Nausées et vomissements, remontées acides et brûlures d’estomac, inconfort digestif et constipation… Pendant la grossesse, la digestion peut être plus difficile, et être à l’origine de différents types de symptômes. Pour s’adapter au développement du fœtus, l’organisme de la femme enceinte subit en effet de nombreux changements. Or, ces adaptations peuvent être responsables de troubles digestifs plus ou moins inconfortables.
Alors quels sont les problèmes de digestion les plus fréquents chez la femme enceinte ? À quoi sont-ils dus ? Et comment les éviter ou les soulager ?
Les troubles digestifs, fréquents chez la femme enceinte
Pendant la grossesse (au 1er, 2ème ou 3ème trimestre), la digestion peut être plus lente ou plus difficile. La femme enceinte connaît en effet d’importantes variations hormonales et plusieurs changements physiques, qui peuvent être responsables de différents troubles digestifs.
Ballonnements, nausées, brûlures d’estomac et constipation
Une mauvaise digestion (ou « dyspepsie ») peut provoquer différents symptômes chez la femme enceinte, en début, milieu ou fin de grossesse. Plus ou moins inconfortables et gênants, ils peuvent se manifester de manière isolée ou après chaque repas :
- un inconfort chronique au niveau de l’estomac, une sensation de lourdeur juste après un repas (ou « détresse postprandiale »), l'impression d'avoir trop mangé dès le début du repas ;
- des ballonnements intestinaux et des gaz (gargouillis intestinaux, impression de tension dans le ventre, flatulences) ;
- des brûlures d’estomac (brûlures épigastriques, dans la région située entre le sternum et l’ombilic), une sensation très douloureuse derrière le sternum et dans la gorge. Dues à la pression exercée par l’utérus et le fœtus sur l’estomac, ces remontées acides peuvent être accompagnées de renvois ou d’une toux chronique. On parle aussi de reflux gastro-œsophagien (RGO) ;
- des nausées et des vomissements : fréquentes en début de grossesse, les nausées se manifestent par une sensation désagréable au niveau de l'estomac et de la gorge, faisant penser à une envie de vomir. Plus ou moins intenses, elles sont parfois accompagnées d'une faiblesse générale et d'un appétit diminué. Elles peuvent survenir uniquement le matin (« nausées matinales »), ou à tout moment de la journée. Plus ou moins fréquentes, elles s’accompagnent, ou non, de vomissements ;
- une constipation : en plus de selles moins fréquentes (moins de 3 par semaine), la femme enceinte souffre de ballonnements, de maux de ventre et de crampes abdominales, ou d’une sensation de lourdeur désagréable. Fréquente chez la femme enceinte, la constipation peut aussi être responsable de douleurs à la défécation, et parfois d’hémorroïdes.
Pourquoi la digestion est-elle plus difficile pendant la grossesse ?
Dès le début de sa grossesse, l’organisme de la femme connaît d’importantes variations hormonales, avec une augmentation du taux de certaines hormones dans le sang (l’hormone chorionique gonadotrope - hCG, les œstrogènes et la progestérone). Ces changements hormonaux peuvent être responsables de plusieurs troubles digestifs (les nausées et vomissements, notamment). La progestérone a un effet relaxant sur les fibres musculaires lisses (utérus et intestin) : si cela permet de réduire le risque de contraction de l’utérus - et donc de fausse-couche - cela a aussi tendance à ralentir le transit intestinal, et à engendrer des ballonnements et des épisodes de constipation. Le tonus du sphincter œsophagien est aussi diminué, ce qui peut favoriser les brûlures d’estomac et les remontées acides.
Pendant les mois qui suivent, la croissance de l’utérus et du fœtus peut aussi provoquer un inconfort digestif ou d’autres symptômes gênants. La pression exercée sur l’estomac et l’appareil digestif est trop importante. Cela peut perturber le processus de digestion et engendrer l’apparition de plusieurs symptômes : un inconfort chronique au niveau de l’estomac, des remontées acides et des reflux très désagréables, des nausées, des problèmes de constipation…
Parmi les autres causes d’une digestion difficile pendant la grossesse, on retrouve :
- le stress émotionnel et l’anxiété qui peuvent accompagner l’annonce de la grossesse ou l’arrivée imminente de l’enfant ;
- la réduction de l’activité physique ;
- la prise de suppléments de fer (le fer a tendance à ralentir le transit, et à favoriser la constipation).
Comment réagir ?
Adoptées au quotidien, de nouvelles mesures hygiéno-diététiques permettent souvent d’éviter ou de soulager certains troubles digestifs. Alors que faire en cas de digestion difficile pendant la grossesse ? Comment soulager une indigestion ou éviter la constipation ? Et quand consulter ?
Adapter son régime alimentaire
Pour soulager les symptômes d'une digestion difficile pendant la grossesse (les nausées, les vomissements et les remontées acides), il est conseillé de :
- opter pour des petits repas, plus légers et plus fréquents : l’estomac ne doit être ni trop vide, ni trop plein. Pour cela, il faut éviter les repas copieux, et opter pour des petits repas légers, pris plusieurs fois par jour (avec des petites portions, plutôt froides). Il est aussi conseillé de manger avant d’avoir faim et en prenant son temps, et d’éviter les aliments gras, épicés, acides ou très odorants (privilégier les aliments non irritants comme la banane, le riz, la compote de pommes ou les toasts grillés). Pour soulager ou éviter les nausées matinales, il est possible de manger un ou deux biscuits avant de se lever. Il est enfin conseillé de prendre le dernier repas de la journée au moins 3 heures avant de se coucher (surtout si, pendant la grossesse, le digestion est plus difficile le soir), et de ne pas s’allonger juste après un repas ;
- boire régulièrement : en cas de vomissements fréquents, il faut compenser les pertes en eau et en sels minéraux et éviter la déshydratation. Pour cela, il est important de consommer des boissons sucrées ou salées, tout au long de la journée. Là encore, il faut privilégier des petites quantités, et boire par petites gorgées.
Pour éviter la constipation pendant la grossesse, il faut aussi adopter de nouvelles habitudes en matière d’alimentation :
- consommer plus de fibres alimentaires : plusieurs aliments sont particulièrement riches en fibres (les fruits frais et les légumes verts, les céréales et les légumineuses complètes, les pruneaux, les noix…). Les fibres permettent de favoriser le transit et de limiter les épisodes de constipation chez la femme enceinte. Il est aussi recommandé d’éviter les aliments trop gras et trop sucrés, ainsi que le riz et les carottes ;
- boire beaucoup d’eau (au moins 2 litres par jour) : pour s’hydrater correctement (et suffisamment), il est possible de consommer de l’eau, des tisanes, des soupes ou des jus de fruits (à limiter néanmoins, à cause de leur teneur importante en sucre). En cas de constipation passagère, il est aussi recommandé de privilégier les eaux minérales riches en magnésium.
Modifier certaines habitudes du quotidien
Pour soulager les nausées du début de grossesse, il est conseillé de sortir prendre l’air dès que les premiers symptômes se manifestent. Respirer à fond pendant quelques instants peut aussi aider à faire passer l’envie de vomir (en inspirant profondément et rapidement une dizaine de fois d’affilée). Détourner son attention vers une activité agréable et plaisante peut aussi être efficace contre les nausées (regarder un film, écouter de la musique…).
En cas de brûlures d’estomac et de remontées acides, la femme enceinte doit d’abord éviter de s’allonger juste après les repas (le dîner doit par exemple être pris trois heures avant de se coucher). Elle doit aussi éviter les efforts trop importants après avoir mangé, et ne pas se pencher en avant (une position qui, mécaniquement, augmente le risque de reflux gastro-œsophagien). Surélever la tête du lit peut aussi aider à soulager ou à prévenir les remontées acides.
Pour prévenir les symptômes d'une digestion difficile pendant la grossesse, il est également recommandé de pratiquer une activité physique de manière régulière. Faire de l’exercice permet en effet d’améliorer le transit, et d’éviter les remontées acides ou la constipation. Cela permet aussi de diminuer le stress et l’anxiété (parfois responsables des troubles digestifs). Pour plus d’efficacité, il faut privilégier les exercices physiques qui sollicitent les muscles abdominaux (la marche, le vélo, la natation…). Bouger tous les jours est de toute façon indispensable pour rester en bonne santé (il suffit de marcher une trentaine de minutes par jour).
Si la femme enceinte est constipée, elle peut enfin modifier certaines de ses habitudes : aller aux toilettes à heure fixe pour se synchroniser avec le réflexe gastro-intestinal (environ 30 minutes après un repas), aller aux toilettes dès que l’envie se fait ressentir, prendre son temps, ne pas trop « pousser » pour éviter les hémorroïdes, utiliser un petit marchepied (pour soulever les pieds et faciliter la progression des selles dans le rectum et l’anus).
Quand consulter ?
S’ils restent généralement bénins et sans risque, les problèmes de digestion peuvent parfois être responsables de symptômes gênants et douloureux chez la femme enceinte. Ils peuvent aussi être le signe d’une maladie ou engendrer certaines complications (déshydratation ou malnutrition en cas de vomissements, hémorroïdes en cas de constipation, affaiblissement général…).
La femme enceinte profite d’un accompagnement médical dès ses premières semaines de grossesse. Elle peut donc discuter de ses symptômes digestifs avec son médecin (médecin généraliste ou gynécologue) ou avec sa sage-femme, et obtenir des conseils pour les soulager. En dehors des consultations classiques du suivi de grossesse, il est recommandé de consulter si :
- les nausées et vomissements surviennent après la 9ème semaine de grossesse : ils peuvent alors être le signe d’une infection ou d’une maladie, sans rapport avec la grossesse (une gastro-entérite ou une infection urinaire, plus rarement une obstruction intestinale ou une grave infection) ;
- les symptômes sont particulièrement intenses ou fréquents (nausées, vomissements, remontées acides, constipation), ils ont un véritable impact sur le quotidien ;
- les troubles digestifs s’accompagnent d’autres symptômes : bouche sèche et urines foncées, douleurs abdominales, diarrhées, fièvre, vomi sanglant, confusion ou faiblesse, troubles de l’élocution ou de la vision, somnolence…
Le médecin interroge sa patiente sur ses symptômes (intensité, date et circonstances d’apparition, fréquence et durée…) et sur ses antécédents médicaux. Il réalise ensuite un examen clinique complet et écarte certaines maladies ou complications. Il peut parfois avoir recours à des examens complémentaires (analyses de sang et d’urine, examens d’imagerie…).
Il peut ensuite prescrire le traitement adapté (des pansements gastriques, des laxatifs, des antiémétiques…). Certains médicaments ne doivent jamais être utilisés chez la femme enceinte (les laxatifs stimulants, par exemple). Il faut donc toujours demander conseil à son médecin ou à son pharmacien avant de prendre des médicaments enceinte.
Sources :
https://www.vidal.fr/maladies/estomac-intestins/digestion-difficile.html
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/dyspepsie-mauvaise-digestion
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/grossesse/alimentation-grossesse
https://www.vidal.fr/maladies/estomac-intestins/constipation-adulte/grossesse.html
