La constipation correspond à une difficulté à évacuer les selles, et à une diminution de leur fréquence. Aiguë ou chronique, elle peut être due à différents facteurs, et parfois engendrer certaines complications. C’est pourquoi il est important de savoir comment réagir en cas de symptômes.
Alors comment savoir si l’on est constipé ? Que faire pour soulager un épisode de constipation ? Et dans quels cas consulter ?
Comment savoir si l’on est constipé ?
La fréquence d’émission des selles varie d’un individu à l’autre : si certaines personnes vont à la selle plusieurs fois par jour, d’autres n’y vont que 3 fois par semaine, sans que cela ne soit forcément le signe d’un trouble particulier. On parle de constipation lorsque les selles ne progressent pas bien dans le gros intestin (colon), et que cela provoque l’apparition de symptômes gênants :
- une émission des selles pas assez fréquente (en général, moins de 3 par semaine) ;
- des selles trop dures et difficiles à évacuer, des douleurs à la défécation, des traces de sang dans les selles (en présence d’hémorroïdes, que les selles sèches font saigner) ;
- une sensation d’évacuation incomplète (le rectum ne semble pas totalement vidé) ;
- des ballonnements, des crampes ou une sensation d’inconfort ou de lourdeur au niveau du ventre.
Les épisodes de constipation peuvent aussi être accompagnés de l’émission de glaires peu abondantes et liquides : c’est ce que l’on appelle une « fausse diarrhée sur constipation ». Au lieu d’être absorbées par le côlon, l’eau des selles et les sécrétions intestinales sont évacuées telles quelles (sous forme liquide). L’alternance entre des selles dures et des diarrhées peut aussi être le signe d’une inflammation ou de la présence d’un obstacle dans les intestins. Elle doit amener à consulter.
Pourquoi peut-on être constipé ?
La constipation est un trouble fréquent dans les pays occidentaux (on estime que 3 à 5 % de la population souffre de constipation chronique). Si les personnes âgées de plus de 55 ans ont plus de risques de souffrir de ce trouble de la digestion, d’autres facteurs sont aussi souvent en cause.
Un problème de digestion
Pour fonctionner, l’organisme a besoin de plusieurs types de nutriments : des protéines, des lipides et des glucides, des vitamines, des minéraux et des oligo-éléments, des antioxydants, des polyphénols, des acides gras oméga 3 et oméga 6… Ces molécules sont indispensables à la santé et au bon fonctionnement du corps humain, et permettent de répondre à plusieurs besoins physiologiques (croissance, développement des os et des muscles, entretien des tissus, apport énergétique, régulation métabolique…).
La digestion est le processus qui permet de transformer les aliments en nutriments assimilables par l’organisme. Elle implique différents organes (bouche, estomac, intestin grêle et gros intestin), et plusieurs actions mécaniques et chimiques de transformation (mastication des aliments, brassage et fractionnement, assimilation). Une fois la majorité des nutriments absorbée au niveau de l’intestin grêle, les substances indigestes se retrouvent à l’entrée du gros intestin (ou colon). Il sécrète du mucus et absorbe l’eau des matières non digérées, pour former les selles. Les selles sont ainsi composées des parties indigestes des aliments, de cellules de la paroi intestinale et d’une grande quantité de bactéries (des bactéries de la flore intestinale). Elles passent ensuite dans le rectum, ce qui provoque le besoin de déféquer. Situé à l’extrémité du tube digestif, l’anus permet enfin de les évacuer.
Mais plusieurs facteurs peuvent avoir une influence sur le bon fonctionnement de ce processus long et complexe : la digestion est plus difficile, ce qui provoque l’apparition de symptômes plus ou moins désagréables. Un épisode de constipation survient lorsque les résidus alimentaires restent trop longtemps dans le colon, et ne progressent pas assez rapidement vers le rectum (pour être évacués). L’eau des selles est absorbée par le colon : les selles durcissent et s’accumulent dans le colon, devenant alors plus difficiles à évacuer.
Plusieurs facteurs en cause
La constipation peut se manifester sous forme d’épisode isolé : elle est alors souvent due à une modification occasionnelle de l’alimentation (en voyage ou en cas de régime, par exemple), à une immobilisation prolongée (en cas de maladie ou d’hospitalisation) ou encore au stress. Certains états particuliers peuvent aussi avoir une influence sur le transit et favoriser une constipation passagère (les modifications hormonales à la ménopause ou pendant les cycles menstruels, les derniers mois de grossesse, le fait de se retenir…).
Lorsqu’ils deviennent plus fréquents, les épisodes de constipation sont généralement causés par plusieurs facteurs associés : une alimentation déséquilibrée (l’alimentation n’est pas assez riche en fibres), un manque d’hydratation (la personne ne boit pas assez pendant la journée) et une activité physique insuffisante (la sédentarité favorise la constipation, notamment chez les personnes âgées ou à mobilité réduite).
D’autres facteurs peuvent parfois être en cause, comme l’existence d’une maladie neurologique (sclérose en plaques, maladie de Parkinson, neuropathie périphérique…) ou la prise de certains médicaments (certains antidouleurs, diurétiques, antidépresseurs, anticonvulsivants, médicaments contre l'acidité gastrique). Le syndrome de l’intestin irritable (colopathie fonctionnelle) peut aussi être responsable d’une constipation chronique. Si cela reste plus rare, d’autres maladies peuvent enfin être en cause (cancer colorectal, diverticulose, diabète, hypothyroïdie, dépression, troubles anxieux…).
Que faire en cas de constipation ?
Si elle est responsable de symptômes désagréables, une constipation occasionnelle reste généralement bénigne et anodine. En cas de constipation passagère, les symptômes se manifestent de manière soudaine et isolée, mais disparaissent rapidement. Adopter certaines mesures simples permet généralement de les soulager rapidement.
Modifier certaines habitudes
Que faire pour soulager une constipation régulière ? Pour rétablir un bon transit et une bonne évacuation des selles au quotidien, il est recommandé d’adopter de bons réflexes hygiéno-diététiques :
- consommer plus de fibres alimentaires : plusieurs aliments sont particulièrement riches en fibres (les fruits et les légumes, les céréales et les légumineuses complètes, les pruneaux, les noix…). Ajoutés à l’alimentation, le son de blé et les graines de lin ou de psyllium permettent aussi d’augmenter sa teneur en substances de lest. Il est également recommandé d’éviter les aliments trop gras et trop sucrés ;
- boire au moins 1,5 litre d’eau ou de liquide par jour : pour s’hydrater correctement (et suffisamment), il est possible de consommer de l’eau, des tisanes, des soupes ou des jus de fruits (à limiter néanmoins, à cause de leur teneur importante en sucre). En cas de constipation passagère, il est aussi recommandé de privilégier les eaux minérales riches en minéraux (en magnésium, notamment) ;
- faire de l’exercice : l’activité physique permet d'améliorer le transit, et de soulager plus rapidement les épisodes de constipation (notamment lorsque l’exercice physique sollicite les muscles abdominaux). Pour rester en bonne santé de manière générale, il est recommandé de bouger tous les jours (marcher au moins 30 minutes par jour, par exemple).
Il est aussi possible d’arrêter les médicaments responsables de la constipation, après avoir consulté son médecin ou son pharmacien.
Les autres mesures pour soulager la constipation
Que faire pour faciliter l’évacuation des selles pendant l’épisode de constipation ? Il est d’abord conseillé d’adopter une position plus adaptée aux toilettes, en surélevant ses pieds à l’aide d’un marchepied. Il ne faut jamais se retenir, prendre son temps et éviter de trop « pousser ». Pour favoriser l’expulsion des selles, il est aussi recommandé d’aller aux toilettes à heure fixe, entre 30 minutes et 1 heure après chaque repas (pour se synchroniser avec le réflexe gastro-intestinal).
Disponibles sans ordonnance, certains médicaments laxatifs permettent enfin de soulager la constipation : les laxatifs osmotiques (qui ramollissent les selles), les laxatifs de lest (qui modifient leur consistance), les laxatifs lubrifiants (qui facilitent leur glissement). Avant d’y avoir recours, demandez toujours conseil à votre médecin ou à votre pharmacien.
Quand consulter ?
Que faire en cas de constipation chronique chez l'adulte ou l'enfant, la personne âgée ou la femme enceinte ? Si elle s’installe progressivement sur le long terme, la constipation peut être responsable de certaines complications (des hémorroïdes, une fissure anale, une occlusion intestinale, une incontinence anale, une rétention urinaire, des rectorragies).
Il est donc important de consulter son médecin en cas de maladie chronique, ou lorsque la constipation est accompagnée de certains symptômes (sang dans les selles, douleurs abdominales ou vomissements, ballonnements et incapacité à émettre des gaz, fièvre ou frissons). Il faut aussi consulter si l’émission des selles s’accompagne de glaires abondantes, si la constipation survient de manière inopinée et prolongée, si elle alterne avec des diarrhées ou si elle apparaît suite à la prise d’un nouveau traitement.
Pour confirmer le diagnostic de constipation et indiquer que faire à son patient, le médecin l’interroge sur ses symptômes et l’examine. Il peut parfois avoir recours à certains examens (radiographie de l’intestin, coloscopie…). Le traitement consiste généralement à adopter de nouvelles habitudes alimentaires et une bonne hygiène de vie. Si ces mesures ne suffisent pas à rétablir un bon transit, il peut prescrire un traitement par laxatifs : des laxatifs osmotiques, de lest ou lubrifiants. Il peut aussi prescrire des laxatifs stimulants, qui permettent d’augmenter la motricité intestinale (présentant plusieurs effets secondaires, ils sont pris sur une courte durée). Les laxatifs par voie rectale permettent enfin de déclencher rapidement le besoin d’aller à la selle.
D’autres traitements peuvent parfois être prescrits en cas de constipation chronique : des séances de rééducation périnéale par biofeedback permettent par exemple de rééduquer la motricité rectale. Des injections de toxine botulinique sont parfois envisagées, pour traiter une constipation d’origine rectale. Une intervention chirurgicale peut enfin être recommandée (en cas de prolapsus).
Sources :
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/constipation-adulte
https://www.vidal.fr/maladies/estomac-intestins/constipation-adulte.html
