Vos yeux ont tendance à larmoyer à l'arrivée du printemps ou en présence de certains animaux ? Ils sont rouges et vous démangent ? Vous souffrez peut-être d’une conjonctivite allergique. Assez courante, cette réaction allergique de l'œil est souvent sans gravité. Pouvant être particulièrement désagréable, elle doit néanmoins être traitée.
Qu’est qu’une conjonctivite allergique ?
Une conjonctivite désigne une inflammation de la conjonctive, la fine membrane transparente qui recouvre la partie blanche de l'œil et l'intérieur des paupières. Elle peut être provoquée par une infection, une bactérie ou un virus, mais également par une allergie.
Zoom sur les causes et les symptômes de la conjonctivite allergique.
Une réaction à des substances allergènes
Ce type de conjonctivite apparaît lorsque la surface de l'œil a été en contact avec un allergène, c’est-à-dire avec une substance considérée à tort comme dangereuse par l’organisme. Le système immunitaire s’emballe et lance une réponse locale exagérée pour se défendre : c’est l'apparition de l'inflammation au niveau de la conjonctive.
Sorte d'allergie des yeux, elle peut ainsi être provoquée par de nombreuses substances allergènes présentes dans l'atmosphère : des plumes ou des poils d’animaux, des acariens, du pollen… Cette réaction est souvent associée à l'apparition d’une rhinite, qui est quant à elle à l’origine d'éternuements à répétition et d’écoulements désagréables au niveau du nez.
Mais cette inflammation de l'oeil peut également apparaître de manière isolée, notamment lorsque les yeux sont directement exposés à un allergène (un produit cosmétique appliqué sur les paupières ou sur les cils, l’utilisation d'un collyre…).
Les différents types d’affections
Il existe plusieurs types de conjonctivites provoquées par des allergies.
Les conjonctivites provoquées exclusivement par la production d’anticorps igE
Les conjonctivites exclusivement igE médiées sont les plus fréquentes (environ 90 % des cas). Elles sont provoquées par la production d’anticorps de type igE, dirigés contre la substance allergène. Elles sont souvent accompagnées d’autres manifestations allergiques : asthme, rhinite…
On distingue :
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des phases aiguës, pendant lesquelles les manifestations allergiques sont intenses : un contact avec une dose massive d’allergène provoque des œdèmes de la conjonctive, des prurits importants, des larmoiements, une rougeur de l’œil… ;
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des phases chroniques, pendant lesquelles les manifestations sont plus discrètes : sensation de grain de sable dans l’œil, rougeur légère de l'œil…
En fonction de la récurrence de ces phases, on peut classer ce type de conjonctivite en deux catégories :
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la conjonctivite allergique saisonnière : la personne souffre de poussées aiguës à certaines périodes récurrentes de l’année, essentiellement lorsque l’air se charge des pollens des arbres et / ou des graminées qui tombent en masse. En dehors de ces périodes, les symptômes sont très discrets (de type chronique) ;
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la conjonctivite allergique peranuelle : les symptômes sont discrets (de type chronique) mais ils sont constants, tout au long de l’année. Les allergènes en cause sont en effet toujours présents : principalement la poussière et les acariens que l’on retrouve dans la maison, mais aussi les poils et les squames d’animaux, ou encore des produits d’entretien ou de maquillage. Néanmoins, on remarque parfois des épisodes aigus au printemps et en automne en cas d’allergie aux acariens : la chaleur et l’humidité sont en effet propices à leur reproduction.
Les conjonctivites faisant intervenir d’autres cellules du système immunitaire
Parmi ces conjonctivites non exclusivement igE médiées, on retrouve :
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les kératoconjonctivites : plus rares, elles résultent pour la plupart d’une réaction allergique qui fait intervenir d’autres cellules du système immunitaire, comme des lymphocytes ou des macrophages. En fonction des cas, des igE sont plus ou moins impliqués dans la réaction allergique. Elles sont plus dangereuses car elles présentent une atteinte de la cornée (d’où le préfixe « kérato ») ;
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la kératoconjonctivite vernale : elle touche surtout les petits garçons, qui souffrent alors de photophobie intense (douleurs face à la lumière) et de fortes démangeaisons. Ils ont constamment l’impression d’avoir un corps étranger dans l’œil. Les symptômes sont présents toute l’année avec une recrudescence au printemps. Dans 90 % des cas, ce type de conjonctivite disparaît après la puberté, et ne laisse généralement pas de séquelles ;
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la conjonctivite allergique atopique : elle touche surtout les jeunes hommes souffrant d’atopie (prédisposition génétique à développer des allergies), et elle est associée à d’autres signes d’atopie : eczéma, asthme… C’est la forme la plus grave de conjonctivite : en cas de complications cornéennes, elle peut entraîner une cécité.
Ces formes de conjonctivites peuvent être aggravées par une allergie IgE médiée.
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les blépharoconjonctivites allergiques de contact : elles surviennent plusieurs jours ou plusieurs heures après le contact avec la substance allergène. Elles associent une inflammation de la conjonctive avec une inflammation des paupières, sous la forme d’un eczéma.
Quels symptômes ?
Les symptômes de ce type de conjonctivite peuvent être nombreux :
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des démangeaisons au niveau des yeux : vraiment symptomatiques de l’allergie, elles peuvent aller d’une sensation intermittente de chatouillement ou de picotement, à la nécessité impérieuse de se frotter les yeux. Elles provoquent souvent la désagréable sensation d'avoir du sable dans les yeux ;
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des difficultés à supporter la lumière (photophobie) ;
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un larmoiement plus ou moins abondant ;
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des yeux rouges : les vaisseaux sanguins deviennent visibles sur la conjonctive ;
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un gonflement du blanc de l'œil (conjonctive) et des paupières ;
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des paupières collées, particulièrement le matin ;
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des anomalies sous la paupière : elles sont visibles lorsque l’on retourne la paupière.
Même si un œil peut parfois être plus touché que l’autre, ce type de conjonctivite atteint les deux yeux. Lorsqu’il s'agit d’une allergie au pollen, elle apparaît en général chaque année à l'arrivée du printemps, à la fin de l’été ou au début de l’automne. Lorsque les épisodes sont déclenchés par des acariens ou des poils d’animaux, ils peuvent survenir tout au long de l’année.
L’intensité des signes est variable. Si l’allergène est propagé par voie aérienne, les voies respiratoires peuvent aussi être atteintes : les principaux symptômes se manifestent alors sous forme d’éternuements et de nez qui coule.
Diagnostic et traitement
Comment soigner une allergie des yeux ? En cas d'apparition des symptômes, et pour éviter leur aggravation, il est recommandé de consulter un médecin. Après avoir posé son diagnostic, il vous prescrira un traitement adapté.
Comment poser le diagnostic ?
Dès l'apparition des premiers symptômes, commencez par consulter un ophtalmologue. En procédant d'abord à une observation clinique de l'aspect de l’œil, ce médecin spécialiste peut déterminer si vous souffrez d’une conjonctivite ou d’une kératoconjonctivite.
Pour préciser le type de conjonctivite dont vous souffrez (allergique ou virale), il vous interroge également sur vos symptômes, sur les conditions d’apparition des crises, sur leur intensité et leur fréquence.
Si l’ophtalmologue suspecte une conjonctivite allergique, il vous dirige vers un allergologue. Ce dernier réalise alors un bilan allergologique complet, sur la base du pré-diagnostic établi par l’ophtalmologue. Il procède à :
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un nouvel interrogatoire, pour essayer de déterminer la substance allergène en cause ;
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différents tests cutanés ;
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un dosage de médiateurs de l’allergie (notamment les igE sériques), dans le sang ou les larmes (plus rare).
Si l’allergologue a encore des doutes, il peut procéder à un test de provocation. Cela lui permet de vérifier si l’allergène suspecté est bien celui à l'origine de l'inflammation de l'oeil. Compte tenu des risques en cas de kératoconjonctivite, ce test doit être réalisé en consultation conjointe avec l’ophtalmologue.
Quel traitement ?
Le premier traitement à suivre est d’éviter ou de limiter au maximum le contact avec la substance allergène en cause (éviter le maquillage et changer de produit cosmétique, enlever les tapis et les moquettes, dépoussiérer le logement plus souvent en cas d'allergie aux acariens, éviter le contact avec les chats et les chiens en cas d'allergie à leurs poils…).
Pour limiter les contacts et les réactions allergiques, il est également conseillé d’éviter de se frotter les yeux et de porter des lunettes. Les lentilles sont déconseillées en cas de conjonctivite allergique.
Si ces mesures d’éviction ou d’évitement ne sont pas suffisantes, la conjonctivite peut être traitée avec :
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un sérum physiologique pour nettoyer les yeux, évacuer les allergènes et soulager les symptômes ;
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un antihistaminique, administré par voie orale ou sous forme de collyre. Ce médicament permet d’inhiber l’action de l’histamine, un médiateur chimique libéré par l’organisme en cas d’allergie, et responsable des symptômes oculaires. Les antihistaminiques sont très efficaces pendant 24 heures et leur effet subsiste encore plusieurs jours après leur arrêt (à moindre efficacité) ;
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d'autres solutions et traitements médicamenteux, en fonction du type de conjonctivite diagnostiquée.
Une désensibilisation peut également être envisagée, notamment dans le cas d'une allergie aux pollens. Pour cela, la cause de l’allergie doit avoir été précisément identifiée.
Dans les cas les plus sévères, un collyre à base de corticoïdes peut être prescrit. Il ne peut néanmoins pas être utilisé de façon prolongée. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à interroger votre pharmacien.