Une psychose est un trouble mental qui se caractérise par une perte de contact avec la réalité. Il existe plusieurs formes de psychoses (troubles bipolaires, bouffées délirantes aiguës, paranoïa sévère, etc.), mais la schizophrénie est la plus fréquente. Elle touche environ 1 % de la population. En France, près de 400 000 personnes seraient schizophrènes…
La schizophrénie se déclare entre 15 et 25 ans et commence souvent par une crise aiguë. Cependant, faire un épisode psychotique ne signifie pas forcément que l’on est schizophrène ! Il faut un recul de minimum 6 mois, pendant lesquels les symptômes se manifestent, pour pouvoir poser ce diagnostic.
Les symptômes de la schizophrénie
La schizophrénie peut se définir comme un trouble sévère de l’organisation de la pensée. Elle peut se manifester de mille et une façons, mais globalement, on peut classer les symptômes en 2 grandes catégories :
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Les symptômes « négatifs » font référence à la diminution, voire la disparition de certains comportements habituels. Exemples : isolement, retrait social, perte d’intérêt, manque de motivation, absence de plaisir, perte d’énergie, inexpressivité du visage, troubles cognitifs (mémoire, concentration…), etc.
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Les symptômes « positifs », aigus et visibles, se « rajoutent » à la personnalité du patient, notamment lors des crises. Ce sont les manifestations les plus spectaculaires de la schizophrénie :
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Hallucinations (auditives, le plus souvent, les fameuses « voix » entendues par le patient schizophrène)
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Idées délirantes de grandeur, de persécution, d’influence… le tout teinté d’incohérences et de contradictions.
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Des troubles du langage, qui sont le reflet des troubles de la pensée du schizophrène : discours incohérent, voire incompréhensible, logorrhée (besoin irrésistible de parler) ou mutisme, etc.
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Qu’est-ce qui provoque/déclenche la schizophrénie ?
L’origine de la schizophrénie demeure mystérieuse. Certains chercheurs soutiennent par exemple que la survenue d’une infection durant la grossesse, au moment où le cerveau du fœtus se développe, serait à l’origine d’un dysfonctionnement cérébral qui, quinze ou vingt ans plus tard, se traduirait par la survenue d’une schizophrénie.
Si le facteur génétique intervient certainement – il y a des « terrains » génétiques favorables à la schizophrénie – le déclenchement de la maladie est généralement multifactoriel et environnemental. Par exemple, la consommation de cannabis avant l’âge de 14 ans ne provoque pas la schizophrénie en tant que telle, mais elle en accélère la survenue chez les sujets prédisposés.
Traiter la schizophrénie
La désorganisation de la pensée, caractéristique de la schizophrénie, entraine un comportement inadapté tout au long de la vie. Être schizophrène implique donc un suivi multidisciplinaire (médical, psychiatrique, psychologique, social, etc.) régulier.
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Les médicaments neuroleptiques ou antipsychotiques sont efficaces pour maitriser les symptômes positifs et diminuer, voire supprimer les symptômes négatifs de la schizophrénie. Ils doivent être pris tous les jours, à vie, et ne doivent jamais être interrompus ou diminués sans avis médical… sous peine de rechute. D’autres médicaments (antidépresseurs, tranquillisants, etc.) peuvent également être prescrits par le psychiatre.
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La psychothérapie individuelle de type cognitivo-comportemental aide le patient à modifier ses comportements et ses stratégies de pensée. Les techniques de remédiation cognitive, par exemple, visent à pallier l’altération des fonctions cognitives (mémoire, concentration, planification, etc.).
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La psychoéducation informe et aide le patient et son entourage à faire face à la maladie.
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La réhabilitation aide le patient schizophrène à reprendre pied dans sa vie sociale et/ou professionnelle, souvent profondément affectée par la maladie.
Comment évolue la schizophrénie ?
La gravité des symptômes de la schizophrénie et leur impact sur la vie du patient varient fortement d’un individu à l’autre. Dans 10 à 20 % des cas, on observe une rémission complète, mais pour la grande majorité des patients, la schizophrénie évolue lentement, de façon chronique.
Si certains patients parviennent à mener une vie sociale, professionnelle, familiale et/ou amoureuse plus ou moins « normale », d’autres rencontrent de grandes difficultés. Environ 10 % des patients se suicident durant les 10 premières années de la maladie et près de la moitié tenteront de mettre fin à leurs jours. Soit parce qu’une «voix» le leur a ordonné au cours d’une crise délirante, soit parce qu’ils prennent conscience de leur état… et ne se sentent pas capables d’affronter les conséquences et/ou la stigmatisation de la maladie. Car la schizophrénie fait peur. Pourtant, contrairement à certaines croyances et même si les crises peuvent être violentes, les schizophrènes sont bien plus souvent victimes d’agressions qu’agresseurs eux-mêmes…
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Source
Interview du Dr Anne Giersch, psychiatre et directrice du Laboratoire de physiopathologie de la schizophrénie à l’INSERM.