Des coups de blues, nous en avons tous, c’est normal. Quoi de plus humain que de pleurer l’échec d’un mariage, la perte d’un être cher, le temps qui passe, les difficultés professionnelles ? Des périodes grises que nous avons tendance à qualifier de « dépression ». Souvent à tort. « En France, des personnes ayant un simple passage à vide sont parfois considérées et traitées comme dépressives. Alors que les vraies dépressions, elles, sont sous-diagnostiquées et insuffisamment prises en charge », explique le Dr Alain Meunier, psychiatre au Centre de la Dépression à Paris. « Or, la dépression est une véritable maladie, due à des troubles biochimiques et fonctionnels du cerveau. Et dont les conséquences peuvent être extrêmement handicapantes. »
La dépression en France
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19% des français âgés de 15 à 75 ans souffrent d’une dépression au cours de leur vie.
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8% des adultes ont vécu une dépression au cours des 12 derniers mois.
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Les femmes sont 2 fois plus touchées que les hommes.
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1,3 milliard d’euros par an, c’est le coût médical de la dépression.
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Les Français consomment 65 millions de boîtes d’antidépresseurs par an.
Qu’est-ce qui provoque une dépression ?
Les origines d’une dépression sont multiples et complexes. Souvent, il s’agit d’une combinaison de facteurs individuels (personnalité, génétique, sexe) et d’événements de vie extérieurs (traumatisme, deuil, rupture, stress, etc.).
Ce qui est certain, c’est qu’avoir déjà vécu un épisode dépressif augmente le risque de dépression future.
Une myriade de symptômes
La dépression peut se manifester par une grande diversité de symptômes, tant physiques que psychologiques :
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manque d’énergie,
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difficultés de concentration,
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troubles de la mémoire,
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troubles sexuels,
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angoisses, etc.
85% des dépressifs se plaignent également de problèmes physiques:
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nausées,
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palpitations cardiaques,
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douleurs dans la poitrine,
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crampes musculaires,
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maux de dos, de tête, de ventre,
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etc.
À ces symptômes s’ajoutent un profond sentiment de tristesse et une incapacité à prendre du plaisir dans des activités qui, autrefois, épanouissaient. La famille, les amis, le travail, les loisirs… tout devient ennuyeux, gris, vain. Des gestes aussi simples que se lever, s’habiller, préparer à manger peuvent demander un effort colossal au patient dépressif.
Un diagnostic difficile, mais vital
C’est la variété de ces symptômes et le fait qu’ils peuvent correspondre à d’autres maladies qui rendent le diagnostic parfois difficile à poser.
Mais qu’est-ce qui différencie fondamentalement la déprime de la dépression ? La durée et l’intensité des symptômes !
« Si vous les ressentez de façon quasi permanente pendant plus de quinze jours, il faut consulter », conseille le Dr Meunier. « La dépression n’est pas à prendre à la légère. On estime que 70% des personnes qui décèdent par suicide souffraient d’une dépression qui, bien souvent, n’avait pas été diagnostiquée. »
Les dégâts collatéraux
Les symptômes de la dépression vont profondément bouleverser la vie familiale, sociale et professionnelle : perte d’emploi, isolement, incompréhension du conjoint et des enfants, problèmes financiers…
Car un des aspects les plus douloureux de la dépression est que cette maladie ne se voit pas. Pas de plâtre comme pour une jambe cassée. La fracture se vit de l’intérieur et est parfois difficile à accepter et comprendre pour l’entourage. C’est pourquoi une prise en charge médicale et psychologique adaptée est indispensable et salvatrice.
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