Qu’est-ce que l’anorexie mentale ?
L’anorexie mentale est un « trouble des conduites alimentaires ». Il consiste en une privation volontaire, durable et délétère de nourriture qui, à terme, entraîne une dénutrition. Le but généralement évoqué par les personnes qui en souffrent est de perdre du poids ou ne pas en prendre. Quelle différence avec un simple objectif minceur ? « Le niveau de souffrance », répond le Dr Nathalie Godart, pédopsychiatre à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris. « L’anorexie mentale envahit et affecte tous les secteurs de la vie. Ses conséquences sont à la fois physiques, psychologiques et sociales. »
Si l’anorexie mentale se manifeste le plus souvent chez des jeunes filles entre 14 et 17 ans, il n’existe pas de profil unique du patient anorexique. Les hommes et les femmes adultes peuvent aussi devenir anorexiques.
Différentes formes d’anorexie mentale
On distingue deux types d’anorexie mentale :
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purgatif : des épisodes de boulimie sont souvent suivis de vomissements,
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restrictif : les apports alimentaires sont sévèrement limités.
Restriction et crises de boulimie peuvent se combiner ou se succéder chez la même personne.
Diagnostic : les symptômes de l’anorexie mentale
Différents symptômes liés au comportement, à la santé physique et psychique permettent de diagnostiquer l’anorexie mentale :
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Une façon déséquilibrée de s’alimenter : restrictions alimentaires, refus de manger, tri et éviction de certains aliments, décompte obsessionnel des calories, épisodes de boulimie, etc.
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Des pratiques visant à se « purger » : vomissements, prise de médicaments laxatifs ou de coupe-faim.
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Un sous-poids, c’est-à-dire un IMC inférieur à 17,5 kg/m2. L’arrêt de la croissance chez les enfants anorexiques est un critère de gravité.
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L’absence de règles (aménorrhées) depuis au moins 3 mois. Attention, certains contraceptifs suppriment les règles, ce qui peut « masquer » l’anorexie. De même, dans les stades précoces de la maladie, certaines patientes continuent à avoir leurs règles.
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Une mauvaise estime de soi et une perception erronée de son corps. Par exemple, la personne continue à se trouver trop grosse alors qu’elle est trop maigre ! « Beaucoup de patients nient être malades », ajoute le Dr Godart. « Ils perçoivent, voire revendiquent leur anorexie comme un choix de vie. Ce qui, bien entendu, complique leur prise en charge… ».
Anorexie : quelles causes ?
L’anorexie mentale peut s’installer brutalement ou, au contraire, de façon progressive et insidieuse. Elle commence souvent par un premier régime et peut déboucher sur une phase aiguë où le pronostic vital est engagé.
L’origine de la maladie et la façon dont elle s’installe dans la vie de la personne sont toujours multifactorielles :
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terrain génétique,
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antécédents familiaux,
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environnement familial, social, scolaire et professionnel,
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traumatismes, abus,
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deuil, rupture, déménagement,
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etc.
Tous ces facteurs se combinent différemment d’un individu à l’autre mais ils peuvent potentiellement prédisposer à la maladie, la déclencher et l’entretenir.
Complications de l’anorexie
L’anorexie mentale peut provoquer de réelles complications :
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Physiques :
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Complications liées à la dénutrition : une carence en potassium qui peut provoquer de graves anomalies du rythme cardiaque, voire un arrêt cardiaque, une atteinte rénale, une anémie, des troubles de la fertilité, une perte de cheveux, une sécheresse cutanée, une constipation chronique, etc. À terme, l’anorexie mentale cause une ostéoporose.
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Complications liées aux pratiques de purge : les vomissements répétés peuvent par exemple fortement abîmer la dentition et la muqueuse de l’œsophage.
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Psychiques :
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Des troubles dépressifs, anxieux et/ou obsessionnels compulsifs sont associés à l’anorexie mentale dans plus de 60 % des cas.
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À l’âge adulte, des conduites addictives, comme la consommation de drogues et d’alcool peuvent apparaître.
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Il existe en outre un réel risque suicidaire : la moitié des décès chez les anorexiques en résulteraient…
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Anorexie : quel traitement ?
En cas d’anorexie, des soins et un suivi multidisciplinaires sont indispensables. « Plus la prise en charge est précoce, plus l’issue est favorable ! », précise le Dr Godart. « Il est essentiel d’associer l’entourage. À l’adolescence, la thérapie familiale offre d’ailleurs un vrai bénéfice ».
La prise en charge peut débuter et se poursuivre en consultation ou dans le cadre d’une hospitalisation. Elle aura plusieurs objectifs :
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revenir à un poids suffisant et le maintenir,
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soigner les symptômes et les comorbidités éventuelles,
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traiter la souffrance psychologique,
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minimiser les conséquences sociales et relationnelles de la maladie.
Évolution de l’anorexie
Il est impossible de prédire la façon dont une anorexie va évoluer. Après 5 ans, les deux tiers des patients sont guéris ou présentent du moins des symptômes améliorés ; les autres évoluent malheureusement vers une anorexie chronique ou dans certains cas décèdent. C’est pourquoi il est important de débuter la prise en charge au plus tôt.
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Sources
www.inserm.fr
Interview du Dr Nathalie Godart, pédopsychiatre à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris.