Les troubles bipolaires : qu’est-ce que c’est ?
Les personnes souffrant de troubles bipolaires vivent des variations excessives de l’humeur. Elles peuvent passer d’états survoltés, euphoriques, à des épisodes d’intense dépression. Et ceci souvent sans qu'il n’y ait eu un événement extérieur déclenchant ou s'il y en a un, la réaction est démesurée.
Ces épisodes dépressifs ou « maniaques » durent généralement plusieurs mois. Entre ces hauts et ces bas, les personnes vivent des périodes d’humeur stable où elles sont alors capables de mener une vie normale.
On distingue deux types de troubles bipolaires :
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type I : forme classique équivalant à la maniaco-dépression : alternance de phases maniaques et dépressives.
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type II : alternance de phases dépressives (souvent plus fréquentes) avec des phases hypomanes (manie modérée).
La manie
La manie est un état d’agitation caractérisé par une exaltation de l’humeur et une hyperactivité psychomotrice.
L’état maniaque est tellement excessif qu’il ne passe généralement pas inaperçu auprès de l’entourage.
Quelques symptômes :
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euphorie,
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agitation fébrile,
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besoin de peu de sommeil,
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pensée à toute vitesse,
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discours très rapide,
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comportement « écervelé », sans souci des conséquences,
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idées délirantes et hallucinations (dans les cas les plus sévères),
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Les « phases hautes » peuvent aussi se présenter sous deux autres formes :
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l’hypomanie, une version modérée de la manie, souvent suivie d’une phase maniaque ou dépressive.
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l’état mixte : un état d'agitation semblable à la manie mais avec une prépondérance des affects tristes, dépressifs ou anxieux.
La dépression bipolaire
Les phases dépressives sont souvent plus fréquentes que les phases maniaques et elles peuvent être confondues avec une dépression classique.
Quelques différences permettent toutefois de distinguer la dépression bipolaire :
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apparition à un âge plus précoce (entre 15 et 30 ans),
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hypersomnie (à la place de l'insomnie),
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tendance à la boulimie (à la place de la perte d'appétit),
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irritabilité,
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inefficacité des antidépresseurs classiques.
Un diagnostic difficile
Le diagnostic de troubles bipolaires est généralement long et difficile car la maladie se déclare souvent par un épisode dépressif. En outre, les épisodes dépressifs peuvent se succéder avant qu’une phase maniaque n'apparaisse. Et parfois, celle-ci peut passer inaperçue s’il s’agit d’une forme modérée (hypomanie). Résultat : on diagnostique une dépression simple.
L’inefficacité des traitements antidépresseurs peut mettre les médecins sur la piste des troubles bipolaires. Mais c’est vraiment l’arrivée d’une phase maniaque, qui va confirmer le diagnostic.
Troubles bipolaires : les causes
On ne connaît pas encore vraiment les causes des troubles bipolaires, mais elles sont certainement multifactorielles.
Elle seraient dues à la combinaison de
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facteurs biologiques, telles que des anomalies au niveau de la production des neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de l’humeur (sérotonine, noradrénaline, dopamine).
Il existe aussi une certaine vulnérabilité génétique : les personnes qui ont des antécédents familiaux de bipolarité ont plus de risques d’en souffrir, par rapport à la population générale.
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facteurs environnementaux :
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une histoire personnelle difficile (enfance dans un climat de violence ou de reproche, manque de confiance en soi…) pourrait aussi créer un terrain propice au développement de la maladie.
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des événements déclencheurs de la maladie : les troubles bipolaires débutent souvent à l’occasion d’un événement déclencheur (traumatisme, stress intense, prise de drogue ou de certains médicaments).
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Traitement des troubles bipolaires
La gestion de la maladie dépend de plusieurs axes :
1) Le traitement médicamenteux
Le traitement des troubles bipolaires repose avant tout sur la prise de médicaments stabilisateurs de l’humeur, aussi appelés thymorégulateurs.
Réduisant l’amplitude des variations de l’humeur, ceux-ci visent à prévenir l’apparition de crises aiguës de manie et de dépression.
Ils doivent être pris à vie, même lorsque la personne se sent « stabilisée ».
Il existe plusieurs types de stabilisateurs de l’humeur :
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le lithium (traitement de premier choix pour les troubles bipolaires)
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les antileptiques (stabilisateurs de l’humeur les plus utilisés après le lithium)
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certains antipsychotiques atypiques de nouvelle génération peuvent aussi être utilisés comme stabilisateurs de l’humeur.
Le psychiatre optera pour l’une ou l’autre molécule en fonction du cas spécifique de la personne.
En cas de rechute, la dose est souvent augmentée et d’autres médicaments peuvent être ajoutés, tels que
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des antidépresseurs, pour traiter les symptômes dépressifs. Néanmoins, la dépression bipolaire y est souvent résistante. Et ils doivent toujours être pris avec un stabilisateur de l’humeur, pour éviter un virage maniaque.
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des neuroleptiques ou antipsychotiques pour réduire les symptômes psychotiques (hallucinations, délires) en cas de phase maniaque sévère par exemple.
2) L’adaptation du mode de vie :
Certaines habitudes contribuent à réduire le risque de rechute :
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respecter un temps de sommeil régulier,
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éviter le surmenage et l’inactivité excessive,
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limiter la prise d’alcool et éviter la prise de drogue,
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repérer ses facteurs de stress et mieux les gérer.
3) La reconnaissance des signes précurseurs d’une crise
Il est important que la personne bipolaire et ses proches apprennent à reconnaître les signes précurseurs d’une crise afin d’ajuster le traitement à temps.
4) Le suivi d’une psychothérapie
Suivre une psychothérapie peut contribuer à limiter les rechutes car elle favorise un mieux être global chez la personne.
Et ce, en l’aidant à
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accepter la maladie,
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gérer les conséquences des crises,
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mieux gérer son stress,
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augmenter sa connaissance de soi et régler certains problèmes existentiels (manque de confiance en soi…),
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Les troubles anxieux
Source
Interview du Dr Daniel Souery, psychiatre