L’AVC silencieux, ou l’absence de symptômes
Sourire asymétrique, faiblesse d’un côté du visage ou du corps, difficultés à s’exprimer… En règle générale, les signes de l’AVC sont relativement faciles à reconnaître. Mais il arrive que cette pathologie ne provoque aucun symptôme : on parle alors d’AVC silencieux.
Qu’est-ce qu’un AVC ?
L’AVC (accident vasculaire cérébral) est provoqué par l’interruption de la circulation sanguine dans le cerveau, ou vers le cerveau. Il survient le plus souvent chez les personnes qui présentent certains facteurs de risque (voir plus loin).
Il existe deux types d’AVC :
-
les AVC ischémiques : il s’agit du type d’AVC le plus fréquent. Une artère du cerveau est bouchée par un caillot sanguin, ou par de l’athérosclérose (des plaques d’athérome sur les parois des artères, qui se forment en cas d’excès de cholestérol dans le sang). La circulation sanguine est bloquée : certaines cellules cérébrales ne sont plus irriguées (en oxygène et éléments nutritifs), et meurent. C’est ce que l’on appelle un infarctus cérébral ;
-
les AVC hémorragiques : moins fréquents, ils sont provoqués par la rupture d’une artère dans le cerveau, ou à sa périphérie (avec une hémorragie dans le cerveau). Si ce type d’AVC est en général dû à une hypertension artérielle, il peut aussi être causé par la rupture d’un anévrisme (dilatation d’une artère du cerveau).
Comment reconnaître un AVC silencieux ?
En règle générale, l’accident vasculaire cérébral provoque des symptômes caractéristiques, qui se manifestent de manière soudaine et brutale.
La personne présente un sourire asymétrique (déformation de la bouche, lèvre qui « tombe » d’un côté) et un engourdissement ou une faiblesse d’un côté du visage ou du corps (difficultés à lever ou à garder en l’air l’un des deux bras, ou l’une des deux jambes). Elle souffre également de troubles de la parole et de la compréhension (difficultés à parler, à répéter ou à comprendre une phrase simple). Dans certains cas, l’AVC peut aussi provoquer une perte de la vision et de l’équilibre, ou encore d’intenses maux de tête.
Mais il arrive parfois que l’AVC soit « silencieux », et ne provoque aucun symptôme. Certains signes doivent néanmoins amener à être vigilant, pour pouvoir réagir à temps. Brutaux mais passagers, certains symptômes peuvent en effet correspondre à un AVC silencieux :
-
des troubles moteurs : faiblesse des muscles, maladresse, perte de contrôle au niveau des membres ou du visage ;
-
des troubles de la vision : perte de la moitié du champ visuel, perte de la vue complète au niveau d’un œil, vision double ;
-
des troubles sensitifs : perte de sensibilité, difficultés de déglutition, problèmes cardiovasculaires ;
-
des troubles du langage : perte partielle ou totale de la parole, difficultés à comprendre, à lire ou à écrire.
En présence de ces symptômes (potentiel AVC silencieux), il est recommandé d’appeler rapidement les services d’urgence (le 15 ou le 112). Un AVC silencieux peut en effet causer d’importants dommages au cerveau, et augmenter le risque de souffrir d’un AVC plus grave dans les jours qui suivent.
AVC silencieux ou AIT ?
Contrairement à un AVC silencieux, l’AIT (accident ischémique transitoire) se manifeste par l’apparition de plusieurs symptômes. En effet, les signes de l’AIT sont les mêmes que ceux de l’AVC. On parle d’AIT (ou de mini-AVC) parce que les symptômes se résorbent d’eux-mêmes assez rapidement (ils durent de quelques secondes à quelques minutes). Les symptômes sont plus discrets, et l’épisode est particulièrement bref. L’obstruction de l’artère est transitoire : elle n’engendre pas de lésion cérébrale.
Mais dans 15 % des cas, l’AVC est précédé d’un AIT. Il est donc important de prendre ce signe d’alerte au sérieux, et d’appeler rapidement les services d’urgence (le 15 ou le 112). Après avoir recherché la cause de l’AIT, le médecin peut mettre en place le traitement adapté. Cela permet de prévenir l’apparition d’un AVC plus grave dans les jours qui suivent.
Comment réagir en cas d’AVC ?
Face aux symptômes d’un AVC (ou en cas de suspicion d’AVC silencieux), il faut agir vite. En effet, plus la prise en charge est rapide, moins les séquelles sont importantes.
Agir VITE
En cas d’AVC, il faut agir VITE. Un moyen mnémotechnique pour le retenir : V pour visage paralysé, I pour Impossibilité de bouger l’un des membres, T pour Trouble de la parole et E pour Éviter le pire.
Les secours doivent être appelés immédiatement, lorsque l’un des symptômes suivants apparait de manière soudaine et brutale (même s’il disparaît rapidement) :
-
engourdissement du visage, difficultés ou impossibilité de sourire, lèvre tombante, déformation d’une partie du visage ;
-
perte de force, faiblesse ou engourdissement d’un bras ou d’une jambe ;
-
difficultés à parler, à répéter ou à comprendre une phrase ;
-
perte d’équilibre ;
-
maux de taux intenses et inhabituels ;
-
problème de vision (cécité, vision diminuée, vision double).
Pour joindre les services de secours, il suffit de composer le 15 ou le 112 (numéro d’urgence européen), depuis un téléphone fixe ou portable (même sans crédit). Les informations doivent être communiquées calmement, de manière claire (nom, adresse, numéro de téléphone, symptômes, état de conscience du patient…).
Le médecin régulateur du 15 indique les précautions à prendre en attendant les secours : allonger la victime (avec un coussin sous la tête si possible), ne pas lui donner à boire ou à manger, ne pas lui donner de médicaments. Il est également important de bien noter l’heure de début des symptômes de l’AVC. Lorsque cela est possible, il est enfin utile de regrouper les derniers résultats d’analyse et les ordonnances du patient, pour les transmettre aux secours.
Quels traitements pour un AVC ?
Après avoir été pris en charge par les services de secours, le patient est orienté vers l’unité neuro-vasculaire la plus proche. Un examen médical permet d’abord d’évaluer son niveau de conscience et la sévérité de l’atteinte neurologique. Pour confirmer le diagnostic d’AIT ou d’AVC, et identifier son origine (AVC ischémique ou hémorragique), le médecin réalise ensuite un bilan d’imagerie médicale en urgence (IRM ou scanner cérébral).
Le traitement dépend en effet du type d’AVC en cause :
-
en cas d’AVC ischémique : le médecin a recours à une thrombolyse (ou fibrinolyse). Un médicament est administré par perfusion (voie veineuse), pour dissoudre le caillot qui bloque la circulation sanguine et l’oxygénation du cerveau. Pour être efficace, il doit être administré dans les 4 h 30 qui suivent les premiers symptômes de l’AVC (silencieux ou non) ;
-
en cas d’échec de la thrombolyse, ou lorsque le caillot est situé dans une artère de gros calibre, le médecin pratique une thrombectomie mécanique endovasculaire. Il utilise un dispositif mécanique pour détruire le caillot de sang, par voie endovasculaire (sous contrôle radioscopique). Ce traitement doit être réalisé dans les 6 heures qui suivent les premiers symptômes de l’AVC ;
-
en cas d’AVC hémorragique : il s’agit de contrôler en urgence la tension artérielle, pour diminuer le risque d’un nouveau saignement. Dans certains cas, le médecin procède à l’évacuation d’un hématome ;
-
en cas d’AIT : le médecin administre des médicaments antiagrégants plaquettaires (pour empêcher les plaquettes du sang de s’agglutiner). Dans certains cas, il peut aussi avoir recours à des anticoagulants (pour empêcher les caillots de sang existants de grossir, ou la formation de nouveaux caillots).
La rééducation, l’étape indispensable après un AVC
Plus le traitement est administré rapidement, moins les séquelles de l’AVC sont importantes. Des séances de rééducation post-AVC sont ensuite programmées (à l’hôpital, puis à la maison ou dans un centre spécialisé). En plus d’aider le patient à récupérer ses fonctions motrices et orthophoniques, la rééducation permet de prévenir l’apparition de certaines complications.
Le patient est suivi par plusieurs professionnels de santé (médecin généraliste, neurologue, infirmier, orthophoniste, masseur-kinésithérapeute, ergothérapeute…), pendant plusieurs mois. En cas d’importantes séquelles, un accompagnement spécial peut aussi être mis en place à la maison (portage des repas, aide-ménagère à domicile…).
Comment prévenir les AVC ?
Hypertension artérielle, diabète, fibrillation auriculaire, tabagisme, cholestérol, obésité, sédentarité, alcool, âge, antécédents familiaux… Il existe plusieurs facteurs de risque d’AVC.
Certains de ces facteurs ne peuvent pas être maitrisés (comme l’âge et les antécédents familiaux). Mais il est en revanche possible d’agir sur les autres facteurs de risque, en adoptant notamment de nouvelles mesures hygiéno-diététiques.
Pour diminuer le risque de souffrir d’un AVC (silencieux ou non), il est ainsi recommandé de :
-
arrêter de fumer ;
-
adopter une alimentation saine, variée et équilibrée : limiter les aliments gras, salés et sucrés, privilégier les produits riches en fibres, réduire sa consommation d’alcool ;
-
pratiquer une activité physique de manière régulière : 30 minutes d’exercice par jour, ou 1 heure de sport trois fois par semaine ;
-
réduire son taux de cholestérol (par l’alimentation) ;
-
contrôler son diabète ;
-
contrôler son poids.
Sources :
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/avc