Un caillot dans les poumons
L’embolie pulmonaire serait responsable de 5 à 10 % des décès en milieu hospitalier. Elle survient lorsqu’un caillot de sang obstrue une ou plusieurs artères pulmonaires – les artères qui ramènent le sang du cœur vers les poumons pour qu’il s’y charge en oxygène.
La gravité d’une embolie dépend principalement de la localisation du caillot. Les artères pulmonaires sont semblables à un arbre dont les branches se ramifient. Si le caillot est plus petit, il s’enfonce plus profondément dans ces ramifications avant de bloquer la circulation sanguine et de provoquer l’embolie. Dans ce cas, une petite partie seulement des poumons n’est plus irriguée.
Par contre si le caillot est plus imposant, il peut boucher des artères plus larges, empêchant alors une plus grande partie du poumon de remplir sa fonction.
La thrombose veineuse profonde (TVP) en cause ?
L’embolie pulmonaire est souvent liée à une thrombose veineuse profonde (ou phlébite) au cours de laquelle un caillot de sang obstrue une veine des membres inférieurs.
Si ce caillot migre dans la circulation sanguine et se déplace jusqu’au poumon, il peut en effet être à l’origine d’une embolie pulmonaire.
Embolie pulmonaire et thrombose veineuse profonde sont d’ailleurs considérées comme deux manifestations d’une même entité : la maladie veineuse thrombo-embolique.
Embolie pulmonaire : des facteurs de risque
Certains facteurs augmentent le risque de développer une embolie pulmonaire :
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immobilisation suite à la pose d’un plâtre ou à un long voyage en avion ;
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alitement prolongé suite à une affection médicale aiguë ;
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prise de contraceptifs oestro-progestatifs ;
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obésité ;
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grossesse ;
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traumatismes des membres inférieurs ;
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interventions chirurgicales.
L’embolie peut également être la conséquence d’une hypercoagulabilité : une tendance du sang à trop coaguler et donc à former des caillots. Des anomalies biologiques du sang peuvent alors être en cause.
Certaines maladies, comme les cancers peuvent également favoriser une hypercoagulabilité et donc l’embolie pulmonaire.
Si vous avez des antécédents d’embolie pulmonaire ou êtes à risque de thrombose veineuse profonde, certains gestes peuvent vous aider à limiter le risque, comme le port de bas de contention par exemple.
Embolie pulmonaire : des symptômes variables
Les symptômes de l’embolie pulmonaire surviennent subitement et sont peu évocateurs :
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essoufflement et difficultés à respirer soudains ;
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douleur thoracique en « coup de poignard » qui augmente à l’inspiration ;
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plus rarement de la toux, avec la présence d’un peu de sang dans le crachat.
Si l’embolie pulmonaire est plus sévère, d’autres symptômes peuvent également survenir : un état de choc ou des malaises par exemple.
Dans 1 cas sur 10, l’embolie pulmonaire est mortelle.
Embolie pulmonaire : un diagnostic en urgence
L’embolie pulmonaire est une urgence diagnostique et thérapeutique !
La première étape pour poser le diagnostic ? Évaluer la probabilité clinique qu’il s’agisse bien d’une embolie pulmonaire en se basant sur la présence de certains symptômes et de certains facteurs de risque.
Si la probabilité est faible ou modérée, une analyse sanguine permet de doser les D dimères, un composant révélateur de la présence de caillots sanguins.
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Si ce dosage est négatif, l’embolie pulmonaire est exclue.
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Si le taux de D dimères est par contre élevé ou si le risque qu’il s’agisse d’une embolie semble d’emblée important, un traitement anticoagulant est immédiatement initié et d’autres examens sont réalisés.
Un angioscanner, un examen qui permet de visualiser les artères pulmonaires à l’aide d’un produit de contraste et de rayons X, permet par exemple de confirmer ou d’infirmer définitivement le diagnostic.
Embolie pulmonaire : des traitements anticoagulants
Dans la plupart des cas, les traitements de l’embolie pulmonaire sont des anticoagulants. Ceux-ci aident l’organisme à se débarrasser du caillot mais également à prévenir une éventuelle récidive.
Ils doient être pris entre trois mois et deux ans, et parfois à vie.
Dans les cas les plus graves, une thrombolyse peut s’avérer nécessaire. On injecte alors un médicament – le même que celui utilisé en cas d’accidents vasculaires cérébraux par exemple – qui désagrège directement le caillot.
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Source
Interview du Dr Anne Prud’Homme, chef du service de pneumologie au Centre Hospitalier de Bigorre à Tarbes et du Pr Francis Couturaud, pneumologue au CHU de Brest et chercheur Inserm.