Pyjama mouillé. Sommeil interrompu. Petit bonhomme en larmes. Branle-bas de combat pour trouver des draps secs et des sous-vêtements propres… Voilà à quoi ressemblent les folles nuits d’Audrey. « Notre petit dernier, à 7 ans, continue à faire pipi au lit. On a tout essayé : encouragements, punitions, récompenses... Rien n’y fait ! », raconte-t-elle, un peu dépitée.
Énurésie : vous avez dit banal ?
Soyons honnêtes : le pipi au lit, c’est barbant ! Oui, peut-être… mais c’est aussi et surtout – histoire d’apaiser toute mère de famille au bord de la crise de nerf – très fréquent ! Une étude a en effet montré que 10 % des enfants âgés de 5 à 10 ans mouillent régulièrement leur lit. Si votre petit n’a jamais été propre la nuit plus de 6 mois consécutifs, il souffre d’énurésie primaire. Si, à l’inverse, il recommence à faire pipi au lit après une longue période de continence, on parle d’énurésie secondaire.
Pipi au lit : ni dramatiser ni faire l’autruche
« Ça va passer tout seul », « Wait and see »… Autant de conseils pavés de bonnes intentions que les parents ont l’habitude d’entendre. Or, s’il faut dédramatiser la situation, il ne faut pas pour autant l’ignorer ! « L’énurésie nocturne peut affecter le développement social de l’enfant : honte, culpabilité, perte de l’estime de soi, peur d’aller dormir chez un copain ou de partir en colo… », développe le Dr Stéphane Clerget, pédopsychiatre(1).
Le bon âge pour consulter un spécialiste ? 4 ou 5 ans. Avant, il est tout à fait normal que le système de contrôle de la vessie ne soit pas encore parfaitement au point. Inutile donc de s’inquiéter trop tôt…
Enurésie : un peu de psychologie…
Une consultation chez le pédiatre permettra d’écarter une éventuelle cause physiologique (problème hormonal, hyperactivité vésicale…). « Les facteurs affectifs et éducatifs me semblent néanmoins souvent prédominants », avance le Dr Clerget. « L’énurésie secondaire survient généralement en réponse à un événement de vie : arrivée d’un petit frère, conflit dans le couple, fréquentation d’une nouvelle école… » Dans le cas d’une énurésie primaire, la cause est souvent moins évidente à déceler. « Cela peut être un moyen inconscient de rester petit par exemple… Ou, pour un enfant très sage et dans la maîtrise de lui-même la journée, une façon de relâcher la pression. »
Pipi au lit : c’est pas ma faute à moi !
Vous sentez la moutarde vous monter au nez ? Rappelez-vous que faire pipi au lit n’est pas une provocation de la part de votre enfant. « Il s’agit là d’un mécanisme inconscient. » Inutile donc de le gronder, de le culpabiliser, voire de l’humilier !
Au contraire, il ne faut jamais cristalliser le problème. Si la situation se transforme en bras de fer et tourne à l’obsession, il faut le déléguer au parent le moins impliqué émotionnellement. « Comme l’énurésie nocturne concerne majoritairement les petits garçons, j’invite souvent les papas à s’en occuper ! »
À ses côtés, goutte que goutte !
Autre recommandation : dialoguez avec votre enfant, ne vous montrez pas indifférent à son problème, exprimez-lui vos attentes. Un conseil qui peut sembler désuet et pourtant… « Si les parents étaient autrefois extrêmement coercitifs dans l’apprentissage de la propreté, beaucoup ont tendance aujourd’hui à être trop tolérants », déplore le Dr Clerget. « Certains enfants n’ont ainsi même pas conscience de ce qu’on attend d’eux ! » Avant d’envisager un traitement médicamenteux ou un système d’alarme sonore, la prise en charge reposera d’abord sur des mesures éducatives. À mettre en place… dès ce soir !
Pipis au lit : conseils pratiques
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Apprenez à votre enfant à se désaltérer régulièrement la journée et limitez la quantité de boisson en soirée.
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Instaurez le rituel d’aller faire pipi juste avant d’aller dormir.
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Facilitez l’accès aux toilettes la nuit : petite veilleuse rigolote, porte ouverte…
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Responsabilisez votre enfant en lui montrant comment retirer les draps mouillés, en disposant un pyjama de rechange à son chevet…
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Proposez-lui de tenir un calendrier où il dessinera un soleil à chaque nuit sèche.
Énurésie nocture : un facteur héréditaire
Le risque pour qu’un enfant fasse pipi au lit est d’environ 44 % si 1 des parents a souffert d’énurésie pendant son enfance et de 77 % si les 2 parents étaient concernés !
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Source
(1)Auteur du livre « Les pipis font de la résistance », Albin Michel.