodium, la bandelette change de couleur. Le diagnostic peut être confirmé par un bilan sanguin (avec observation d’un échantillon de sang au microscope, et mise en évidence de protozoaires). Plus le diagnostic est posé tôt, plus la mise en place du traitement est rapide : cela permet d’éviter les complications de la maladie et le décès du patient, mais aussi de limiter la transmission du paludisme.
Est-ce que le paludisme se soigne ? Plusieurs médicaments permettent d’éviter l’évolution du paludisme vers une forme grave et des symptômes sévères. Dès que le diagnostic est confirmé, le médecin prescrit un traitement antipaludéen. Aujourd’hui, le traitement le plus efficace (notamment contre les P. falciparum) repose sur une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine. Mais certains parasites peuvent résister au médicament (notamment les Plasmodium vivax et les Plasmodium ovale) : ces formes latentes restent en effet dans le foie, et peuvent provoquer des rechutes longtemps après la première infection. Un traitement spécifique peut être prescrit chez les personnes infectées par ces espèces (primaquine ou tafénoquine, à prendre sur 14 jours ou en 1 prise). Il présente néanmoins des effets secondaires graves, et n’est pas toujours efficace.
Le traitement antipaludéen peut aussi être démarré dès l’apparition des premiers symptômes, avant l’obtention des résultats du test. Pris sur quelques jours, il associe un dérivé de l’artémisinine et une autre molécule (luméfantrine, pipéraquine…). Contrairement à un traitement avec un seul médicament, cette bithérapie permet d’améliorer l’efficacité du traitement et de réduire les risques de résistance du parasite.
Comment éviter de contracter cette maladie ?
Le paludisme touche chaque année plusieurs millions de personnes dans le monde, évoluant parfois vers une forme grave ou mortelle. Or, depuis plusieurs années, les parasites sont de plus en plus résistants aux molécules antipaludiques (les moustiques craignent également de moins en moins les insecticides). Pour éviter de souffrir des complications du paludisme, il faut donc tout mettre en œuvre pour éviter de contracter la maladie.
Un traitement préventif
En cas de voyage dans une zone endémique, il est recommandé de prendre un traitement préventif contre le paludisme (surtout pour les enfants et les femmes enceintes). Plusieurs molécules peuvent être utilisées en chimioprophylaxie, et parfois associées entre elles (atovaquone-proguanil, chloroquine-proguanil, chloroquine, primaquine, doxycycline et méfloquine). Le médicament antipaludique est prescrit par un médecin, et choisi selon le pays de destination, la saison et la durée du voyage, et le profil du voyageur (âge, éventuelle grossesse, prise d’autres traitements…). Il ne garantit en revanche pas une protection absolue contre le paludisme.
Il est aussi recommandé d'adopter plusieurs réflexes simples en cas de voyage dans une zone où le paludisme est fréquent. Pour éviter de contracter la maladie, il faut éviter de se faire piquer par les moustiques. Pour cela, il faut privilégier au maximum les vêtements couvrants (manches longues et jambes longues), et utiliser des produits répulsifs anti-moustiques et des moustiquaires le plus souvent possible (pour dormir, notamment).
Les pays concernés par cette maladie peuvent enfin mettre en place certaines mesures environnementales, pour éviter la prolifération de moustiques (lutte antivectorielle) : assainissement des zones humides, épandage d’insecticides, installation de moustiquaires dans les lieux publics et les habitations (surtout autour des lits, le moustique piquant surtout la nuit)…
Un vaccin recommandé par l’OMS
Depuis fin 2021, l’OMS recommande une large utilisation du vaccin antipaludique RTS,S / AS01. La vaccination concerne principalement les enfants qui vivent dans certaines zones endémiques, avec un risque de transmission modéré à fort du paludisme à Plasmodium falciparum. Considéré comme sûr, le vaccin permet de réduire fortement l’évolution de la maladie vers un paludisme grave chez le jeune enfant, avec l’apparition de certaines complications, parfois mortelles.
L’efficacité de ce vaccin reste aujourd’hui modérée, le parasite évoluant plusieurs fois au cours de sa vie. Il passe en effet d’une phase asexuée à une phase de reproduction sexuée, prend des formes différentes et porte des antigènes différents. Le vaccin doit donc être utilisé en complément des autres mesures de prévention contre le paludisme.
Sources :
https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/article/paludisme
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/paludisme
https://www.inserm.fr/dossier/paludisme/