Le paludisme (ou malaria) est dû à l’infection de l’organisme par des parasites du genre Plasmodium, transmis par la piqûre d’un moustique infecté. Si cette maladie parasitaire provoque en général l’apparition de symptômes pseudo-grippaux, elle peut aussi être à l’origine de graves complications. Il existe aujourd’hui plusieurs médicaments antipaludiques (qui permettent de bloquer la multiplication des parasites et d’éviter les formes graves de la maladie). Ils peuvent parfois être utilisés en prévention (chimioprophylaxie).
Alors comment attrape-t-on le paludisme ? Pourquoi est-il important de consulter dès l’apparition des premiers symptômes ? Et quels sont les traitements les plus efficaces contre le paludisme aujourd’hui ?
Le paludisme, une infection parasitaire potentiellement mortelle
Infection des globules rouges, le paludisme est provoqué par l’une des cinq espèces de protozoaire Plasmodium (Plasmodium falciparum, Plasmodium vivax, Plasmodium ovale, Plasmodium malariae et Plasmodium knowlesi). Ces parasites sévissent dans différentes zones géographiques, et provoquent différents symptômes. Espèce la plus pathogène, le P. falciparum est responsable de la majorité des décès liés au paludisme.
Le parasite est transmis à l’homme par la piqûre d’un moustique femelle (l’anophèle femelle). Le moustique pique d’abord une personne infectée : il transmet ensuite le parasite à une personne saine, lorsqu’il la pique pour se nourrir de son sang.
Lorsqu’il pénètre dans l’organisme humain, le parasite migre vers les cellules du foie, se multiplie et donne naissance à des dizaines de milliers de nouveaux parasites (phase de reproduction asexuée). Les parasites pénètrent dans les globules rouges et se multiplient à nouveau. Lorsque les globules rouges éclatent, les parasites sont libérés dans le sang et infectent de nouveaux globules rouges (c’est à ce moment-là que les premiers symptômes apparaissent). Lorsqu’il pique la personne infectée, le moustique ingère des parasites sexués, qui se fécondent et engendrent de nouveaux parasites. Ces derniers migrent dans les glandes salivaires du moustique et sont transmis à une personne saine à la prochaine piqûre. Un nouveau cycle démarre.
Le parasite peut aussi être transmis par la mère à son fœtus (par voie transplacentaire, en fin de grossesse). Dans des cas qui restent rares, la transmission peut enfin avoir lieu au cours d’une transfusion sanguine.
Pourquoi faut-il réagir dès les premiers symptômes ?
Le parasite provoque l’apparition de symptômes qui font penser à ceux d’une grippe. Mais la maladie peut aussi être à l’origine de complications sévères, parfois mortelles. Le traitement contre le paludisme permet d’éviter la multiplication des parasites dans l’organisme, l’évolution vers une forme grave de la maladie et la transmission du paludisme. Or, plus le diagnostic est posé tôt, plus la mise en place du traitement anti paludisme est rapide et efficace.
Quels sont les symptômes qui doivent alerter ?
Le paludisme provoque généralement des symptômes semblables à ceux de la grippe : de la fièvre et des frissons, des tremblements, des douleurs musculaires (courbatures), une fatigue et une sensation de malaise général, parfois des troubles digestifs (nausées et vomissements, diarrhées, douleurs abdominales…).
Mais le paludisme peut aussi provoquer une anémie ou une hypertrophie de la rate, et atteindre le cœur, le cerveau, les poumons ou les reins. Un paludisme grave peut ainsi toucher un organe vital et engendrer des complications sévères : détresse respiratoire, insuffisance rénale, complications neurologiques avec confusion, convulsions, troubles du comportement, perte de conscience et coma. Ces complications peuvent laisser place à des séquelles durables, ou entraîner le décès du patient.
Les premiers symptômes apparaissent généralement entre 8 et 30 jours après l’infection. Si la personne qui souffre de fièvre ou de plusieurs symptômes pseudo-grippaux rentre d’une zone à risque (zone tropicale d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine ou d’Amérique du Sud), elle doit immédiatement consulter son médecin traitant.
Comment le médecin confirme-t-il le diagnostic de paludisme ?
Après avoir interrogé son patient sur ses symptômes, et s’il suspecte une infection par un parasite du genre Plasmodium, le médecin peut effectuer un test de diagnostic rapide du paludisme. Il prélève une goutte de sang au bout du doigt de son patient, qu’il dépose sur une bandelette réactive. Si la bandelette change de couleur, cela signifie que la personne est infectée par ce type de parasite.
Le diagnostic peut également être confirmé par le biais d’un bilan sanguin (avec observation d’un échantillon de sang au microscope, permettant de mettre en évidence la présence, ou non, de protozoaires). Cela permet d’identifier l’espèce responsable de la maladie, pour ensuite prescrire le traitement le plus adapté.
Quels sont les traitements du paludisme ?
Il existe aujourd’hui plusieurs molécules antipaludiques. Prescrit dès l’apparition des premiers symptômes, le traitement contre le paludisme permet de stopper la multiplication des parasites dans l’organisme, et donc d’éviter l’évolution et l’aggravation de la maladie. En cas de voyage dans une zone à risque, il est parfois utile d’opter pour un traitement anti paludisme préventif (chimioprophylaxie). Mais il faut surtout éviter à tout prix les piqûres de moustique.
Les traitements antipaludéens
Dès que le diagnostic est confirmé, le médecin prescrit un traitement antipaludéen. Plusieurs médicaments permettent d’éviter l’évolution du paludisme vers une forme grave et des symptômes sévères. Le médecin choisit la molécule en fonction des symptômes ressentis, de l’espèce de Plasmodium responsable de l’infection et de sa résistance au traitement (qui dépend de la région dans laquelle la personne a contracté l’infection). Il interroge également son patient sur ses antécédents médicaux et sur ses éventuels traitements (les antipaludéens peuvent provoquer des effets secondaires et interagir avec d’autres traitements).
Pris par voie orale, le traitement peut aussi être administré par voie intraveineuse. Aujourd’hui, le traitement le plus efficace contre les P. falciparum repose sur une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine : artéméther-luméfantrine (en un seul comprimé), ou atovaquone-proguanil pour traiter un paludisme sans complications. Bien toléré, ce traitement agit en général rapidement. En cas de paludisme grave, le traitement repose sur l’administration d’artésunate par voie intraveineuse.
Mais certains parasites peuvent résister au médicament (notamment les Plasmodium vivax et les Plasmodium ovale, qui restent dans le foie). Un traitement spécifique peut être prescrit chez les personnes infectées par ces espèces, à base de chloroquine, de primaquine (pris tous les jours pendant 14 jours) ou de tafénoquine (en 1 prise chez les adultes). Ces médicaments permettent de tuer les parasites qui persistent dans le foie. Ils présentent néanmoins des effets secondaires graves, et ne sont pas toujours efficaces.
Le traitement curatif peut aussi être démarré avant l’obtention des résultats du test, lorsque le médecin suspecte un cas de paludisme (le test peut ne pas détecter le parasite, et la maladie peut être mortelle si elle n’est pas traitée). Pris sur quelques jours, il associe un dérivé de l’artémisinine et une autre molécule (luméfantrine, pipéraquine…). Cette bithérapie permet d’améliorer l’efficacité du traitement et de réduire les risques de résistance du parasite.
L’état de la personne infectée s’améliore en général au bout de 24 à 48 heures après le début du traitement antipaludéen. S’il s’agit d’une infection par l’espèce Plasmodium falciparum, la fièvre peut néanmoins persister pendant plusieurs jours.
La chimioprophylaxie pour prévenir le paludisme
Certains médicaments antipaludiques peuvent aussi être utilisés en prévention : pris avant un voyage dans une zone endémique, ils empêchent la multiplication des parasites dans l’organisme en cas de piqûre. La prévention par la prise de médicaments est aussi désignée sous le terme de chimioprophylaxie. Elle est notamment recommandée chez les enfants et les femmes enceintes.
Le médicament antipaludique est nécessairement prescrit par un médecin (il ne faut jamais utiliser un traitement précédemment utilisé ou le traitement d’une autre personne). Pour prescrire le traitement le plus adapté, le médecin prend en compte le pays de destination, la saison (avec un risque plus élevé pendant la saison des pluies), l’altitude et la durée du voyage (plus d’un mois), le profil du voyageur (âge, éventuelle grossesse, prise d’autres traitements…), et les modalités du séjour (dans une grande ville ou en pleine nature).
Plusieurs molécules peuvent être utilisées, et parfois associées entre elles : les plus efficaces sont l’atovaquone-proguanil, la doxycycline et la méfloquine. D’autres options sont possibles (chloroquine, hydroxychloroquine, primaquine et tafénoquine). Les médicaments ne doivent jamais être achetés sur place (il existe en effet de nombreuses contrefaçons), et la posologie et la durée du traitement doivent être respectés. Pour une meilleure tolérance, les médicaments doivent être pris pendant ou après les repas, avec beaucoup d’eau. C'est le médecin qui indique à son patient quand prendre ce traitement anti paludisme.
Les autres mesures de protection contre les moustiques
La chimioprophylaxie antipaludique ne garantit pas une protection absolue contre le paludisme. Elle doit impérativement être complétée par l’adoption de mesures simples, qui visent à empêcher les piqûres de moustique la nuit.
Dans les zones à risque, il est notamment recommandé de :
- porter des vêtements longs et couvrants (chemises à manches longues, pantalons longs) ;
- utiliser des moustiquaires sur les portes et les fenêtres, et autour des lits (les moustiques piquent surtout la nuit) ;
- utiliser des produits répulsifs et des insecticides en spray, dans les habitations et à l’extérieur.
Les pays dans lesquels la maladie circule activement peuvent aussi mettre en place certaines mesures environnementales, pour éviter la prolifération de moustiques : assainissement des zones humides et stagnantes, épandage d’insecticides, installation de moustiquaires dans les lieux publics…
Et le vaccin contre le paludisme ?
Depuis fin 2021, l’OMS recommande une large utilisation du vaccin antipaludiqueRTS,S / AS01, chez les enfants qui vivent dans certaines zones endémiques (lorsqu’il existe un risque de transmission modéré à fort du paludisme à Plasmodium falciparum). Considéré comme sûr, le vaccin permet de réduire fortement l’évolution de la maladie vers un paludisme grave chez le jeune enfant.
L’efficacité de ce vaccin reste aujourd’hui modérée, le parasite évoluant plusieurs fois au cours de sa vie. Il doit donc être utilisé en complément des autres mesures de prévention contre le paludisme.
Sources :
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/paludisme
https://www.inserm.fr/dossier/paludisme/
https://www.vidal.fr/sante/voyage/avant-voyage/prevention-paludisme.html
https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/infections/infections-parasitaires-protozoaires-extra-intestinaux/paludisme