Maladresses, raideurs, gênes et douleurs… Troubles de l’appareil locomoteur, les troubles musculo-squelettiques (TMS) provoquent des symptômes variés. Touchant les muscles, les tendons et les nerfs des membres supérieurs ou inférieurs, ils peuvent devenir particulièrement handicapants au travail et empêcher certains mouvements du quotidien.
Alors quels sont les premiers signes d’apparition d’un trouble musculo-squelettique ? Comment soigner les TMS ? Et surtout, comment les éviter ?
Les troubles musculo-squelettiques, qu’est-ce que c’est ?
Les TMS sont des troubles qui touchent les tissus mous péri-articulaires, c’est-à-dire toutes les structures qui se situent autour des articulations. Généralement favorisés, entretenus ou aggravés par de mauvaises postures au travail, les troubles musculo-squelettiques provoquent la plupart du temps des symptômes au niveau du dos ou des membres supérieurs.
Quelles sont les parties du corps les plus souvent touchées par les TMS ?
Les troubles musculo-squelettiques peuvent affecter les muscles, les tendons et les gaines tendineuses, les ligaments des articulations, mais aussi les nerfs, les vaisseaux sanguins, les capsules articulaires et les bourses séreuses (les poches qui contiennent le liquide articulaire).
Les troubles musculo-squelettiques touchent en général :
- le dos (de la nuque au bas du dos) : lombalgies (au niveau du bas du dos), syndrome tensionnel de la nuque… ;
- les membres supérieurs (épaule, coude et poignet) : maladie de De Quervain (qui affecte le pouce), syndrome de Raynaud (au niveau des doigts), syndrome du canal carpien, tendinites des fléchisseurs et des extenseurs de la main et des doigts, tendinopathie de la coiffe des rotateurs de l’épaule, tendinite du sus épineux, épicondylite latérale ou médiale au coude, syndrome du tunnel cubital ou ulnaire… ;
- plus rarement, les membres inférieurs (genoux, chevilles) : hygroma du genou, paralysie des muscles releveurs du pied, lésion du ménisque, bursite du genou, arthrose du genou, tendinopathies achilléennes (tendon d’Achille)…
Causes et facteurs de risque
Les troubles musculo-squelettiques sont souvent le résultat d’un déséquilibre entre les capacités physiques de l’organisme et les efforts qui lui sont demandés. Ils peuvent être dûs à de nombreuses causes (certaines pratiques sportives, des activités de jardinage ou de bricolage…). Mais ces troubles sont en général favorisés, aggravés ou entretenus par de mauvaises conditions de travail. Aujourd’hui, de nombreux TMS sont d’ailleurs inscrits aux tableaux des maladies professionnelles. L’âge, la fragilité psychologique et les antécédents médicaux sont évidemment des facteurs qui ont une influence sur l’apparition des premiers symptômes de troubles musculo-squelettiques.
De nombreuses activités professionnelles peuvent engendrer l’apparition de TMS. Ces troubles sont favorisés par l’adoption de certaines postures (qui impliquent la compression, la torsion ou l’étirement des tissus mous péri-articulaires) et par le niveau de force à appliquer pour effectuer une tâche (avec une contraction musculaire plus ou moins importante, des charges à soulever plus ou moins lourdes, ou plus ou moins haut…). La répétition fréquente du même geste et la durée de la tâche sont aussi des facteurs qui ont une influence sur l’apparition des TMS.
Les troubles musculo-squelettiques peuvent également être favorisés ou aggravés par certains facteurs environnementaux (des températures particulièrement basses, des vibrations ou des chocs mécaniques, un éclairage de mauvaise qualité, un bruit incessant…). De mauvaises conditions de travail peuvent aussi avoir une influence sur l’apparition des TMS : une mauvaise organisation professionnelle avec des cadences de travail trop importantes, des horaires non respectées, des tâches mal identifiées, un travail monotone, un manque de temps et une tension permanente, un manque de reconnaissance, de mauvaises relations sociales…
Aujourd’hui, certains secteurs professionnels sont plus touchés par les troubles musculo-squelettiques que d’autres : le secteur du bâtiment et des travaux publics, le transport et la logistique, l’industrie métallurgique, le secteur de la propreté, le commerce, l’agroalimentaire et le secteur de l’aide et des soins à la personne (notamment dans les EHPAD).
Quels sont les principaux symptômes des troubles musculo-squelettiques ?
Si les symptômes des troubles musculo-squelettiques peuvent rapidement se manifester, ils restent en général faibles au début, et s’installent de manière progressive. Provoqués par des efforts physiques importants et répétés (qui dépassent les capacités du corps), ils résultent d’une hyper sollicitation des tissus mous des articulations. Les premiers signes d’un TMS apparaissent donc après une période de sollicitation assez longue.
Douleur, raideur et faiblesse
Les symptômes des troubles musculo-squelettiques peuvent se manifester au niveau des muscles, des tendons, des ligaments, des nerfs, des vaisseaux sanguins et des bourses séreuses. Les TMS peuvent donc être responsables de :
- douleurs musculo-squelettiques : légère à intense, la douleur peut être aiguë et courte, ou chronique et de longue durée. Elle peut aussi être locale ou diffuse ;
- raideur articulaire : le mouvement de l’articulation semble limité ou gêné ;
- faiblesse : l’effort fourni ne génère pas les contractions musculaires attendues normalement ;
- bruits articulaires (crépitations, craquements ou de claquements) : s’ils sont parfois bénins, ils peuvent aussi être le signe d’un problème articulaire ;
- difficultés de mouvement : les douleurs, la raideur articulaire et/ou la faiblesse musculaire peuvent être à l’origine d’une perte d’amplitude de mouvement.
Lorsque les TMS sont à l’origine d’une inflammation, d’autres symptômes peuvent apparaître : un gonflement de l’articulation, une articulation chaude et sensible, parfois une peau rouge et douloureuse.
Des symptômes qui progressent par phases
Les premiers symptômes des troubles musculo-squelettiques se manifestent en général pendant l’activité physique : des douleurs et une gêne fonctionnelle apparaissent (avec une perte de mobilité ou de force), puis disparaissent au repos.
Les douleurs et la gêne surviennent ensuite de plus en plus tôt pendant l’activité physique, et mettent de plus en plus de temps à disparaître au repos. La capacité de travail commence à être impactée.
S’ils ne sont pas pris en charge, les symptômes continuent à évoluer, et les troubles musculo-squelettiques s’aggravent. Les articulations sont de moins en moins mobiles, et certains mouvements deviennent difficiles (voire impossibles) à réaliser. Les douleurs et les raideurs deviennent chroniques et persistantes (même au repos). La personne devient incapable d’effectuer ses tâches professionnelles.
Comment le diagnostic est-il posé ?
Dès l’apparition des premiers symptômes de troubles musculo-squelettiques, il est recommandé de consulter son médecin traitant. Ce dernier procède à un interrogatoire précis (circonstances d’apparition des symptômes, fréquence et intensité, profession exercée, conditions de travail, type de gestes effectués…). Il interroge également son patient sur ses antécédents familiaux et médicaux.
Le médecin réalise ensuite un examen physique complet, qui lui permet de préciser la localisation et l’intensité des troubles. Selon la nature des TMS identifiés, il peut parfois avoir recours à des examens complémentaires (bilan sanguin, examens d’imagerie…).
Si les symptômes correspondent aux symptômes mentionnés dans l’un des tableaux des maladies professionnelles, et aux travaux susceptibles de les provoquer, le TMS peut être reconnu comme une maladie professionnelle. Le travailleur doit faire la demande de reconnaissance auprès de sa CPAM (Caisse primaire d'assurance maladie) ou de sa MSA (Caisse de mutualité sociale agricole), en joignant le certificat rédigé par son médecin.
Comment éviter les troubles musculo-squelettiques ?
Pour éviter qu’ils ne s’aggravent et ne soient à l’origine de symptômes chroniques et particulièrement handicapants, il est important de prendre en charge les troubles musculo-squelettiques dès leur apparition. Alors comment réagir ? Comment soulager les premiers symptômes ? Et peut-on prévenir les TMS ?
Comment soulager les symptômes ?
Pour soigner les TMS, il faut d’abord soulager les symptômes. Pour cela, le médecin peut prescrire des médicaments contre la douleur : des antalgiques (paracétamol) ou des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (ibuprofène, kétoprofène ou aspirine). Ces médicaments sont à utiliser seuls et les posologies doivent être respectées. En cas de doute, demandez toujours conseil à votre médecin ou à votre pharmacien.
Le médecin peut aussi prescrire l’immobilisation de l’articulation douloureuse et enflammée, des infiltrations (injection de corticoïdes pour soulager la douleur), et parfois même une intervention chirurgicale (opération du canal carpien, par exemple). D’autres thérapies peuvent parfois être conseillées (massages, séances de rééducation, physiothérapie…).
Mais pour améliorer les TMS, il est aussi indispensable de supprimer les facteurs qui les favorisent. Pour éviter les douleurs, le médecin peut prescrire l’arrêt des gestes de force, de certaines postures ou des tâches répétitives au travail, qui sont à l’origine des troubles musculo-squelettiques. Les mouvements qui ne sont pas douloureux peuvent continuer à être effectués.
Prévenir les TMS
Pour éviter de souffrir de TMS, il est recommandé d’adopter les bonnes postures pour réaliser certains gestes au travail et dans la vie quotidienne. Il faut éviter de malmener ses muscles et ses articulations, de se contorsionner ou de trop forcer pour réaliser un mouvement.
Pour prévenir les troubles musculo-squelettiques, il est par exemple conseillé de changer certaines habitudes de travail. Si la tâche professionnelle implique de porter une charge relativement lourde en conservant les mains au-dessus de la tête, ou dans un espace restreint, il est conseillé de relâcher régulièrement ses muscles. Si vous êtes assis pendant toute une journée de travail, pensez à vous mettre régulièrement debout, à marcher et à vous étirer pendant quelques instants.
Pratiquer une activité physique régulière permet enfin de conserver des muscles forts et des articulations souples, et de rester en bonne santé de manière générale. Il est aussi recommandé d'adopter une alimentation saine et équilibrée, et de boire suffisamment d'eau, tout au long de la journée.
Sources :
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/tms
https://www.inrs.fr/risques/tms-troubles-musculosquelettiques/effets-sante.html