L’anosmie et l’agueusie : définition
On parle d’anosmie en cas de perte totale de l’odorat (l’hyposmie désigne une diminution de l’odorat). La personne ne perçoit aucune odeur : ni les arômes qui rendent un plat savoureux ou un environnement agréable, ni les odeurs qui peuvent l’alerter de la présence d’un danger (une odeur de produit chimique, de fumée ou de gaz, par exemple). L’anosmie peut être associée à une agueusie (perte du goût).
Qu’est-ce que l’anosmie ?
Ce trouble de l’odorat peut avoir différentes causes :
- le vieillissement naturel de l’organisme : comme toutes les autres cellules et organes du corps, les récepteurs olfactifs vieillissent au fur et à mesure des années. L’odorat des personnes âgées a ainsi tendance à diminuer progressivement, de manière tout à fait naturelle. Ces modifications des sens commencent généralement à se manifester vers l’âge de 60 ans (avec une diminution importante de l’odorat après 70 ans) ;
- une infection virale : lorsque les muqueuses des fosses nasales sont enflammées et gonflées, cela gêne la perception des odeurs. Plusieurs infections des voies respiratoires supérieures peuvent ainsi gêner la transmission des informations olfactives. Dans la plupart des cas, l’anosmie est due à une rhinite (allergique ou non), à une sinusite ou à une grippe… ;
- une altération du nerf olfactif : les informations olfactives ne peuvent pas être transmises au cerveau. Le nerf olfactif peut être endommagé suite à une intoxication (exposition à un produit chimique), à cause du tabac ou de la prise de certains médicaments. L’anosmie peut aussi être provoquée par un traumatisme crânien (certaines liaisons nerveuses sont sectionnées suite à un choc violent à la tête, provoquant alors une anosmie définitive), à une tumeur dans la région ORL ou à une maladie neurodégénérative (sclérose en plaques, maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer…).
L’anosmie (avec ou sans agueusie) peut enfin être due à une anomalie congénitale : elle est alors présente dès la naissance, et définitive.
La perte de l’odorat est en général temporaire, notamment lorsqu’elle est due à une obstruction des fosses nasales (en cas de rhinite, par exemple). Mais l’anosmie peut aussi persister dans le temps : elle peut alors affecter de manière importante le quotidien de la personne atteinte, et être à l’origine d’un malaise persistant (repli sur soi, syndrome dépressif, troubles alimentaires…).
Qu’est-ce que l’agueusie ?
L’agueusie désigne quant à elle l’absence, la diminution ou la perte du goût. Comme l’anosmie, l'agueusie peut être temporaire ou permanente, totale ou partielle. Elle est due à une altération de certains récepteurs sensoriels, dont les papilles gustatives (dans la bouche). Comme l’anosmie, elle peut être provoquée par le vieillissement, par un traumatisme, une lésion nerveuse ou un cancer, par une intoxication (inhalation d’une substance toxique, tabagisme, prise de certains médicaments), par un cancer, une mycose, une infection ou toute autre affection des voies respiratoires. Une mauvaise hygiène bucco-dentaire peut aussi être à l’origine d’une perte partielle ou totale du goût.
L'agueusie est souvent associée à une anosmie (perte de l’odorat). C’est pourquoi on parle souvent d’ « anosmie - agueusie ». L’odorat et le goût sont en effet deux sens étroitement liés, et l’odorat est indispensable pour reconnaître certaines saveurs. Les goûts sont distingués par les papilles gustatives de la langue, et les odeurs par les nerfs olfactifs : ces informations sont ensuite transférées et reconnues par le cerveau. Et même si certaines saveurs peuvent être analysées uniquement par les papilles gustatives (comme le salé, le sucré, l’acide ou l’amer), d’autres saveurs plus spécifiques nécessitent l’association des deux sens pour être reconnues (goût et odorat).
Comme la perte de l’odorat, la perte du goût peut être à l’origine d’un repli sur soi et d’un isolement, de troubles alimentaires (anorexie ou boulimie) ou d’un syndrome dépressif. Il est donc important de la prendre en charge.
Deux symptômes fréquents du Covid-19
L’anosmie et l’agueusie font partie des symptômes fréquents du Covid-19 (chez les adultes et les enfants). Mais souvent, la perte du goût et de l’odorat en cas de Covid-19 n’est pas due à un gonflement des muqueuses. Les personnes qui ressentent ces symptômes n’ont en effet pas le nez bouché.
Les dernières recherches et découvertes prouvent qu’en cas d’infection, le virus SARS-CoV‑2 pénètre dans les neurones olfactifs et s’y multiplie. Cela provoque la destruction des « cils » de ces cellules sensorielles. Or, ce sont ces cils qui portent les récepteurs olfactifs. S’ils disparaissent, l’odorat disparaît aussi ! Le virus infecte également les cellules situées à proximité : cela provoque une inflammation persistante de l’épithélium et la désorganisation du système nerveux olfactif.
Partielle ou totale, la perte de goût et d’odorat reste en général bénigne et réversible. Mais avant de disparaître totalement, ce trouble olfactif peut persister pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois (il s’agit de l’un des symptômes fréquents d’un Covid long). En effet, le virus du Covid-19 peut rester plusieurs mois dans les cellules olfactives. Et lorsqu’il est finalement évacué, les cellules abîmées doivent encore être remplacées par de nouvelles cellules (ce qui peut aussi être assez long).
Comment réagir face à ces symptômes ?
Les troubles du goût et de l’odorat restent bénins et ne mettent que rarement en jeu le pronostic vital. Ils peuvent néanmoins s’avérer particulièrement gênants au quotidien, et doivent donc être pris en charge.
Quand consulter ?
En cas de perte de goût et / ou d’odorat, il est recommandé de consulter rapidement son médecin traitant si :
- les symptômes apparaissent suite à un choc violent à la tête (traumatisme crânien) ;
- les symptômes apparaissent de manière soudaine ;
- l’anosmie et l’agueusie sont associées à d’autres symptômes (faiblesse, perte d’équilibre, troubles de la vision, troubles de la parole ou de la déglutition) ;
- il existe une épidémie locale ou mondiale (comme dans le cas de la récente crise sanitaire du Covid-19).
Le médecin procède d’abord à un interrogatoire complet et précis. Il interroge son patient sur ses symptômes (date d’apparition, intensité et durée, autres symptômes associés, traumatisme récent, retentissement sur la vie quotidienne…). Il le questionne également sur ses antécédents médicaux personnels et familiaux (allergies, interventions chirurgicales, troubles des sinus, traitements médicamenteux, exposition à des produits chimiques ou à des fumées…).
Examens et diagnostic
Le médecin procède ensuite à un examen clinique. Il observe les voies nasales et réalise un examen neurologique complet. Il peut tester l’odorat en présentant au patient des substances parfumées faciles à reconnaître (il teste les deux narines, l’une après l’autre).
L’interrogatoire et l’examen médical lui permettent d’identifier la cause de la perte de goût et d’odorat. L’examen clinique peut par exemple révéler la présence de polypes nasaux. Si les symptômes apparaissent souvent à certaines périodes de l’année ou suite à une exposition à des substances spécifiques, il s’agit en général d’une allergie nasale. Si la perte de goût et d’odorat est associée à d’autres symptômes comme la fièvre et la toux, la maladie en cause peut être le Covid-19 (des analyses virales sont alors réalisées et les protocoles en vigueur appliqués).
Dans certains cas, le médecin peut avoir recours à des examens complémentaires. S’il suspecte une fracture, une tumeur cérébrale ou une infection du cerveau, il peut par exemple demander un examen d’imagerie (TDM - tomodensitométrie ou IRM - imagerie par résonance magnétique).
Quels traitements ?
Le traitement de l’anosmie (avec ou sans agueusie) consiste à prendre en charge la cause de la perte de l’odorat (et / ou du goût).
Traiter la cause des symptômes
Une fois le diagnostic posé et l’origine du trouble identifiée, le médecin peut prescrire :
- un traitement médicamenteux : la perte de l’odorat peut être due à une inflammation des muqueuses nasales ou des voies respiratoires (à cause d’une infection ou d’une allergie). Un traitement adapté permet alors de faire disparaître cette inflammation, et de restaurer progressivement l’odorat (inhalations de vapeurs, utilisation de vaporisateurs nasaux, antibiotiques…) ;
- une intervention chirurgicale : la perte de goût et d’odorat peut être due à la présence de polypes nasaux ou d’une tumeur. Retirer ces excroissances permet alors de retrouver facilement le sens de l’odorat (même si cela n’est pas toujours le cas en cas de tumeur).
Rééduquer l’odorat
Lorsque l’anosmie persiste dans le temps (dans certains cas de Covid long, par exemple), le médecin peut conseiller à son patient d’apprendre à rééduquer son odorat, pour reconnaître à nouveau certaines odeurs. Il est aussi possible d’améliorer les repas en ajoutant des agents aromatisants aux aliments.
Dans d’autres cas (une anosmie définitive, par exemple), le médecin peut également prescrire un suivi psychothérapeutique à son patient. Cela lui permet de mieux vivre avec ce trouble sensoriel, qui peut avoir d’importantes répercussions sur son quotidien.
Sources :
https://www.inserm.fr/c-est-quoi/vue-nez-c-est-quoi-anosmie/
https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-du-nez,-de-la-gorge-et-de-l’oreille/symptômes-des-troubles-du-nez-et-de-la-gorge/perte-de-l-odorat
https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-du-nez,-de-la-gorge-et-de-l’oreille/symptômes-des-troubles-du-nez-et-de-la-gorge/présentation-des-troubles-de-l-odorat-et-du-goût?query=Anosmie