La migraine ophtalmique, une migraine avec « aura »
Plus intenses qu’un simple mal de tête, les crises de migraine se traduisent par l’apparition de céphalées pulsatiles intenses, accompagnées parfois d’autres symptômes. Dans certains cas, ces maux de tête peuvent être précédés de troubles neurologiques transitoires. C’est ce que l’on appelle une migraine avec aura.
Des maux de tête pulsatiles
Le principal symptôme d’une migraine (avec ou sans aura) est l’apparition de maux de tête modérés à sévères. Si la douleur se manifeste le plus souvent d’un seul côté du crâne (douleur unilatérale, au niveau d’une tempe ou au-dessus d’un œil), elle peut aussi être localisée sur les deux côtés, à l’arrière ou sur l’ensemble de la tête. Les crises de migraine sont plus ou moins longues (de quelques heures à plusieurs jours), et plus ou moins récurrentes (de quelques-unes par an à plusieurs par mois).
Les céphalées prennent la forme de pulsations douloureuses, qui semblent s’accorder avec les battements du cœur (douleurs pulsatiles). Elles évoluent rapidement et sont en général accentuées par certaines positions ou mouvements (se baisser ou bouger la tête, tousser, monter ou descendre un escalier…).
La migraine peut aussi provoquer l’apparition d’autres symptômes : des nausées ou des vomissements (symptômes digestifs), et une sensibilité à la lumière, au bruit ou à certaines odeurs (symptômes neurologiques).
Des troubles visuels qui précèdent les céphalées
Dans 20 à 30 % des cas, la crise de migraine est précédée de certains signes annonciateurs : ils peuvent s’installer pendant quelques minutes avant l’apparition des maux de tête (voire une heure). La migraine avec aura n’est pas plus grave qu’une migraine sans aura.
Plusieurs symptômes neurologiques peuvent se manifester : des troubles de la vue (symptômes les plus fréquents), des troubles de la sensibilité (fourmillements et picotements au niveau des doigts ou des lèvres), des troubles du langage (difficultés d’élocution, sensation de manque de mot), une perte d’équilibre ou des vertiges…
C’est lorsque les troubles de l’aura sont uniquement visuels que l’on parle de « migraine ophtalmique » (ou migraine avec aura visuelle). La vue baisse, se trouble et peut être affectée par l’apparition d’un voile noir, de taches, de scintillements ou de lignes brisées. Une partie du champ visuel peut aussi disparaître. Ce phénomène neurologique est entièrement réversible : lorsque les maux de tête commencent à se manifester, la vision redevient progressivement normale. Il arrive parfois que les signes de l’aura continuent après le début des céphalées, ou s’installent en même temps que les maux de tête. Certaines personnes peuvent enfin souffrir de migraines avec aura sans avoir mal à la tête (les personnes âgées notamment).
Quelles sont les causes des migraines ophtalmiques ?
Les migraines (avec ou sans aura) sont dues à la dilatation soudaine de certains vaisseaux sanguins du cerveau (les artères des méninges, notamment). Cette dilatation est provoquée par la stimulation de certaines cellules nerveuses, elle-même liée à une prédisposition génétique (hyperexcitabilité électrique des neurones sensoriels). C’est cette activité électrique qui perturbe certaines fonctions neurologiques (comme la vision, en cas de migraine ophtalmique). Les crises de migraine surviennent ainsi chez les personnes dont le système nerveux est particulièrement sensible.
Qu'il s'agisse d'une migraine avec ou sans aura, ou d'une migraine ophtalmique, les crises peuvent être favorisées ou déclenchées par différentes causes.
Internes ou externes, ces facteurs varient selon les personnes :
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le stress, l’anxiété ou la contrariété, un relâchement soudain, des variations émotionnelles, un sommeil de mauvaise qualité (la cause d'une migraine ophtalmique peut être un manque ou un exècs de sommeil), un effort physique intense ;
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une alimentation inadaptée (repas trop riches ou trop copieux, repas sautés), certains aliments et substances excitantes (café, thé, chocolat, charcuterie, alcool, tabac, aliments qui contiennent de la tyramine, des nitrates ou du GMS…) ;
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des variations hormonales (une augmentation des taux d'œstrogènes pendant la puberté, la chute brutale du taux d’œstrogènes en fin de cycle menstruel chez la femme) ;
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des stimulations extérieures intenses (un changement climatique, une chute soudaine de la pression atmosphérique, du bruit, une lumière crue ou clignotante, de fortes odeurs…).
Quand consulter ?
En plus d’être particulièrement douloureuses et handicapantes au quotidien, les crises de migraines ophtalmiques peuvent être liées à certaines complications. En effet, les personnes migraineuses voient leur risque cardiovasculaire augmenter (infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral), en particulier les femmes et les personnes qui souffrent de migraines avec aura.
En cas de migraines avec aura ou de migraines ophtalmiques, il est recommandé de consulter son médecin traitant (qui pourra parfois adresser son patient à un neurologue). Quelle que soit leur cause, les migraines ophtalmiques sont un phénomène neurologique, et non pas ophtalmique. Il n’est donc pas utile de se rapprocher de son ophtalmologue.
Pour confirmer le diagnostic de migraines avec aura (ou de migraines ophtalmiques), le médecin évalue les symptômes décrits par son patient. Il réalise également un examen clinique neurologique (mais n’a en général recours à aucun examen d’imagerie). S’il suspecte une autre maladie, le médecin peut demander un scanner, une IRM ou un doppler. Une fois le diagnostic confirmé, il peut prescrire le traitement adapté.
Comment traiter les migraines ?
S’il n’existe aujourd’hui aucun traitement pour guérir et empêcher complètement l’apparition des migraines, plusieurs options permettent de les soulager ou de limiter les récidives. Dès l’apparition des premiers symptômes, plusieurs gestes simples peuvent d’abord aider à soulager les douleurs des crises. Il est aussi possible d’avoir recours à certains médicaments. Pour prévenir ou limiter l’apparition des migraines (avec ou sans aura, ophtalmiques ou non), il faut enfin supprimer le maximum de facteurs en cause.
S’isoler et se reposer dès l’apparition des premiers symptômes
Il est recommandé d’adopter certains réflexes, dès l’apparition des premiers signes annonciateurs d’une migraine (troubles visuels et autres symptômes neurologiques d’une aura), ou dès le début des maux de tête. Ces gestes simples peuvent en effet aider à réduire ou à soulager les douleurs des migraines, avant d’avoir recours à des médicaments.
Pour cela, il est recommandé de :
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s’isoler dans pièce calme, silencieuse, fraîche et sombre, s’allonger, fermer les yeux et essayer de dormir ;
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appliquer une compresse froide, un linge froid ou des poches de glace sur la nuque, le front ou les tempes ;
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boire régulièrement de l’eau pour éviter la déshydratation (notamment si les maux de tête sont accompagnés de nausées ou de vomissements) ;
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prendre un bain chaud, se masser le cuir chevelu.
Quels médicaments ?
Pour soulager les douleurs de la migraine, il est aussi possible de prendre certains médicaments antalgiques :
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du paracétamol : il n’agit pas sur les symptômes ressentis avant la crise (signes annonciateurs, ou aura) et ne peut donc pas faire disparaître les signes visuels d’une migraine ophtalmique. D’autre part, ce médicament reste en général peu efficace sur les douleurs intenses des crises de migraine ;
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un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) : l’ibuprofène ou le kétoprofène sont plus efficaces pour traiter les douleurs des migraines. Ce type de médicament ne doit néanmoins jamais être pris plus de 5 jours sans avis médical.
Disponibles sans ordonnance, ces deux médicaments ne doivent pas être associés entre eux. Pour un maximum d’efficacité, l’antalgique doit être pris dès l’apparition des premiers symptômes. La posologie et la dose maximale autorisée par jour doivent évidemment être respectées, et il faut également connaître les éventuelles contre-indications du médicament choisi. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre pharmacien ou de votre médecin traitant.
Lorsqu’il s’agit d’une crise sévère ou que la migraine n’est pas soulagée par les AINS, le médecin peut prescrire un médicament de la famille des triptans (il vérifie d'abord l’absence de contre-indications éventuelles, et informe son patient sur ses effets secondaires). Pouvant être associés à des AINS, ces médicaments permettent de réduire la dilatation des vaisseaux sanguins cérébraux, et donc les douleurs de la migraine. En cas d’échec des autres traitements, le médecin peut aussi avoir recours à des dérivés de l’ergot de seigle (qui offrent un effet vasoconstricteur, mais présentent certains effets indésirables).
Comment éviter les migraines ?
Pour prévenir les récidives et limiter les crises de migraine (avec ou sans aura, ophtalmiques ou non), il est recommandé de supprimer tous les facteurs qui peuvent en être la cause :
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dormir suffisamment, adopter des horaires de sommeil réguliers ;
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limiter les situations de stress et d’anxiété, éviter les lieux bruyants et les ambiances lumineuses agressives (néons, lumière crue, lumières clignotantes en boite de nuit…) ;
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pratiquer régulièrement des activités de relaxation (yoga, méditation, sophrologie…), se tourner vers le biofeeback et les thérapies cognitives et comportementales ;
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adopter une activité physique régulière, adaptée à son état de santé ;
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arrêter de fumer ;
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boire suffisamment d’eau tout au long de la journée, adopter une alimentation saine et équilibrée, éviter certains aliments et substances excitantes (café, chocolat, alcool…).
Pour rendre les crises de migraine moins fréquentes et moins douloureuses, le médecin peut enfin prescrire un traitement de fond (à base de bêtabloquants, d’antidépresseurs, d’antiépileptiques, d’anticorps monoclonaux ou d’hormones).
Sources :
https://www.vidal.fr/maladies/douleurs-fievres/migraine.html
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/migraine/symptomes-facteurs-declenchants-evolution