Maladies psychologiques

Comment reconnaître les symptômes de l'épuisement professionnel ?

Publié le 09 décembre 2024 — 9 Min de lecture

Savoir reconnaître les symptômes de l'épuisement professionnel (ou burn-out) permet de le prendre en charge plus rapidement. Conseils et explications.

SOMMAIRE

Partagez cet article

Aussi désigné sous le terme anglo-saxon de « burn-out », l’épuisement professionnel peut toucher toutes les professions. Ce syndrome peut être à l’origine de symptômes plus ou moins intenses, qui peuvent devenir particulièrement handicapants au quotidien. Il est donc important de savoir les reconnaître, pour pouvoir les prendre en charge et prévenir certaines complications.

Mais quelles sont les causes du burn-out ? Quels sont les différents symptômes de l’épuisement professionnel ? Et comment guérir de l'épuisement professionnel ?

Le syndrome d’épuisement professionnel, qu’est-ce que c’est ?

L’épuisement professionnel (ou burn-out en anglais) est défini par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ».

Une conséquence du stress au travail

Plongée dans des conditions de travail difficiles, frustrantes ou démotivantes, le travailleur commence à développer un stress chronique. Il est surchargé ou manque d’autonomie, il n’est pas assez reconnu ou supporte trop de responsabilités… De plus en plus fatigué, il fait face au sentiment d’échec et à des difficultés de concentration. La frustration et la fatigue augmentent : la personne essaye de travailler encore plus pour retrouver motivation et confiance en elle. Ce cercle vicieux s’installe sur plusieurs semaines ou plusieurs mois, jusqu’à épuisement. C’est l’apparition du « burn-out ».

L’épuisement professionnel prend d’abord la forme d’un épuisement émotionnel (la personne a l’impression d’être vidée émotionnellement). Elle développe aussi un certain cynisme (elle se dépersonnalise et devient insensible au monde environnant, elle a une vision négative des autres et entretient des relations déshumanisées). Elle souffre enfin d’un sentiment de non-accomplissement (elle se dévalorise, a l’impression de ne pas répondre aux attentes de son entourage, de gâcher son temps…).

Les risques psychosociaux en cause

L’épuisement professionnel est généralement dû aux « risques psychosociaux » (RPS) en entreprise, une notion apparue dans les années 1970. Cette expression regroupe aujourd’hui tous les risques qui portent atteinte à la santé physique ou mentale du travailleur : le stress au travail (surcharge de travail, pression temporelle ou manque de moyens…), les violences internes (harcèlement moral, conflit de valeurs, faibles récompenses ou manque d’équité…) et les violences externes (menaces, insultes ou agressions). L’exposition à ce type de risques peut ensuite engendrer l’apparition de certaines maladies ou troubles chez le travailleur, comme un épuisement professionnel, par exemple.

Ce trouble psychique a d’abord été identifié parmi le personnel soignant et aidant. Il touche aujourd’hui de nombreuses autres professions, et notamment celles qui supposent un engagement personnel, affectif et émotionnel important de la part du travailleur. Les burn-outs sont toujours fréquents dans les professions d’aide et de soin (chez les médecins, les infirmiers, les travailleurs sociaux…), mais aussi dans l’enseignement. Les personnes très impliquées dans leur travail, très perfectionnistes ou très ambitieuses semblent aussi être plus sensibles à l’épuisement professionnel. D’autres facteurs peuvent enfin favoriser ou accélérer l’apparition d’un burn-out (des conflits familiaux ou personnels, notamment).

Quels sont les symptômes de l’épuisement professionnel ?

L’épuisement professionnel se traduit généralement par l’apparition de symptômes physiques et psychiques variés, et plus ou moins intenses.

Des symptômes physiques

Le burn-out est d’abord responsable de plusieurs troubles physiques :

un mal de dos, des tensions et des douleurs musculaires, des tendinites (au niveau du cou et des épaules, notamment), des maux de tête et des migraines ;

des troubles du sommeil (des difficultés à s’endormir, des insomnies, un sommeil qui n’est plus réparateur), une fatigue intense permanente, une somnolence diurne, des malaises, des vertiges ;

des troubles cutanés (des allergies, des démangeaisons, de l’eczéma…), des troubles digestifs (des crampes d’estomac, des ulcères…), des problèmes cardiaques plus ou moins graves, une tension artérielle instable ;

des troubles du comportement alimentaire, une prise de poids importante ou une perte de poids soudaine, une addiction (à l’alcool, à certains médicaments ou aux drogues) ;

des maladies ou des infections fréquentes (elles sont le signe d’un système immunitaire fragile).

Les manifestations physiques de l’épuisement professionnel peuvent disparaître de manière spontanée, sans que cela ne soit forcément le signe d’une amélioration de l’état de santé. Si le burn-out n’est pas pris en charge et traité, d’autres problèmes de santé peuvent se développer sur le long terme : un diabète de type 2, du surpoids ou une obésité, des maladies cardio-vasculaires plus graves…

Des symptômes psychologiques et comportementaux

L’épuisement professionnel provoque aussi l’apparition de symptômes psychiques, émotionnels et cognitifs :

une humeur triste, une très grande irritabilité, des colères fréquentes, des phases de pleurs (hypersensibilité) ;

le sentiment d’être incompétent et inutile, de plus en plus de démotivation au travail, un manque d’engagement, un vide émotionnel, une perte de contrôle, un sentiment de frustration ou d’échec ;

une perte de confiance en soi, un découragement profond, une grande méfiance envers les autres, un besoin de s’isoler et un repli sur soi ;

un ennui profond au travail, un cynisme inhabituel, de l’indifférence, du pessimisme et de la résignation ;

une inquiétude pour l’avenir, une tension nerveuse, des phases d’anxiété et de panique, de la confusion et une grande indécision ;

des difficultés à traiter l’information, un manque d’attention et de concentration, des difficultés à réaliser plusieurs tâches en même temps, des troubles de la mémoire, des difficultés à prendre des décisions, des fautes, des erreurs et des oublis.

Comment réagir ?

Face aux symptômes du burn-out, il est recommandé de consulter son médecin traitant. La personne ne se rend pas nécessairement compte de cet état d’épuisement, et c’est parfois son entourage qui lui conseille de consulter (sa famille, ses amis ou ses collègues de bureau).

Consulter un médecin

Les symptômes de l’épuisement professionnel sont nombreux, et varient d’une personne à l’autre. Le diagnostic peut donc parfois être long ou complexe à poser. Peu spécifiques, les premiers symptômes physiques ne sont pas forcément faciles à relier à un épuisement professionnel. Et ils s’installent parfois de manière progressive, sans que la personne ne s’en aperçoive.

Mais en présence de certains signes physiques, psychiques ou émotionnels, il est toujours recommandé de consulter son médecin traitant : des difficultés dans l’accomplissement du travail, une anxiété et des tensions musculaires, une hypersensibilité inhabituelle et un manque d’entrain, un isolement social ou un comportement agressif, un comportement addictif, des doutes sur ses compétences et une grande dévalorisation, des troubles physiques (fatigue, crampes, troubles du sommeil ou maux de tête…).

Le médecin interroge son patient sur ses symptômes (intensité, circonstances d’apparition, durée, retentissement sur le quotidien). Une fois le diagnostic de burn-out confirmé, il peut prescrire le traitement le plus adapté (qui implique généralement un arrêt de travail). Et plus vite le traitement est mis en place, plus il est efficace.

Suivre un traitement adapté

En cas d’épuisement professionnel, le médecin commence généralement par prescrire un arrêt de travail de courte durée (plus ou moins long, selon le contexte socioprofessionnel et l’intensité des symptômes). Cela permet à la personne victime du burn-out de se reposer, et de pouvoir suivre le bon traitement avant de retourner travailler. Cet arrêt est aussi l’occasion pour l’entreprise de mettre en place une nouvelle organisation dans ses locaux, pour que la personne puisse travailler dans de meilleures conditions (changement d’équipe, réorganisation du poste ou des tâches, objectifs plus réalistes…).

Le médecin peut ensuite recommander de consulter un psychothérapeute, et prescrire une thérapie comportementale et cognitive. Le psychothérapeute peut aider la personne à comprendre les causes de son épuisement, et à identifier les points à régler. Il l’aide aussi à imaginer les solutions à mettre en place pour retrouver de bonnes conditions de travail, et peut lui apprendre certaines techniques de gestion du stress. La thérapie comportementale et cognitive peut être suivie par un travail psychanalytique : cela permet d’identifier des troubles plus profonds et inconscients, qui peuvent parfois favoriser une prédisposition au burn-out.

Si le burn-out s’accompagne de troubles anxieux ou de troubles dépressifs, le médecin peut prescrire un traitement antidépresseur.

Comment prévenir le burn-out ?

L’apparition des symptômes de l’épuisement professionnel est souvent déclenchée ou favorisée par une période de stress intense au travail. Pour éviter ce type de trouble, il est donc important d’apprendre à gérer son stress au quotidien. Pour cela, il est notamment recommandé de faire du sport de manière régulière, de pratiquer des exercices de relaxation ou des activités de détente (yoga, sophrologie, méditation…) et d’éviter les substances excitantes (café, thé, chocolat, alcool, tabac…). Certains compléments alimentaires et certaines plantes peuvent aussi être utiles en cas de stress (le magnésium, le décapeptide de caséine alpha 1, le ginseng, la passiflore…). Avant d’avoir recours à ces traitements naturels, demandez toujours conseil à votre médecin ou à votre pharmacien.

Pour éviter l’épuisement professionnel, il est aussi conseillé d’adopter certaines mesures au travail :

anticiper les tâches, faire une liste et les trier par ordre d’importance, apprendre à déléguer, se fixer des objectifs réalistes, clairs et précis ;

apprendre à reconnaître et à éviter les situations stressantes, apprendre à refuser certaines missions, ralentir son rythme de travail si nécessaire ;

ne pas se comparer aux autres, communiquer et ne pas s’isoler, évoquer les difficultés avec ses collègues et avec sa hiérarchie, ne pas hésiter à demander une réorganisation des postes et des tâches ;