De l’endormissement difficile aux cauchemars, les troubles mineurs du sommeil concernent la majorité des enfants. Pour autant, nuits agitées, situations de conflits et couchers à rallonge désemparent souvent les parents, qui ont parfois bien du mal à maîtriser la situation. Pas toujours aisé, pour eux, de distinguer les peurs qui correspondent au développement classique de l’enfant, de troubles plus sévères du sommeil, comme les phobies, l’anxiété, le somnambulisme ou les terreurs nocturnes… Un cauchemar, par exemple, même affreux, est le plus souvent une saine libération des émotions plutôt que le signe d’une anxiété profonde.
Différents âges, différentes peurs : l’ambivalence de l’autonomie
Entre 18 mois et 2 ans, avec la marche et le « non », nos chers petits découvrent l’autonomie. C’est l’âge du « tout est possible » et des premières désillusions.
Peur du noir ou besoin d’une veilleuse sont alors banals. Au début de la troisième année, l’enfant commence à maîtriser la fonction symbolique du langage : on peut lui faire raconter ses cauchemars, sur le moment ou le lendemain, pour l’aider à comprendre qu’il s’agit d’un produit de l’imagination.
Entre 3 et 6 ans, on est en plein dipe, et ça se complique. S’installe alors un faisceau de peurs mêlées d’angoisses de séparation ou de destruction.
Lorsque, vers 5 ans, apparaissent monstres, fantômes, leur présence dans sa vie imaginaire montre que le travail de renoncement œdipien opère et que l’intégration des interdits, structurante pour l’enfant, se met en place.
Quand fermeté et tendresse s'imposent
Prendre dans les bras un nourrisson qui se réveille dans son lit est bénéfique pour tout le monde.
En revanche, laisser un enfant plus âgé faire la même chose n’est pas une bonne idée. Le plus dur ? Être constant car, fatigué, on aura plus facilement tendance à lui céder. Pourtant, « on ne peut pas dire un jour “viens dans mon lit” et pas le lendemain, rappelle la psychologue Béatrice Copper-Royer. L’intrusion inopinée des enfants dans le lit des parents n’est pas bonne pour le couple non plus. Pour l’enfant qui va se lever dix fois, c’est une façon d’occuper le terrain ».
Avant 6 ans, on veillera à être gentiment ferme. Le message doit être clair, sans se lancer dans des argumentations sans fin : « Tu es en sécurité. »
Contrer les peurs par l’accompagnement au coucher
On ne saurait trop rappeler l’importance des rituels du coucher, qui aident à anticiper la séparation.
Ils devront être à la fois agréables et stricts, sans précipitation, et sans compromis. Pour un enfant, quantité et qualité du repos comptent à parts égales. Ce qui signifie, se mettre au lit tôt, se coucher et se lever à heures régulières, y compris le week-end et éviter les écrans au coucher. Pour changer des lectures classiques, Gilles Diederichs, sophrologue, a conçu un livre de « contes thérapeutiques»*, dont les sujets sont en lien direct avec le quotidien. En bonus, petits exercices respiratoires et automassages !
* Il était une fois... 24 contes thérapeutiques pour endormir et rassurer son enfant, de Gilles Diederichs. Larousse (mars 2017), 12,90 euros.
Enfants et troubles du sommeil : un chiffre
16 MINUTES
C’est le temps de sommeil en moins – sur 24 heures – constaté chez les enfants de 6 mois à 3 ans pour chaque heure passée devant un écran tactile durant la journée.
Source : revue médicale Scientific Reports, avril 2017.
3 questions à...
Béatrice Copper-Royer, Psychologue
Les troubles du sommeil sont-ils un motif fréquent de consultation ?
Oui, même si je préfère parler de troubles du comportement autour du sommeil. Lorsque l’enfant se lève et dit : « J’ai peur », c’est un bon moyen d’ébranler les convictions des parents les plus déterminés. Il y a pourtant des peurs utiles, éléments constructeurs d’une personnalité épanouie, et le rôle des parents est d’aider l’enfant à les apprivoiser.
Quelles sont les erreurs fréquentes que font les parents ?
Nous avons tendance à être obsédés par l’endormissement. Or, l’enfant s’endormira plus ou moins vite, ce n’est pas grave. Dans les cas de troubles du comportement liés au sommeil chez le petit enfant, les mots clés sont « persévérance » et « cohérence ».
Qu’est-ce qui distingue la terreur nocturne d’une peur banale ?
Les terreurs nocturnes sont des troubles anxieux. L’enfant, tel un diable hors de sa boîte, peut hurler, assis sur son lit, les yeux ouverts. Des crises qui, bien qu’impressionnantes, ne présentent pas de danger si les parents sont présents pour les gérer. Pour l’apaiser, il leur faudra alors contenir leur enfant dans les bras, en douceur, sans le réveiller.
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