Le saignement de nez, un trouble fréquent et généralement bénin
Hémorragie de la muqueuse des cavités nasales, les saignements de nez (ou épistaxis) sont des troubles généralement bénins. Ils peuvent provenir de la partie avant ou arrière du nez.
Une hémorragie des cavités nasales
Les fosses nasales sont tapissées d’une muqueuse, indispensable au bon fonctionnement de la respiration et à la protection de l’organisme contre l’intrusion d’agents extérieurs pathogènes. Elle permet de réchauffer, d’humidifier et de nettoyer l’air inspiré. Or, cette muqueuse est irriguée par de nombreux vaisseaux sanguins, très fins et fragiles. Ces vaisseaux peuvent facilement être abîmés et lésés, ce qui provoque une hémorragie : le nez se met à saigner.
Les saignements de nez surviennent aussi bien chez les enfants que chez les adultes (et plus souvent pendant la grossesse, à cause des nombreuses modifications hormonales subies par la femme enceinte). Ils peuvent être plus ou moins importants, fréquents ou longs. Le sang peut s’écouler d’une seule narine, ou des deux. Les hémorragies peuvent parfois être assez sévères, et impressionnantes.
En plus de s’écouler par le nez, il arrive que le sang coule dans la gorge et que la personne l’avale. Cela peut engendrer des vomissements (le sang a tendance à irriter la paroi de l’estomac) ou l’expulsion de selles noires (lorsque le sang passe dans le tube digestif, et teinte les selles). D’autres symptômes peuvent accompagner les saignements de nez, notamment lorsqu’ils sont abondants : pâleur, angoisse et agitation, baisse de la tension artérielle, augmentation du rythme cardiaque…
Épistaxis antérieure ou postérieure ?
Le saignement peut provenir de la partie avant ou arrière du nez. On distingue ainsi :
-
les épistaxis antérieures : la plupart du temps, il s’agit du saignement d’un vaisseau situé dans la partie avant du nez, au niveau de la cloison nasale (le cartilage qui sépare les deux narines). Aussi connue sous le terme de « tache vasculaire dense », cette région est en effet très riche en vaisseaux sanguins. Les épistaxis antérieures restent généralement sans gravité : les saignements sont peu importants, et faciles à arrêter ;
-
les épistaxis postérieures : même si cela reste plus rare, le saignement peut provenir d’un vaisseau sanguin situé à l’arrière du nez (généralement chez les personnes atteintes d’un trouble de la coagulation ou de la circulation sanguine, comme l’athérosclérose). Cette hémorragie est plus dangereuse : plus difficile à traiter (l’accès au vaisseau est complexe), elle provient souvent d’un vaisseau plus volumineux.
Pourquoi saigne-t-on du nez ?
Le saignement de nez survient lorsque des petits vaisseaux sanguins de la muqueuse nasale sont irrités et éclatent. Plusieurs facteurs peuvent être en cause. Alors quelle maladie provoque des saignements de nez ? Est-ce que le stress peut faire saigner du nez ? Et quelle peut-être la cause de saignements du nez réguliers et répétitifs ?
Les causes les plus fréquentes
Les vaisseaux sanguins de la cavité nasale peuvent être irrités ou abîmés par plusieurs causes :
-
une agression physique : se gratter souvent l’intérieur du nez, se moucher trop fort, éternuer violemment en gardant la bouche fermée… Même s’ils sont anodins, ces gestes du quotidien peuvent agresser la muqueuse du nez, et ainsi abîmer ses vaisseaux sanguins. Les enfants ont par exemple tendance à se mettre souvent les doigts dans le nez (notamment l’hiver, lorsque l’air sec et froid transforme le mucus en petites particules dures et croûteuses, ou « crottes de nez »). L’utilisation de médicaments par voie nasale (un spray décongestionnant, par exemple) peut aussi agresser la muqueuse, et fragiliser ses vaisseaux ;
-
un traumatisme du nez : le saignement peut être causé par un choc au niveau du nez (un coup reçu pendant un accident, par exemple), ou une blessure. L'introduction d'un petit objet dans une narine peut aussi être en cause en cas de saignement du nez soudain. Les vaisseaux sanguins sont directement lésés et éclatent ;
-
une inflammation de la muqueuse nasale : plusieurs troubles ou maladies peuvent provoquer une inflammation de la muqueuse du nez, chez l’adulte et l’enfant (une rhino-pharyngite - ou rhume -, une sinusite, une rhinite allergique…). Les vaisseaux sanguins sont fragilisés, et peuvent plus facilement se rompre ;
-
la sécheresse de l’air : les vaisseaux sanguins ont tendance à éclater plus facilement lorsque l’air est très sec (par exemple pendant l’hiver, dans les pièces très chauffées). La muqueuse n’est pas assez humide, et peut se fissurer. L’exposition au soleil peut avoir le même effet, et déclencher un saignement de nez.
Les autres causes des saignements de nez
Si cela reste moins fréquent, les saignements de nez peuvent aussi être dus à d’autres causes :
-
une hypertension (tension artérielle trop élevée), un trouble de la coagulation (à cause d'une maladie comme l’hémophilie, ou de la prise de médicaments anticoagulants), un trouble de la circulation sanguine (une artériosclérose ou la maladie de Rendu-Osler-Weber - télangiectasie hémorragique héréditaire -, une maladie rare qui déforme et fragilise les vaisseaux sanguins) ;
-
un trouble systémique (qui touche l’ensemble de l’organisme), comme le Sida ou une maladie hépatique grave (insuffisance hépatique, cholestase, jaunisse…) ;
-
une tumeur (cancéreuse ou non) au niveau du nez ou des sinus ;
-
une déviation de la cloison nasale (une déformation de la paroi intérieure du nez, due à une malformation ou à un traumatisme), un trou dans la cloison nasale (perforation) ;
-
une dépendance à l’alcool (avec une consommation régulière de quantités importantes d’alcool), l’utilisation de drogues par voie nasale.
Parfois c’est un effort physique trop intense ou un épisode de stress important qui provoque la vasodilatation des vaisseaux de la muqueuse nasale, et les saignements de nez.
Que faire lorsque l’on saigne du nez ?
S’ils saignent facilement, les petits vaisseaux sanguins de la muqueuse des fosses nasales cicatrisent aussi très vite. Certains gestes simples permettent ainsi de stopper rapidement un saignement de nez.
Arrêter les saignements grâce à des gestes simples
En cas de saignement de nez, il faut exercer une pression sur les cloisons nasales, pour arrêter le saignement. Pour cela, il est recommandé de procéder de la façon suivante :
-
se moucher : pour évacuer les caillots de sang déjà formés, il faut commencer par moucher délicatement la narine qui saigne (ou les narines) ;
-
s’asseoir et pencher légèrement la tête en avant : cela évite que le sang ne coule dans la gorge ;
-
exercer une légère pression sur la narine qui saigne : tout en respirant par la bouche, il faut se pincer le nez avec le pouce et l’index, juste sous l’os du nez. Pour une bonne coagulation du sang, la compression doit être maintenue pendant 10 minutes.
Si cette procédure ne suffit pas à stopper le saignement, elle doit être répétée une deuxième fois (encore pendant 10 minutes). Il est aussi possible d’appliquer de la glace juste au-dessus du nez ou à la base de la narine touchée, pour favoriser la constriction (contraction) des vaisseaux sanguins. Vendues en pharmacie, les mèches d'alginate de calcium hémostatiques peuvent aussi être utilisées pour arrêter le saignement de nez. Aucun autre produit ne doit être introduit dans le nez. Pour en savoir plus, demandez conseil à votre pharmacien.
Éviter de solliciter à nouveau les fosses nasales
Une fois l’hémorragie contenue, il faut éviter de solliciter les vaisseaux des fosses nasales. Pour cela, il est recommandé d’éviter de se moucher pendant les heures qui suivent le saignement, et de tousser ou d’éternuer la bouche ouverte. Il ne faut ni toucher ni nettoyer son nez (notamment l’intérieur du nez), et humidifier l’air intérieur de son logement si possible.
Il est aussi conseillé d’éviter les efforts physiques intenses et le port de charges lourdes pendant les jours qui suivent, et de ne pas prendre d’aspirine. Si le saignement a été long et difficile à arrêter, il est enfin possible de surélever sa tête pour dormir pendant quelques jours.
Quand consulter ?
Ces simples gestes suffisent généralement à arrêter le saignement de nez, qui n’entraîne aucune complication. Mais si l’hémorragie continue, ou que les saignements sont fréquents ou particulièrement abondants, il faut consulter. Les personnes qui souffrent d’un trouble de la circulation ou de la coagulation, ou qui prennent des médicaments qui fluidifient le sang (aspirine ou anticoagulant), doivent aussi se rendre chez leur médecin en cas de saignement de nez. Certains symptômes doivent enfin amener à contacter les services d’urgence (malaise, pâleur, état de choc…).
Le médecin ORL interroge son patient sur ses antécédents médicaux, et sur les circonstances d’apparition des saignements, leur durée, leur intensité et leur fréquence. Il examine son nez pour trouver l’origine de l’hémorragie (à l’aide d’un endoscope), et l’état de sa peau pour rechercher d’autres signes associés. Si les saignements de nez sont fréquents ou particulièrement abondants, il peut prescrire un bilan sanguin pour en trouver l’origine (et vérifier qu’il n’existe pas un trouble de la coagulation sanguine).
Le médecin peut ensuite avoir recours à plusieurs méthodes et traitements pour arrêter le saignement de nez. Il peut simplement prescrire un hémostatique local (un pansement spécifique, disponible en pharmacie) ou une pommade HEC, hémostatique, protectrice et calmante. En cas de saignements abondants et répétés, le médecin peut proposer de brûler les petits vaisseaux en cause (cautérisation chimique ou électrique), ou d’avoir recours à un tamponnement (en plaçant des mèches d’alginate de calcium hémostatiques profondément dans le nez). La mise en place d’une sonde à double ballonnet permet aussi de comprimer durablement la muqueuse, pour éviter les saignements de nez. Ces traitements sont réalisés sous anesthésie locale.
Sources :
https://www.ameli.fr/assure/sante/urgence/pathologies/epistaxis-saignement-de-nez
https://www.vidal.fr/maladies/nez-gorge-oreilles/saignement-nez.html