Plusieurs types de troubles peuvent venir affecter le fonctionnement du cœur et le rythme cardiaque. Lorsque le cœur bat trop vite, on parle de tachycardie. Ces accélérations de la fréquence cardiaque peuvent être dues à plusieurs causes et toucher différentes parties du cœur. Plus ou moins graves, les épisodes de tachycardie se manifestent souvent sous forme de crises passagères.
Alors quels sont les symptômes d’une crise de tachycardie et comment l’arrêter ? Quand faut-il consulter ? Et quels sont les traitements prescrits ?
Qu’est-ce que la tachycardie ?
La tachycardie est un trouble du rythme cardiaque, qui se manifeste par l’augmentation de la fréquence des battements de cœur par minute. Pouvant avoir des causes multiples, elle est plus ou moins grave. Les crises de tachycardie provoquent généralement l’apparition de palpitations cardiaques, avec parfois d’autres symptômes.
Une augmentation du rythme cardiaque
Lorsque le cœur est en bonne santé, il bat entre 60 et 100 fois par minute, avec un rythme moyen et régulier de 70 battements par minute (BPM). Ce muscle se contracte de manière spontanée, pour faire circuler le sang dans le corps. Il fonctionne grâce à deux systèmes nerveux cordonnés entre eux : le système nerveux externe au cœur commande les contractions selon les besoins de l’organisme et les efforts fournis, et le système nerveux interne coordonne les battements des différentes parties du cœur (les oreillettes et les ventricules, qui battent à un rythme synchronisé).
Plusieurs facteurs peuvent être responsables d’une augmentation du rythme cardiaque : un exercice ou un effort physique, une fièvre ou une émotion forte (la peur ou le stress)… Pour envoyer plus d’oxygène aux muscles et aux organes, le cœur a besoin de pomper plus de sang : il augmente la fréquence de ses battements en conséquence. Mais il arrive parfois que le cœur s’emballe sans raison particulière et en dehors de tout effort physique, et qu’il dépasse les 100 battements par minute. Pour désigner ce trouble du rythme cardiaque au repos (ou arythmie), on parle de tachycardie.
Un trouble plus ou moins grave
Selon son origine et les éventuelles complications qui peuvent en découler, la tachycardie peut être plus ou moins grave. Les causes et les manifestations de l'accélération du rythme cardiaque sont en effet multiples.
Il peut s'agir de :
- une tachycardie auriculaire, lorsque les cavités supérieures du cœur (oreillettes) se contractent de manière excessive. Cette tachycardie reste généralement bénigne, et ne nécessite pas de traitement particulier. On distingue :
- la tachycardie sinusale : le cœur s’emballe pour s’adapter à une situation ou à un événement particulier (un effort physique ou une émotion, l’abus d’une substance stimulante ou excitante comme l’alcool ou la drogue, la fièvre ou des douleurs, une anémie, une hyperthyroïdie, une déshydratation, une crise de panique…). Il s’agit d’une réaction naturelle d’adaptation, sans gravité. Le rythme cardiaque reste régulier (et souvent inférieur à 150 battements par minute) ;
- la tachycardie supraventriculaire : souvent congénitale, elle survient sous forme de crises, chez des patients plutôt jeunes (il s'agit la plupart du temps de la maladie de Bouveret). Le rythme cardiaque peut atteindre 160 à 200 battements par minute, pendant plusieurs minutes. Aucun traitement n’est mis en place, sauf si les crises affectent la qualité de vie du patient ;
- un trouble du rythme ventriculaire, lorsque les cavités inférieures du cœur (ventricules) battent trop vite. Ces tachycardies peuvent prendre plusieurs formes :
- un syndrome du QT long : il est détecté à partir d’une anomalie de l’intervalle QT (un segment relevé sur l’électrocardiogramme). Cette anomalie du rythme cardiaque peut être d’origine congénitale, ou acquise (liée à un autre trouble : bradycardie, hypokaliémie, hypocalcémie, hypomagnésémie, affection du système nerveux, régime hyperprotidique, prise de certains médicaments…) ;
- une torsade de pointe : le rythme cardiaque s’accélère de manière brève et irrégulière. Dues à un QT long, à une maladie cardiaque ou à d’autres facteurs (maladie du foie, surdosage d’un médicament…), ces tachycardies sont souvent asymptomatiques. Elles peuvent néanmoins entraîner le décès du patient et doivent être prises en charge ;
- une tachycardie ventriculaire : le rythme cardiaque atteint 120 à 250 battements par minute, à cause d’une maladie cardiaque (cardiopathie) ou d’une cicatrice liée à une opération du cœur. Si la crise reste généralement brève, elle peut parfois se compliquer (avec une fibrillation ventriculaire). Le cœur se contracte alors de manière anarchique, sans pomper de sang. Le patient perd connaissance et peut rapidement décéder s’il n’est pas pris en charge.
Des palpitations cardiaques, et parfois d’autres symptômes plus graves
L’accélération du rythme cardiaque peut provoquer une sensation de battements irréguliers et rapides du cœur, avec des palpitations et d’autres symptômes désagréables : des sueurs, une faiblesse ou une sensation de malaise, une respiration courte, une nervosité et une irritabilité, des vertiges et des étourdissements, parfois une perte de connaissance temporaire (syncope). Si elles surviennent le soir ou la nuit, les crises de tachycardie peuvent aussi perturber l’endormissement et le sommeil.
Souvent d’origine sinusale, les crises de tachycardies restent généralement bénignes. Mais les autres types de tachycardies peuvent être à l’origine de certaines complications. Si elles sont fréquentes et qu’elles ne sont pas prises en charge, elles peuvent par exemple fatiguer le cœur sur le long terme, et être responsables d’une insuffisance cardiaque. Le cœur ne peut plus fournir les efforts nécessaires aux activités du quotidien. Lorsque le sang circule mal dans les cavités du cœur, des caillots peuvent aussi se former. Ces caillots sanguins peuvent ensuite se fragmenter et se déplacer via la circulation sanguine, avec un risque d’accident vasculaire cérébral (AVC), d’infarctus du myocarde, d’embolie pulmonaire, de troubles de la rétine… Les crises de tachycardies peuvent également être responsables d’un arrêt cardiaque et de la mort subite du patient.
Comment réagir en cas de crise de tachycardie ?
Le traitement des crises de tachycardie dépend de leur origine et de leur cause. Il est donc recommandé de consulter son médecin dès l’apparition des premiers symptômes.
Quand consulter ?
Si les palpitations cardiaques sont accompagnées d’autres symptômes, il est indispensable de consulter en urgence : un malaise (avec perte de connaissance ou non), des douleurs à la poitrine, des vertiges, des maux de tête intenses, des sueurs, une respiration courte et difficile… Il faut aussi consulter si la crise de tachycardie fait suite à un accident électrique. Il faut aussi consulter rapidement en cas de crises de tachycardie à répétition.
Le médecin interroge son patient sur ses symptômes (circonstances d’apparition, description, durée et intensité…), et réalise un examen clinique (auscultation cardiaque, prise du pouls et de la tension artérielle). Pour confirmer le diagnostic d’arythmie et déterminer le type de tachycardie en cause, il a recours à des examens complémentaires :
- un ECG (électrocardiogramme) : indolore, cet examen permet d’observer l’activité électrique du cœur, pour détecter les éventuels troubles du rythme cardiaque. Si les tachycardies surviennent sous forme de crises brèves et inconstantes, on réalise un Holter ECG (avec des enregistrements sur plusieurs heures ou plusieurs jours, grâce à un dispositif portatif). Si les symptômes surviennent lors d’un effort physique, le médecin demande un ECG d’effort ;
- un bilan sanguin : pouvant être détectés à l’aide d’une prise de sang, plusieurs troubles peuvent favoriser les tachycardies (une hyperthyroïdie, une anémie, un mauvais fonctionnement des reins ou du foie…) ;
- un bilan cardiaque : plusieurs examens d’imagerie peuvent être réalisés pour vérifier l’état du cœur (un échodoppler cardiaque, une scintigraphie myocardique, une coronarographie, une IRM cardiaque…).
Le médecin recherche aussi la présence d’éventuels facteurs de risque cardiovasculaire (un diabète, du cholestérol, une hypertension artérielle…) Des examens plus précis peuvent parfois être demandés (une exploration électrophysiologique du cœur par exemple, avec la mise en place d’électrodes à l’intérieur du cœur).
Quels sont les traitements mis en place ?
Si la crise de tachycardie est due au stress, à l’anxiété ou à une fièvre, elle est généralement bénigne et aucun traitement n’est nécessaire. Pour soulager et éviter ces crises de tachycardie sinusale, le médecin conseille généralement d’adopter certaines mesures pour réduire son stress au quotidien, et de diminuer sa consommation de substances excitantes. Certains gestes simples peuvent aussi aider à calmer une crise de tachycardie sinusale (s’asseoir et respirer profondément pendant plusieurs minutes, boire de l’eau, éviter de fumer…).
Le traitement d’une tachycardie auriculaire repose quant à lui sur la prise d’anticoagulants (pour éviter la formation de caillots sanguins). Si les médicaments ne suffisent pas à rétablir un rythme cardiaque normal, le médecin peut avoir recours à une cardioversion (en passant un courant électrique dans le cœur).
Une crise de tachycardie ventriculaire nécessite une prise en charge d’urgence (prise de médicaments antiarythmiques, choc électrique externe, mise en place de sondes ventriculaires endocavitaires, ou choc électrique interne). Un traitement est ensuite mis en place pour prévenir les crises, à base de médicaments antiarythmiques et de bêtabloquants. Un traitement chirurgical ou par radiofréquence peut aussi être indiqué (pour retirer la région défaillante). Dans certains cas, le médecin recommande la mise en place d’un défibrillateur implantable (qui déclenche un courant électrique en cas de crise).
Bon à savoir : pour prendre soin de son système cardiovasculaire et éviter les arythmies et les crises de tachycardie, il est recommandé d’adopter une bonne hygiène de vie au quotidien (manger de manière saine et équilibrée, pratiquer une activité physique de manière régulière, arrêter le tabac, diminuer l’alcool et éviter le stress).
Sources :
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/palpitations-cardiaques