Sclérose en plaques : une grossesse est-elle réalisable ?
Encore dans les années 80, on déconseillait tout projet de grossesse aux femmes atteintes de SEP (sclérose en plaques). Il y avait une réelle crainte du corps médical, qui pensait que la grossesse pouvait accélérer le développement de la maladie et aggraver les poussées. Dans les années 90, plusieurs études ont été menées sur la question, et l’étude européenne PRIMS (Pregnancy In Multiple Sclerosis), a permis de lever les craintes autour de la grossesse en cas de SEP : un projet de parentalité, malgré la sclérose en plaques, est tout à fait envisageable.
La maladie a-t-elle un impact sur la fertilité ?
La sclérose en plaques ne semble pas avoir d’impact sur les capacités à procréer, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes. Pour autant, la maladie peut ralentir la conception, puisque la SEP peut être à l’origine de troubles de la libido ou de dysfonctionnements sexuels. Aussi, la nécessité de programmer la grossesse sous certains traitements de fond, ou de repousser la conception à la suite d’une poussée, peuvent également interférer dans le projet de parentalité.
Si vous rencontrez des problèmes de fertilité, vous pouvez vous tourner vers un centre de PMA (Procréation Médicale Assistée), afin d’en trouver l’origine et d’envisager une solution adaptée. La PMA pouvant favoriser la survenue de poussées, la grossesse doit faire l’objet d’un suivi rapproché et d’une collaboration étroite entre le gynécologue, le neurologue, et le couple.
La grossesse peut-elle aggraver la maladie ?
L’étude PRIMS, menée sur 254 femmes en Europe, a permis de préciser les impacts possibles de la grossesse sur l’évolution de la SEP. Au cours de cette étude, les chercheurs ont observé une diminution des poussées durant la grossesse, notamment au troisième trimestre. Une fréquence de 0, 6 poussées par an a été constatée avant la grossesse, fréquence qui est tombée à 0, 2 poussées par an au troisième trimestre de grossesse, soit une diminution de 66 % des poussées.
En revanche, une augmentation transitoire des poussées a été mise en évidence au cours des trois premiers mois suivant la grossesse, chez un tiers des femmes participants à l’étude. La fréquence atteignait alors les 1, 2 poussées par an, avant de revenir progressivement aux constantes observées avant la grossesse. En soi, la grossesse n’aggrave donc pas la maladie, mais un suivi de près est nécessaire après l’accouchement, pour pouvoir réagir rapidement si les poussées venaient à augmenter.
Les traitements sont-ils compatibles avec une grossesse ?
Par mesure de précaution, un arrêt trois à six mois du traitement immunomodulateur avant la grossesse est recommandé. Pour autant, il convient de nuancer ce propos, puisque de nombreuses patientes ont découvert être enceintes alors qu’elles étaient encore sous traitement, et qu’aucune conséquence sur la santé de la mère ou de l’enfant n’a été constaté. Bien sûr, dans ce cas de figure, il reste nécessaire de stopper le traitement dès la découverte de la grossesse.
Pour les patientes recevant un traitement immunosuppresseurs, davantage de précautions sont à prendre : un délai de trois à six mois est à respecter entre l’arrêt du traitement pour la sclérose en plaques et le début de grossesse.
Si une poussée est constatée au cours de la grossesse, la proposition d’un traitement sera faite au cas par cas, selon les symptômes observés. Si la symptomatologie liée à la poussée s’avère gênante, une injection de corticoïdes peut être réalisée, quel que soit le stade de la grossesse. Enfin, les traitements symptomatiques de la maladie, notamment ceux à base de baclofène ou de dantrolène, sont déconseillés pendant la grossesse.
Dans tous les cas, un projet de grossesse doit faire l’objet d’un suivi par votre gynécologue et par votre neurologue. Ne prenez en aucun cas la décision d’arrêter ou de poursuivre un traitement seule. Ce choix doit être fait au cas par cas, selon les spécificités des symptômes et de l’évolution de la maladie de chaque patiente.
Comment se passe l’accouchement chez les femmes atteintes de sclérose en plaques ?
Pour les femmes atteintes de sclérose en plaques, il n’y a pas de précautions particulières à prendre pour l’accouchement. Comme pour toutes les femmes, le choix d’un accouchement par voie basse ou par césarienne se fait selon la volonté de la patiente et les caractéristiques obstétricales. Le médecin accoucheur doit, bien entendu, être informé de la maladie de la patiente, pour gérer au mieux l’accouchement et éviter des positions trop douloureuses, ou un travail trop long.
En ce qui concerne l’anesthésie, il n’y a aucune contre-indication à la pratique d’une péridurale. Aucun impact sur les poussées ou l’évolution de la maladie n’a été prouvé en ce sens. Cependant, chez certaines patientes, la péridurale peut provoquer des sensations similaires à celles d’une poussée durant l’accouchement. Il ne s’agit pas réellement d’une poussée, uniquement du ressenti. Un échange avec le médecin à ce sujet avant l’accouchement pour être bien préparée, et gérer le stress durant l’accouchement, permet que le travail s’effectue dans de bonnes conditions.
Après l’accouchement, quelles précautions prendre ?
Comme nous l’avons vu précédemment, une augmentation des poussées peut avoir lieu post-partum, dans seulement un tiers des cas. L’administration d’hormones, l’injection d’immunoglobulines ou de corticoïdes peuvent être pratiquées pour limiter ces poussées, au cas par cas. Pour la reprise du traitement du fond, il est tout à fait possible de reprendre immédiatement après l’accouchement, ou d’attendre quelque temps. Ce choix est à faire par la patiente et le neurologue, en fonction de l’avancée de la maladie, du handicap, et l’état de santé général sur cette période.
Enfin, sachez qu’il n’y a aucune contre-indication à l’allaitement pour les mamans atteintes de SEP. Cependant, le traitement de fond ne devra être repris qu’après la période d’allaitement. Pour rappel, la sclérose en plaques n’est pas une maladie héréditaire. Bien qu’il y est un risque que l’enfant développe la maladie, il reste faible (3 à 5 % des enfants). Si l’enfant est atteint de sclérose en plaques, aucun diagnostic anténatal n’existe, il sera donc diagnostiqué par la suite.
Sources :
1. Société Francophone de la Sclérose en plaques
2. Document patients : SEP et Grossesse – Novartis Pharmaceuticals
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