Médicaments et TDAH
Est-ce que tous les enfants atteints d’un Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) doivent prendre des médicaments ?
Eric Konofal : Non ! Le traitement médicamenteux est réservé aux cas (très) sévères de TDAH. C’est-à-dire lorsque les symptômes sont très présents, à savoir tout au long de la journée, et que l’enfant lui-même, comme sa famille, en souffrent. Dans tous les cas, la médication s’inscrit toujours dans une prise en charge beaucoup plus globale et multidisciplinaire du TDAH. Lorsque l’enfant a déjà développé d’autres symptômes (perte d’estime de soi, anxiété sociale ou phobie scolaire), une thérapie cognitivo-comportementale, individuelle ou encore un suivi par un logopède ont leur place dans le dispositif thérapeutique.
Comment fonctionnent les médicaments contre le TDAH ?
En France, trois médicaments peuvent être prescrits pour le traitement des symptômes du TDAH : le Concerta®, le Quasym® et la Ritaline®.
Ils ont tous comme principe actif le méthylphénidate, une substance psychostimulante qui agit en redirigeant correctement la dopamine dans le cerveau.
Le méthylphénidate n’augmente pas la production de dopamine, il ne l’inhibe pas non plus : il se contente de l’aiguillonner, ce qui a pour effet « d’éveiller le cortex » et de permettre à l’enfant de fixer son attention. Les enfants atteints de TDAH ne sont pas dépourvus d’attention mais ils n’arrivent pas à sélectionner adéquatement l’objet de leur attention, ni à diriger et à maintenir celle-ci.
Dès la première prise, les effets peuvent sembler « spectaculaires » aux parents qui disent : « Mon enfant a complètement changé ! » En fait, non : leur enfant devient juste ce qu’il aurait naturellement été s’il ne souffrait pas de TDAH.
TDAH : quel médicament choisir ?
C’est le médecin spécialiste qui choisit le médicament le plus adéquat en fonction de la sévérité du trouble attentionnel, mais aussi du profil du patient. C’est du cas par cas. Par exemple, si les symptômes ne se manifestent pas avant la fin de la matinée, le Concerta© à libération progressive et prolongée peut être indiqué.
A l’inverse, pour un enfant turbulent dès le saut du lit, la Ritaline© à action immédiate peut être préférable.
Le Quasym© ou la Ritaline LP (à libération prolongée) associent ces deux types de libération.
Dans tous les cas, le choix de la formulation et la posologie du médicament devraient toujours se faire sur base d’un bilan multidisciplinaire complet.
Ces médicaments contre le TDAH sont-ils dangereux ?
Bien prescrits et pris correctement, non, ces médicaments ne sont pas dangereux. Ils ne provoquent pas d’accoutumance. Les effets secondaires (indésirables) surviennent en cas de surdose ou si le méthylphénidate est administré à des personnes qui ne souffrent pas de TDAH. Elle peut alors induire des troubles de l’endormissement, de la température corporelle, de l’appétit, du rythme cardiaque, de la pression artérielle, etc. qui doivent être surveillés par le médecin prescripteur.
Est-ce un traitement à vie ?
Pas nécessairement. Parfois, le mauvais fonctionnement des mécanismes de l’attention est tellement bien corrigé que le patient peut arrêter son traitement après quelques années. Certaines stratégies de compensation contribuent aussi à l’arrêt du médicament. Ca dépend du suivi, des capacités cognitives de l’enfant, de l’éducation… Là aussi, c’est du cas par cas.
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Source
Interview du Dr Eric Konofal, Praticien Hospitalier, Centre Pédiatrique des Pathologies du Sommeil, Centre National de Référence de la Narcolepsie et des Hypersomnies Rares, Hôpital universitaire Robert-Debré, Paris.