Même si elle reste rare, la béance du col de l’utérus est une complication de grossesse qui peut avoir de graves conséquences. Si elle n’est pas bien surveillée et prise en charge, cette condition peut en effet entraîner un accouchement prématuré ou une fausse couche. Elle doit donc être diagnostiquée à temps.
Alors à quoi est due cette ouverture prématurée du col de l’utérus ? Quels symptômes doivent alerter la femme enceinte ? Et peut-on éviter la béance du col pendant sa grossesse ?
Béance du col : de quoi parle-t-on ?
Dès le début de la grossesse, le col de l’utérus est normalement fermé. Mais il arrive parfois que le col de la femme enceinte ne soit pas correctement « verrouillé », et qu’il s’ouvre plus tôt que prévu. C’est ce que l’appelle une « béance du col ».
Une ouverture prématurée du col de l’utérus
Situé à la base de l’utérus, le col de l’utérus doit rester fermé pendant toute la durée de la grossesse, jusqu’à la naissance de l’enfant. En plus de retenir le fœtus à l’intérieur de l’utérus (et d’empêcher sa sortie prématurée), cela permet de le protéger des infections. À l’approche de l’accouchement et sous l’effet des contractions de l’utérus, le col commence à s’ouvrir naturellement. Et lorsqu’il est complètement dilaté, le bébé peut sortir.
Mais il arrive parfois que le col reste ouvert en début de grossesse, ou qu’il s’ouvre trop tôt ! En plus de favoriser l’intrusion d’agents pathogènes extérieurs, cette ouverture augmente le risque de fausse couche (avant 22 semaines) ou d’accouchement prématuré (après 22 semaines). Le fœtus n’est plus retenu correctement dans l’utérus, et la grossesse ne peut pas se dérouler comme prévu… Cette « béance du col » (ou « insuffisance cervicale ») survient généralement au cours du deuxième trimestre de grossesse.
À quoi est due cette ouverture prématurée ?
Chez la femme enceinte, la béance du col survient généralement lorsque le col de l’utérus est faible ou fragilisé. Mais qu'est-ce qui provoque la fragilité du col de l'utérus ? Même si elle reste reste la plupart du temps inexpliquée, plusieurs facteurs peuvent être en cause :
- un trouble congénital : la femme enceinte peut souffrir d’un trouble des tissus conjonctifs dès sa naissance, comme le syndrome d’Ehlers-Danlos (une maladie héréditaire rare qui fragilise les tissus). Même si cela reste très rare, elle peut aussi souffrir d’une malformation congénitale, avec un utérus de forme anormale ;
- un traumatisme antérieur : le col de l’utérus peut avoir été fragilisé par une intervention (une aspiration ou un curetage après une fausse couche ou une IVG), par un examen (une hystéroscopie), ou par des lésions subies pendant un précédent accouchement, une biopsie ou le traitement d’un cancer du col de l’utérus ;
- une pression intra-utérine excessive : une pression trop forte sur le col de l’utérus peut forcer sa dilatation. Cela provoque l'ouverture du col, et parfois un accouchement prématuré ;
- une fatigue excessive : si la femme enceinte a un rythme de vie trop intense, cela peut aussi déclencher ou aggraver l’ouverture prématurée du col.
Bon à savoir : certaines femmes enceintes présentent une béance du col sans cause apparente. Si elles ont déjà souffert de cette condition, elles ont aussi plus de risques qu’elle se répète lors des grossesses ultérieures.
Comment détecter une béance du col ?
Si la béance du col de l’utérus reste une condition rare (elle toucherait 1 femme sur 100 à 2000), elle nécessite une prise en charge adaptée pendant la grossesse. En cas de doute et face à certains signes, il est donc recommandé à la femme enceinte de consulter rapidement.
Quels sont les symptômes d'un col ouvert ?
Si la future mère a déjà présenté cette condition au cours d’une grossesse précédente (avec des complications, ou non), elle est susceptible d’en souffrir à nouveau. Son suivi de grossesse sera donc adapté dès le départ, avec la programmation d’examens réguliers.
Certains symptômes et signes avant-coureurs peuvent aussi aider à détecter une béance du col de l’utérus pendant la grossesse :
- une augmentation des pertes vaginales, plus liquides ;
- de légers saignements vaginaux, souvent rosés :
- une sensation de tension dans le vagin ;
- une pression, une pesanteur ou une vague douleur dans le bas-ventre ou le bas du dos ;
- des contractions de Braxton-Hicks (de « fausses » contractions, irrégulières et de courte durée).
Même si ces signes ne permettent pas forcément de savoir s’il s’agit d’une béance du col, ils doivent toujours alerter la femme enceinte, et l’amener à consulter rapidement un spécialiste.
Attention : la béance du col ne provoque parfois aucun symptôme notable, jusqu’à la survenue de complications plus graves (une fausse couche, ou la naissance prématurée de l’enfant). En cas de doute, il est donc indispensable de contacter son médecin ! Ce sont en effet les examens médicaux qui permettront de confirmer l’ouverture prématurée du col.
Quels examens pour confirmer le diagnostic ?
La béance du col est généralement diagnostiquée au moment de ses complications (une fausse couche ou un accouchement prématuré). Mais cette condition peut aussi être détectée à l’occasion d’un examen de routine mensuel (dans le cadre du suivi régulier de la femme enceinte). Et en présence de signes avant-coureurs ou d’antécédents d’insuffisance cervicale, le médecin programme également des examens de contrôle réguliers.
Le médecin (ou la sage-femme) qui ausculte la femme enceinte peut d’abord réaliser un toucher vaginal (avec son consentement). Cet examen lui permet d’évaluer la position du col, son ouverture et sa longueur, et de déterminer s’il est raccourci ou non.
Pour confirmer la béance du col, il peut avoir recours à une échographie endovaginale (à l’aide d’une sonde introduite dans le vagin). Cet examen d’imagerie permet de mesurer précisément la longueur et l’ouverture du col de l’utérus. S’il est court (il mesure moins de 4 cm de long), le médecin recommande alors une surveillance régulière (notamment si la femme présente un risque d’insuffisance cervicale).
Quels sont les traitements mis en place ?
La prise en charge de la béance du col de l’utérus varie en fonction du niveau d’ouverture du col, de l’avancement de la grossesse, des antécédents de la patiente et de la présence de contractions ou non. Plusieurs solutions peuvent être envisagées.
L’application de progestérone
Dans les cas les moins graves, le médecin peut prescrire l’application de progestérone par voie vaginale. La progestérone est une hormone qui permet d’éviter les contractions, de renforcer le col de l’utérus et de retarder son ouverture.
Ce traitement s’accompagne d’une surveillance régulière par échographie.
Le cerclage
Si la femme enceinte a des antécédents de fausses couches liées à une béance, le médecin recommande généralement d’avoir recours à un cerclage au cours du 1er trimestre (ou même avant la grossesse). Cette technique est également utilisée lorsque l’on détecte un important raccourcissement du col de l’utérus pendant la grossesse (au cours du 2ème trimestre).
Le cerclage consiste à placer des sutures autour ou en travers du col de l’utérus, pour éviter qu’il ne se dilate de manière prématurée. Cette intervention est réalisée par voie vaginale, sous anesthésie générale ou régionale (rachianesthésie ou anesthésie péridurale). Les sutures placées autour du col sont retirées au cours du neuvième mois, juste avant l’accouchement.
L’alitement
Face à certains signes avant-coureurs ou en cas d’antécédents de béance du col, le médecin peut également prescrire un alitement. En fonction de l’état de santé de la femme enceinte et des symptômes observés, il peut s’agir d’un alitement total ou partiel. Ce repos prolongé vise à réduire la pression exercée sur le col de l’utérus, et à limiter le risque de travail prématuré. Dans certains cas, il prescrit un alitement modifié : la femme doit alors passer la majorité de la journée assise ou couchée.
En cas d’alitement, il est recommandé de bien organiser son environnement (pour limiter les déplacements inutiles). Le médecin conseille aussi à la femme enceinte d’éviter les relations sexuelles, qui peuvent stimuler la dilatation du col. Elle doit également surveiller l’apparition de contractions régulières.
Bon à savoir : si un travail prématuré est suspecté après 22 semaines, des corticoïdes peuvent être prescrits pour favoriser la maturation des poumons du bébé. Ces médicaments permettent d’augmenter ses chances de survie en cas de naissance prématurée.
Comment prévenir ou éviter la béance du col ?
Même si certains facteurs de risque ne peuvent pas être contrôlés, certaines mesures permettent de limiter les risques de faiblesse cervicale et de béance du col de l’utérus :
- se faire suivre pendant sa grossesse : le dépistage précoce permet de réduire les risques de fausse couche tardive ou d’accouchement prématuré. Il est donc recommandé à la femme enceinte de se rendre à toutes ses consultations de suivi de grossesse ;
- suivre les recommandations de sa sage-femme ou de son médecin : en cas de grossesse à risque, il est indispensable de respecter toutes les consignes de son professionnel de santé ;
- consulter rapidement en cas de doute : augmentation des pertes, sensation de pesanteur, saignements… Ces signes doivent systématiquement amener la femme enceinte à consulter ;
- avoir une bonne hygiène de vie, et limiter les efforts physiques intenses : un rythme de vie équilibré permet de réduire la pression sur le col, et de mieux vivre sa grossesse de manière générale.
Sources :