Quels sont les différents types de troubles de la mémoire ? Quelles sont les causes de la perte de mémoire ? Et comment réagir ?
Les différents types de troubles de la mémoire
La perte de mémoire correspond à la difficulté (ou à l’incapacité) à se rappeler certains événements, ou à mémoriser de nouvelles données. La mémoire est un mécanisme complexe : les troubles de la mémoire (ou troubles mnésiques) peuvent donc prendre différentes formes.
Comment fonctionne la mémoire ?
La mémoire est la capacité à enregistrer des informations, à les conserver et à les restituer. La mémorisation est un processus complexe, qui fait appel à différentes parties du cerveau.
Ce processus se déroule en trois étapes :
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certains neurones du cerveau analysent, sélectionnent et codent des données de l’extérieur : il peut s’agir de simples informations ou de nouvelles expériences (phases d’apprentissage, de mémoire immédiate et d’encodage) ;
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ces données sont regroupées et consolidées, pour être stockées dans le temps, sans être perdues (phase de stockage mnésique) ;
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les données peuvent être récupérées : elles sont restituées sous forme de souvenirs, ou réutilisées sous forme de nouveaux savoirs ou de nouvelles compétences (phase de rappel mnésique).
Mémoire à court terme et mémoire à long terme
Le processus de mémorisation concerne des faits anciens et des faits récents. Ces évènements peuvent être mémorisés dans :
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la mémoire à court terme (ou mémoire du présent) : instantanée et temporaire, elle porte sur les faits récents. Elle permet de les retenir pendant quelques secondes ou quelques minutes. Il s’agit par exemple de la capacité à se rappeler une liste de courses, ou un numéro de téléphone le temps de le noter. Si ces données sont normalement rapidement oubliées, elles peuvent également être stockées dans la mémoire à long terme ;
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la mémoire à long terme : durable, elle permet de se rappeler des évènements anciens (des souvenirs).
La mémoire à long terme regroupe :
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la mémoire des automatismes : acquisition des automatismes, des savoir-faire et des habilités, comme le fait de savoir marcher, conduire ou faire du ski ;
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la mémoire sémantique : acquisition de la connaissance et du savoir, souvenirs personnels ;
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la mémoire épisodique : souvenirs de moments marquants, comme un mariage, une naissance ou l’obtention d’un diplôme ;
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la mémoire perceptive : mémoire liée aux sens (vue, ouïe et odorat) qui permet de se souvenir de certains lieux, visages ou voix.
Comment se manifeste la perte de mémoire ?
La perte de mémoire (amnésie) peut se traduire par des difficultés à se rappeler certains évènements récents (troubles de la mémoire à court terme), certains souvenirs anciens (troubles de la mémoire à long terme), ou les deux à la fois.
Les troubles de la mémoire peuvent survenir de façon soudaine ou progressive, et se manifester de manière épisodique ou récurrente. Ils peuvent être le signe d’un simple état de fatigue passager, ou de l’apparition d'une maladie neurologique plus grave. Mais il faut garder à l’esprit que des oublis occasionnels sont nécessaires au bon équilibre du cerveau : ils lui permettent en effet de ne stocker que les informations importantes et utiles. En cas de doutes, il est indispensable de consulter son médecin.
Les « trous » de mémoire peuvent prendre la forme d’une amnésie rétrograde (oubli des souvenirs anciens), d’une amnésie antérograde (oubli des évènements récents) ou d’une amnésie lacunaire (oubli des évènements pendant une période précise, comme une crise d’épilepsie ou une perte de connaissance).
Qu’est-ce qui fait perdre la mémoire ?
Les troubles de la mémoire peuvent être provoqués par :
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des causes bénignes et réversibles :
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un sommeil de mauvaise qualité (avec des apnées du sommeil, par exemple) : la fatigue peut provoquer des pertes de mémoire et des troubles de la concentration ;
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le stress, l’anxiété et un syndrome dépressif ;
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une mauvaise hygiène de vie : la consommation d’alcool, de tabac ou de certaines drogues, des carences en vitamines… ;
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la prise de certains médicaments : somnifères, antidépresseurs, anxiolytiques…
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des accidents : un traumatisme crânien (choc à la tête), un accident vasculaire cérébral ischémique ou hémorragique (AVC), une crise d’épilepsie, ou encore une intervention chirurgicale lourde ;
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des maladies :
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une infection du cerveau ou de méninges (encéphalite, méningite) ;
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une tumeur cérébrale ;
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une maladie vasculaire cérébrale ;
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la maladie de Parkinson ;
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la sclérose en plaques ;
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la maladie d’Alzheimer et les démences apparentées (démence à corps de Lewy, démences vasculaires).
Comment réagir ?
Lorsqu’ils surviennent de manière épisodique, les troubles de la mémoire sont en général bénins, et ne doivent pas inquiéter la personne qui les subit. En revanche, s’ils apparaissent de manière plus fréquente ou plus intense, et qu’ils impactent la vie quotidienne, il devient nécessaire de consulter son médecin. Ce dernier peut alors rechercher la cause de ces troubles, et mettre en place un traitement adapté.
Quand consulter ?
Des pertes de mémoire courtes et temporaires peuvent survenir à tout âge, notamment en période de stress, d’anxiété ou de fatigue intense.
Le vieillissement a également un impact sur la performance du processus de mémorisation : avec l’âge, la mémoire devient souvent moins fiable. La perte de mémoire n’est donc pas toujours liée à une pathologie particulière. Néanmoins, lorsque ces troubles s’accompagnent d’autres symptômes ou persistent dans le temps, il est recommandé de consulter son médecin.
Appel en urgence
Une prise en charge en urgence est nécessaire en cas de troubles de la mémoire soudains, ou survenant après un traumatisme crânien. En effet, la perte de mémoire peut être le signe d’une pathologie grave, comme une crise d’épilepsie ou un AVC.
Les services d’urgence (15 ou 112) doivent être immédiatement contactés lorsque la perte de mémoire est associée aux symptômes suivants :
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engourdissement ou paralysie du visage (lèvre tombante d’un côté, incapacité à sourire…) ;
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perte de force, engourdissement ou paralysie d’un membre ;
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troubles de la parole (problème d’élocution et perte de mémoire), difficultés à comprendre l’interlocuteur, désorientation dans le temps et dans l’espace ;
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perte d’équilibre, troubles de la vision ;
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mal de tête intense et brutal, altération de la conscience, convulsions.
Consultation du médecin traitant
Il est recommandé de programmer une consultation chez son médecin traitant lorsque :
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les troubles de la mémoire persistent, deviennent plus fréquents ou s’aggravent ;
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ils gênent l’exécution des taches quotidiennes (cuisiner, s’habiller, faire des courses…) ;
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ils ont un impact sur les capacités à s’orienter, à se souvenir de sa destination ;
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ils provoquent des difficultés à parler ou à lire, à comprendre certaines situations ou à structurer des idées, à calculer de tête ou à effectuer certains gestes ;
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ils sont à l’origine de la perte d’objets ;
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ils sont accompagnés d’autres symptômes (une anxiété généralisée ou un état dépressif, par exemple).
Comment le médecin pose-t-il son diagnostic ?
Pendant la consultation, le médecin commence par questionner le patient sur ses symptômes (ainsi que son entourage proche) : date d’apparition des premiers troubles, évolution et fréquence actuelle, impacts sur la vie quotidienne…
Il réalise ensuite un bilan mémoire, en l’interrogeant sur différents évènements de son passé lointain (dates de naissances, de mariages, lieux d’habitation successifs, emplois…). Il teste également ses connaissances générales (culture générale, connaissances professionnelles…) et lui demande de répondre à certaines questions d’actualité. Il l’interroge enfin sur les derniers gestes ou évènements de sa vie quotidienne.
En fonction des résultats de ce bilan, le médecin peut parfois prescrire d’autres tests (tests de mémoire et de fonction mentale) et un bilan complémentaire (bilan sanguin, IRM, scanner…). Il adresse en général son patient à un médecin spécialiste (un neurologue par exemple).
Quels sont les traitements envisagés ?
Comment traiter la perte de mémoire ? Il n’existe pas de médicaments pour lutter contre la perte de mémoire en elle-même. En revanche, le médecin peut prescrire un traitement pour soigner la cause des troubles, lorsqu’elle est identifiée.
Si les trous de mémoire sont provoqués par la prise de certains médicaments, il peut par exemple envisager de les supprimer. S’ils sont dus à un sommeil insuffisant ou perturbé, il peut aider son patient à retrouver un sommeil de qualité (via le traitement des apnées du sommeil, par exemple).
Une prise en charge psychologique peut également être envisagée, pour lutter contre le stress ou la dépression à l’origine des troubles de la mémoire. Parfois, c’est un complément en vitamine B12 qui est prescrit.
Lorsque les troubles de la mémoire sont importants, une prise en charge spécifique peut être organisée : une rééducation orthophonique, le suivi d’ateliers mémoire au sein d’une structure spécialisée…
Enfin, si la perte de mémoire est causée par une maladie grave (maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, tumeur cérébrale, AVC…), le traitement passe par une prise en charge globale de la maladie, par des médecins spécialistes.
Comment entretenir sa mémoire ?
Pratiqués de manière régulière, certains exercices permettent de stimuler, de faire travailler et d’entretenir sa mémoire :
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apprendre un nouvel instrument de musique, une nouvelle langue ou les règles d’un nouveau jeu ;
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lire, travailler et jouer sur ordinateur, pratiquer des activités manuelles et entretenir des activités sociales, débattre de l’actualité :
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faire des exercices mentaux : exercices de mémorisation, mots croisés, jeux de mots et de chiffres, jeux d’échecs, jeux de cartes, bridge…
Pour se maintenir en bonne santé de manière générale, il est également recommandé d’adopter une alimentation saine et équilibrée, de faire du sport de manière régulière et de dormir suffisamment. La consommation d’alcool et de tabac doit être limitée. Un bilan de santé doit également être réalisé de manière générale (notamment pour contrôler la vue et l’audition).
Alzheimer : Des raisons d’espérer
La maladie d’Alzheimer fait peur. Elle résulte d’une lente dégénérescence des neurones et affecte en premier lieu la mémoire épisodique. On ne sait pas encore la guérir, mais la recherche internationale avance sur plusieurs pistes, notamment l’immunothérapie. Par ailleurs, une récente étude (Neurology, août 2020) a révélé que le risque de développer la maladie d’Alzheimer a diminué de 13?% depuis 2010. Cette baisse pourrait s’expliquer par une meilleure prise en charge des facteurs de risque (maladies cardiovasculaires, tabagisme, cholestérol…), ainsi que par l’éducation, car un plus haut niveau d’instruction améliorerait les capacités de mémorisation.
Pour aller plus loin
Le Guide anti-Alzheimer, les secrets d’un cerveau en pleine forme
Le Pr Philippe Amouyel, spécialiste des maladies du vieillissement au CHU de Lille et directeur général de la Fondation Alzheimer, livre ici un véritable guide du quotidien pour prévenir la maladie d’Alzheimer. Des conseils pratiques, accessibles à tous, et fondés sur les données scientifiques les plus récentes.
Le Livre de Poche, 2020.