Embolie pulmonaire : l’importance du traitement anticoagulant
L’embolie pulmonaire survient lorsqu’un caillot de sang – dans 30% des cas lié à une thrombose veineuse profonde – obstrue une ou plusieurs artères pulmonaires. Elle peut avoir des conséquences graves et elle est mortelle dans 1 cas sur 10.
Après un premier épisode d’embolie pulmonaire, le risque de récidive est important. Pour le réduire, il est primordial de suivre un traitement anticoagulant. En fluidifiant le sang, celui-ci permet d’éviter la formation de nouveaux caillots.
Embolie : des risques de récidive variables
Les risques de récidive après une première embolie varient en fonction des causes :
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Lorsqu’elle survient à la suite d’un facteur provoquant (chirurgie, traumatismes sévères des membres inférieurs, immobilisation prolongée, contraception œstroprogestative, grossesse), le risque de récidive après 3 mois de traitement anticoagulant est très faible (moins de 3% par an).
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Lorsque l’embolie apparaît en l’absence de ces facteurs provoquant, le risque de récidive après 3 mois de traitement est par contre élevé : de l’ordre de 9 à 10% dans l’année qui suit l’arrêt du traitement.
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Lorsque l’embolie est liée à un cancer – qui peut favoriser la formation de caillot notamment en modifiant la coagulabilité du sang –, le risque est élevé après l’arrêt du traitement mais également lorsque celui-ci est administré.
Anticoagulants après une embolie : des durées de traitement variables
La durée du traitement par anticoagulant doit être adaptée en fonction du contexte dans lequel survient l’embolie pulmonaire.
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Lorsqu’elle est due à un facteur provoquant, un traitement anticoagulant est généralement instauré durant les 3 à 6 mois qui suivent l’incident.
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En cas de cancer, la prise d’anticoagulants est recommandée 6 mois minimum et tant que le cancer est actif ou nécessite un traitement.
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En l’absence de facteur provoquant, le traitement est conseillé 6 mois ou à vie.
Tant que le traitement est maintenu, les taux de récidive sont extrêmement faibles. Mais une fois le traitement interrompu, que ce soit après 6 ou après 24 mois de traitement, le risque redevient élevé.(1) Traiter plus de 6 mois n’a donc d’intérêt que si le traitement est maintenu à vie. Cette dernière solution doit être privilégiée lorsque certains facteurs favorisent le risque de récidive : une première embolie d’emblée sévère, certains facteurs biologiques (comme le déficit en antithrombine)…
Embolie : quelques bons gestes pour éviter la récidive
Certaines précautions peuvent contribuer à limiter le risque de survenue de récidive :
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éviter les alitements prolongés,
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éviter la prise de contraceptifs œstroprogestatifs ou de traitements hormonaux substitutifs de la ménopause si un antécédent familial d’embolie pulmonaire est présent,
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lutter contre l’obésité,
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boire une quantité suffisante d’eau pour améliorer la circulation
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évoquer le risque avant toute intervention chirurgicale avec le médecin
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surélever les pieds du lit de 3 cm pour réduire le risque de thrombose veineuse profonde
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le port de bas de contention peut être utile, lorsque l’embolie est liée à une thrombose veineuse profonde ou dans certaines situations à risque comme les longs trajets en avion. Si le trajet dure plus de quatre heures, il est par ailleurs conseillé de déambuler de temps à autre dans l’avion, de bien s’hydrater et d’éviter la consommation d’alcool.
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Source
Merci au Pr Francis Couturaud, pneumologue au CHU de Brest et chercheur Inserm.
(1) Francis Couturaud, et al. Six Months vs Extended Oral Anticoagulation After a First Episode of Pulmonary Embolism. The PADIS-PE Randomized Clinical Trial. JAMA. 2015; 314 (1): 31-40.