Touchant principalement les enfants, l’énurésie désigne une émission involontaire d’urine, qui survient généralement pendant le sommeil. Plus ou moins fréquents, ces accidents de « pipi au lit » peuvent être particulièrement gênants pour l’enfant. Il est donc important d’identifier les causes de l’énurésie, pour pouvoir la prendre en charge et accompagner au mieux l’enfant.
Alors à partir de quand parle-t-on d’énurésie ? Quelles peuvent être les causes de ce trouble ? Comment soigner l'énurésie naturellement, et s’en débarrasser ?
L’énurésie nocturne, un trouble fréquent chez l’enfant
À partir de 5 ans, l’enfant est généralement propre la journée et la nuit. Il contrôle parfaitement les sphincters de sa vessie, et peut se réveiller la nuit pour aller aux toilettes. Mais il arrive que certains enfants mouillent leur lit après 5 ans, de manière plus ou moins régulière et fréquente. On parle alors d’énurésie nocturne.
L’apprentissage de la propreté, un processus long et complexe
Pour devenir propre, l'enfant doit être prêt physiquement et psychologiquement. Il apprend d’abord à contrôler sa vessie et ses sphincters, et à reconnaître les signaux qui lui indiquent qu'il est va bientôt faire pipi ou caca. Il doit aussi être capable d’atteindre les toilettes à temps. Cet apprentissage peut ainsi être plus ou moins long (il se fait sur une période de 3 à 6 mois).
Les enfants commencent généralement l’apprentissage de la propreté vers l'âge de 2 ou 3 ans (certains peuvent commencer vers 18 mois). La première étape consiste à apprendre à faire caca sur le pot. Ils contrôlent leur vessie plus tard, entre 3 et 4 ans. À l’âge de 5 ans, ils peuvent effectuer plusieurs tâches eux-mêmes, comme aller aux toilettes et s’essuyer seuls, tirer la chasse et même se laver les mains. Ils sont souvent assez matures pour dormir sans se mouiller, et se réveillent pour aller aux toilettes. Mais certains enfants ont parfois encore du mal à contrôler leur vessie pendant leur sommeil.
Énurésie primaire ou secondaire ?
On parle d’énurésie nocturne lorsque des émissions d’urine accidentelles, involontaires et non maîtrisées surviennent chez un enfant de plus de 5 ans. Alors qu’il est capable de se retenir pendant la journée et d’aller aux toilettes à temps, l’enfant ne contrôle pas bien les sphincters de sa vessie pendant la nuit : il mouille son lit pendant son sommeil, sans s’en rendre compte.
On distingue plusieurs types d’énurésie :
- l’énurésie primaire : l'enfant n'a jamais été propre pendant la nuit. Il s’agit de la forme la plus fréquente d’énurésie nocturne ;
- l’énurésie secondaire : l’enfant se remet brusquement à faire pipi au lit, alors qu’il était propre la nuit (pendant au moins 6 mois d'affilée). Ce type d’énurésie se manifeste généralement entre 5 et 7 ans.
Ces mictions incontrôlées peuvent être plus ou moins régulières (toutes les nuits ou quelques soirs par semaine seulement) et plus ou moins fréquentes (une ou plusieurs fois par nuit). Les accidents peuvent aussi survenir de manière isolée (ils sont alors souvent déclenchés par certains événements ou émotions fortes, sans que cela ne soit forcément inquiétant). Dans la plupart des cas, l’énurésie nocturne diminue progressivement avec l’âge, jusqu’à disparaître complètement.
Quelles peuvent être les causes de l’énurésie nocturne ?
Plusieurs facteurs peuvent être en cause, et déclencher une énurésie nocturne plus ou moins régulière et fréquente chez l’enfant.
Les mictions involontaires pendant la nuit peuvent par exemple être dues à un mauvais fonctionnement de sa vessie : lorsqu’elle est pleine, elle se contracte de manière incontrôlée pour expulser l’urine. L’enfant peut aussi être dans une phase de sommeil paradoxal longue et profonde : il rêve qu’il va aux toilettes et mouille son lit. L’énurésie nocturne peut également être due à une malformation urinaire (une vessie plus petite que la moyenne), ou à un retard dans son processus naturel de maturation. Si l’enfant a beaucoup bu avant de se coucher et que sa vessie est pleine, il peut aussi plus facilement faire pipi au lit.
D’autres troubles peuvent parfois être en cause en cas d’énurésie nocturne primaire : une polyurie nocturne (production d’urine trop importante pendant la nuit, à cause d’une baisse de production de l’hormone anti-diurétique), des difficultés à se réveiller pendant la nuit (certains enfants ont un sommeil très profond), des prédispositions héréditaires, un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH)…
Si l’enfant souffre d’énurésie secondaire, d’autres causes doivent être recherchées. Les accidents nocturnes sont souvent liés à un retard de développement, lorsque l’enfant a du mal à devenir autonome. Ils peuvent survenir après un évènement traumatisant, en cas de problèmes émotionnels ou de troubles psychologiques, en période de stress ou en présence d’un élément dépressif… Identifier la cause de l’énurésie permet alors de la traiter plus rapidement. Il arrive enfin que l’énurésie secondaire révèle l’existence d’un diabète de type 1 (avec une polyurie), ou qu’elle soit due à une infection urinaire.
Comment réagir en cas de « pipi au lit » ?
Le premier réflexe à avoir est de ne jamais dramatiser la situation, de toujours s’adresser à l’enfant en employant des mots réconfortants et d’essayer de comprendre la cause de l’énurésie. Adoptées au quotidien, certaines règles simples permettent ensuite de limiter les accidents de pipi au lit. Si l’énurésie persiste malgré l’adoption de ces mesures, il est recommandé de consulter son médecin traitant.
Rassurer et réconforter l’enfant
L’acquisition de la propreté pendant la nuit doit se dérouler dans un climat confortable et bienveillant. Pour encourager l’enfant dans cet apprentissage, et diminuer les accidents de pipi au lit, il est important de :
- le mettre en confiance en lui parlant un maximum, évoquer l’énurésie avec des mots faciles à comprendre, le rassurer, ne jamais le gronder ou le punir, lui rappeler que d’autres enfants de sa classe rencontrent certainement les mêmes difficultés ;
- lui expliquer les éventuelles causes de son énurésie, à l’aide de mots simples ou d’un dessin (l’arrivée d’un deuxième enfant, l’entrée en maternelle, un décès dans la famille, un divorce, un déménagement…) ;
- le faire éventuellement participer au changement des draps le matin, sans jamais dramatiser ou le faire culpabiliser, ne pas parler de son énurésie devant d’autres personnes, ne lui faire porter des couches que s’il mouille très souvent son lit (elles sont plus confortables que les alèses) ;
- lui faire tenir un registre des nuits « sèches », l’aider à se fixer des objectifs et à se motiver (ces exercices sont généralement mis en place avec le médecin, lors des consultations), encourager ses progrès.
Mettre en place de nouveaux réflexes hygiéno-diététiques
Pour diminuer la fréquence des accidents et aider l’enfant à devenir propre pendant son sommeil, il est recommandé d’adopter certaines mesures simples au quotidien :
- ne pas lui faire boire trop d’eau (ou une autre boisson) après 18 heures : s’il doit boire de l’eau tout au long de la journée, l’enfant doit limiter sa consommation de liquides avant de se coucher. S’il est assez grand pour comprendre, il est possible de lui expliquer pourquoi boire en fin de journée peut favoriser l’énurésie ;
- lui proposer régulièrement d’aller aux toilettes (notamment en fin de journée, et juste avant de se coucher), lui apprendre à y aller sans attendre (dès qu’il en ressent le besoin), faciliter l’accès aux toilettes pendant la nuit (en installant une petite veilleuse dans sa chambre et dans le couloir, par exemple) ;
- limiter les aliments très salés, les boissons sucrées et les boissons gazeuses en fin de journée.
Comme évoqué plus haut, il faut toujours parler à l’enfant, le rassurer et dédramatiser. Pour simplifier le quotidien, il est aussi conseillé d’utiliser des alèses imperméables et des draps faciles à laver. L’énurésie guérit la plupart du temps spontanément, sans aucun traitement médical. Mais si ces simples mesures ne suffisent pas à aider l’enfant, il est recommandé de consulter.
Quand consulter ?
Si elle cause des difficultés dans la vie quotidienne de l’enfant ou de la famille, l’énurésie est un motif de consultation médicale. Il faut également consulter en cas d’énurésie chez un enfant de plus de 6 ans, ou en cas de troubles associés (TDAH, notamment). Il est en effet important de mettre en place des solutions adaptées, pour éviter un sentiment de culpabilité ou de honte chez l’enfant (avec une baisse de l’estime de soi), ou un trop fort retentissement sur sa vie familiale ou sociale.
Il est aussi important de consulter dans la journée si l’énurésie nocturne s’accompagne d’autres symptômes : un besoin fréquent d’uriner, des brûlures à la miction, l’impossibilité de se retenir, une perte de poids, de la fièvre… Il faut enfin se rapprocher rapidement de son médecin si l’enfant a besoin de boire très souvent et urine fréquemment (cela peut être le signe d’un diabète).
Après avoir réalisé plusieurs examens (pour écarter une malformation des voies urinaires, un diabète ou une infection), le médecin rappelle les mesures hygiéno-diététiques à adopter pour diminuer les accidents nocturnes. Si la cause de l’énurésie semble être d’ordre émotionnel ou psychologique, le médecin oriente son patient vers un pédopsychologue ou un pédopsychiatre. Dans certains cas, il peut prescrire des médicaments : la desmopressine permet de retenir l’eau dans l’organisme, et l’oxybutynine de favoriser le relâchement de la vessie (elle est prescrite en second recours). Le médecin peut enfin conseiller d’utiliser des alarmes (qui émettent un signal sonore en cas de fuite).
Sources :
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/pipi-lit-enuresie
https://www.vidal.fr/maladies/chez-les-enfants/enuresie-pipi-au-lit.html