Problème de santé dentaire courant chez les jeunes enfants, le syndrome du biberon reste souvent méconnu des parents. Pourtant, cette pathologie peut avoir de lourdes conséquences sur la dentition et le bien-être des tout-petits ! Mais grâce à de bonnes pratiques alimentaires et des règles d’hygiène simples, elle est aussi facile à éviter…
Alors comment savoir si son enfant souffre de caries précoces ? Quels sont les signes à repérer ? Et comment prévenir le syndrome du biberon ?
Qu’est-ce que le syndrome du biberon ?
Le « syndrome du biberon » se manifeste par l’apparition précoce de caries dentaires chez l'enfant. S’il est généralement provoqué par l’exposition prolongée (ou trop fréquente) à des liquides sucrés, d’autres facteurs peuvent aussi être en cause.
L’apparition de caries précoces chez l’enfant
On parle de syndrome du biberon pour désigner l’apparition de caries dentaires chez les jeunes enfants, avant l’âge de 6 ans. Aussi connue sous les termes de « carie précoce de l’enfant - CPE », « carie du biberon » ou « carie de la petite enfance », cette affection touche les dents de lait. Elle peut être plus ou moins sévère, selon l’âge de l’enfant et le nombre de dents touchées.
Bon à savoir : les caries font partie des problèmes dentaires les plus fréquents chez les enfants. Chez les moins de 6 ans, deux enfants sur trois ont déjà eu au moins une carie.
Si elles ne sont pas prises en charge, ces caries précoces peuvent provoquer une dégradation rapide et importante des dents de lait (souvent celles de devant). En plus de douleurs intenses, l’enfant peut souffrir d’infections ou perdre ses dents de manière prématurée. Et le syndrome du biberon peut aussi avoir des répercussions sur la santé et la qualité de ses dents définitives. Il est donc important de bien comprendre les causes de cette pathologie, et de connaître les bonnes habitudes à adopter pour l’éviter…
Une exposition prolongée aux liquides sucrés
Le syndrome du biberon est principalement causé par l’exposition répétée des dents de l’enfant à des liquides sucrés, le plus souvent via un biberon. L’enfant peut par exemple avoir son biberon à disposition toute la journée, ou même s’endormir avec. Et s’il contient autre chose que de l’eau (du lait, du jus ou une autre boisson sucrée), les sucres présents dans le liquide restent en contact prolongé avec ses dents. Or, ce sucre crée un environnement idéal pour le développement des bactéries et la formation de plaque dentaire. Les bactéries produisent alors des acides qui attaquent l’émail : il devient poreux, et les bactéries peuvent attaquer les couches profondes de la dent. C’est l’apparition d’une carie.
Si la cause principale du syndrome du biberon reste l’exposition fréquente à des liquides sucrés, d’autres facteurs peuvent contribuer à son apparition :
- l’absence d’hygiène bucco-dentaire : si les dents de l’enfant ne sont pas nettoyées régulièrement, les bactéries et la plaque dentaire s’accumulent plus facilement. Le fluor contenu dans les dentifrices pour enfant aide aussi à renforcer l’émail et à prévenir l’apparition de caries (avec un dosage adapté à chaque âge) ;
- de mauvaises habitudes alimentaires : en plus de boire régulièrement des liquides sucrés ou de s’endormir avec un biberon de lait, certains enfants grignotent pendant la journée (des chips, des gâteaux, du pain…). Ces mauvaises habitudes contribuent évidemment à favoriser l’apparition de caries.
Certains enfants ont aussi des dents plus fragiles, et sont particulièrement sensibles à ce syndrome. D’autres facteurs de risque peuvent enfin être en cause (des facteurs génétiques, l’environnement social ou économique, une difficulté d’accès aux soins dentaires…).
Comment savoir si son enfant souffre de cette affection ?
La plupart du temps, les symptômes du syndrome du biberon se manifestent progressivement, sans que les parents ne s’en rendent compte… Mais pour éviter des complications parfois graves, il est essentiel de savoir repérer les signes du début d'une carie du biberon ! Et en cas de doute, il est toujours recommandé de se rendre chez son médecin traitant ou son dentiste.
Quels signes surveiller ?
Le syndrome du biberon - et la formation d’une carie - se manifeste d’abord par l’apparition de taches blanches sur les dents de l’enfant, d’aspect blanc crayeux. Signe de la déminéralisation de l’émail, ces taches apparaissent généralement sur les incisives du haut (les dents supérieures, de devant). Des taches plus foncées se forment ensuite, au fur et à mesure que la carie progresse. Et c’est généralement cette coloration orangée, brunâtre ou noire qui alerte les parents. Si la carie continue à progresser, elle peut creuser la dent (près de la racine, généralement). Sans prise en charge adaptée, la dent peut devenir particulièrement fragile et se casser facilement (elle s’effrite).
Les caries précoces de l’enfant peuvent provoquer d’autres symptômes :
- des douleurs : l’enfant peut manifester des signes de douleur ou d’inconfort, en particulier lorsqu’il mange ou boit des aliments chauds ou froids. Plus la carie progresse, plus les douleurs s’intensifient ;
- une inflammation des gencives : les caries peuvent aussi affecter les gencives, provoquant une inflammation et une certaine sensibilité ;
- une mauvaise haleine : une odeur désagréable peut émaner de la bouche de l’enfant. En cause ? La présence de bactéries dans les cavités dentaires.
Comment réagir en cas de doute ?
Le syndrome du biberon ne provoque pas toujours de douleurs, et ses premiers signes peuvent être difficiles à repérer. Or, chez les jeunes enfants, les caries ont tendance à se propager très rapidement ! Alors en cas de doute - et idéalement dès l’apparition des premières dents de lait chez le bébé -, il est recommandé de consulter rapidement le médecin traitant ou le dentiste (pédiatrique ou généraliste) de l’enfant.
Pour confirmer son diagnostic, le dentiste commence par interroger les parents sur les habitudes alimentaires de l’enfant et sur son hygiène bucco-dentaire. Il examine ensuite soigneusement ses dents, pour repérer d’éventuels signes de carie. Il recherche des zones de déminéralisation, des taches blanches ou des taches brunâtres (qui sont visibles à l’œil nu). Le dentiste a parfois recours à une radiographie. Indolore, cet examen lui permet d’évaluer l’étendue des dommages, et de déterminer si la carie s’est propagée en profondeur dans les dents.
Important : pour éviter des complications plus graves (des douleurs intenses, des infections, des abcès…), il est important de consulter régulièrement le dentiste de l’enfant. En effet, plus tôt le diagnostic est posé, plus la prise en charge est efficace !
Comment soigner une carie du biberon ?
S’il n’est pas traité, le syndrome du biberon peut avoir des répercussions durables sur la santé bucco-dentaire de l’enfant. Des caries multiples peuvent par exemple affecter le développement de sa mâchoire. L’enfant peut avoir du mal à fermer la bouche, et rencontrer certaines difficultés au moment de l’acquisition du langage. Son alimentation et son sommeil peuvent aussi être perturbés par la douleur (avec des difficultés de mastication, de déglutition ou même de respiration). En plus de ces complications, les caries infantiles peuvent aussi entraîner une mauvaise disposition des dents permanentes (ce qui suppose ensuite de mettre en place un traitement orthodontique). Il est donc indispensable de mettre en place un traitement adapté, dès que le diagnostic est confirmé.
Selon l’emplacement et la gravité de la carie, le chirurgien-dentiste a recours à différents types de traitements :
- une fluoration topique : lorsque la carie est peu avancée, le dentiste peut appliquer un vernis fluoré pour renforcer l’émail et prévenir sa progression. La prise en charge est alors simple et rapide ;
- une obturation : si la carie est plus avancée, des obturations (plombages) peuvent être posées pour combler les cavités et protéger la dent ;
- une couronne : si l’enfant souffre de caries profondes ou multiples, le dentiste peut avoir recours à des couronnes pour protéger les dents endommagées ;
- une extraction : lorsque la dent est trop abîmée pour être sauvée, le dentiste doit procéder à son extraction. Cette procédure est réalisée en dernier recours : la perte prématurée d’une dent de lait peut en effet affecter le développement des dents permanentes.
Quel que soit le type de traitement envisagé, il doit évidemment être accompagné de nouvelles règles d’hygiène et d’alimentation, et d’un suivi régulier chez le dentiste.
La prévention, essentielle pour éviter le syndrome du biberon !
Comme souvent, le meilleur traitement contre le syndrome du biberon reste la prévention. Et les mesures à mettre en place sont relativement simples.
Pour éviter le développement de caries précoces chez l’enfant, il est recommandé de :
- mettre en place de bonnes habitudes alimentaires : il faut d’abord éviter les boissons sucrées avant le coucher. Si l’enfant a besoin d’un biberon pour s’endormir, on peut le remplir avec de l’eau. À partir d’un certain âge (généralement vers 12 mois), l’usage du biberon doit aussi être limité. L’enfant peut utiliser un gobelet dès qu’il est capable de boire seul, pour réduire le risque de contact prolongé avec des liquides sucrés ;
- adopter une bonne hygiène bucco-dentaire : dès que les premières dents de lait de l’enfant apparaissent, elles doivent être nettoyées régulièrement (au moins une fois par jour au départ, après le repas du soir). Pour cela, on peut utiliser un petit embout en caoutchouc à placer au bout du doigt, ou une petite brosse douce et de l’eau. Et selon son âge, on peut introduire une petite quantité de dentifrice fluoré ;
- vérifier régulièrement les dents de l’enfant : les parents peuvent contrôler l’évolution et l’aspect des dents de lait de leur enfant, et consulter un dentiste s’ils perçoivent un changement. Il est aussi recommandé de consulter dans les six mois qui suivent l’apparition de la première dent (au plus tard lorsque l’enfant a un an). En plus de vérifier sa sensibilité au syndrome du biberon, ce professionnel de santé peut conseiller aux parents un dentifrice adapté à l’âge de l’enfant (qui contient la juste dose de fluor).
Sources :