La cryothérapie corps entier
En 2009, l’Institut national du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP) – qui suit de nombreuses équipes de France et sportifs de haut niveau – a été la première structure française à se doter d’une cryothérapie corps entier (CCE) à trois pièces (1). La personne les traverse successivement en petite tenue, les extrémités (pieds, mains, oreilles, etc.) dûment protégées pour éviter les brûlures par le froid. La première pièce est à moins 10 °C, la deuxième à moins 60 °C et la troisième diffuse un air sec à… moins 110 °C ! « On y reste environ 3 minutes », explique Jean-Robert Filliard, chef adjoint du service médical de l’INSEP et président de la Société française de CCE. « Cela suffit à déclencher une série de réponses physiologiques. Chez les sportifs, par exemple, la CCE accélère la récupération après l’effort et permet d’améliorer les performances. »
Soulager les douleurs par la cryothérapie
Grâce à ses vertus anti-inflammatoires et antalgiques, la cryothérapie soulage également les douleurs et/ou blessures musculaires, articulaires ou tendineuses. Raisons pour lesquelles l’INSEP a rapidement élargi l’accès à sa CCE à une population plus large que les seuls sportifs. Un nombre croissant de personnes souffrant de fibromyalgie (2) ou de maladies rhumatismales (3) font des cures de cryothérapie pour soulager leurs symptômes, avec des résultats a priori positifs. « La méthode est en cours de validation scientifique », explique Jean-Robert Filliard. « Plusieurs études sont en cours pour quantifier les bénéfices de la CCE, ainsi que les modalités (nombre de séances, durée, fréquence, etc.) pour obtenir les meilleurs résultats. »
Cryothérapie : des pistes prometteuses ?
La cryothérapie semble également soulager certains symptômes d’autres maladies à composante inflammatoire, comme les uvéites (inflammation de l’œil), le psoriasis ou encore la sclérose en plaques. Sur ces dernières pistes, cependant, Jean-Robert Filliard reste prudent. « La cryothérapie, ce n’est pas Lourdes non plus ! Certes, l’une de nos patientes a vu son psoriasis s’améliorer, mais il faudrait réaliser d’autres études, avec beaucoup plus de patients, pour pouvoir conclure à un effet thérapeutique notable de la CCE sur ce type de maladie. »
Cryosauna : la tête hors du froid !
Le cryosauna ou cryothérapie corps partiel (CCP) est une variante de la CCE. Il s’agit ici, non d’une pièce, mais d’un grand cylindre rempli d’azote gazeux, dans lequel la personne reste immergée quelques minutes, la tête et le cou à l’extérieur. L’avantage : le dispositif est moins cher et transportable près d’un terrain de sport ou d’une compétition sportive, par exemple. Côté résultats : le cryosauna est indiqué pour les sportifs qui utilisent surtout leurs jambes (comme les cyclistes). Cependant, il semblerait moins efficace que la CCE (4).
Cures de cryothérapie : en pratique
L’INSEP propose des cures de cryothérapie corps entier d’une semaine, à raison de 2 séances par jour. Il faut compter 340 € pour 10 séances, non remboursées par la Sécurité sociale. Une consultation médicale préalable est obligatoire, notamment pour vérifier l’absence de contre-indications à la cryothérapie (grossesse, hypertension, asthme non contrôlé, etc.). Les séances sont encadrées par des professionnels de la santé, kinésithérapeutes ou infirmières.
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Du froid contre les verrues !
La cryothérapie locale est l’un des traitements préconisés en cas de verrue. L’application d’azote liquide ou de neige carbonique provoque une brûlure qui va permettre d'éliminer la peau contaminée par le virus HPV responsable de la verrue. Ce traitement par le froid peut être pratiqué chez le dermatologue ou à domicile, avec un crayon d’azote liquide, en vente libre en pharmacie.
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Sources
(1) Depuis, d’autres centres ont ouvert leurs portes et proposent des CCE à une ou deux pièces.
(2) La fibromyalgie se manifeste par des douleurs musculaires et/ou articulaires diffuses.
(3) Exemples : la spondylarthrite ankylosante, la polyarthrite rhumatoïde, etc.
(4) Étude comparative réalisée en 2013 à l’INSEP par C. Hausswirth et al., in PLOS One.