Noé a 9 ans. Cet été, il fera son premier camp scout. Et il appréhende, non de passer deux semaines loin de chez lui, mais plutôt que ses camarades découvrent son « petit secret ». À savoir qu’il fait pipi au lit plusieurs fois par semaine… Il n’est pas le seul : on estime que 10 % environ des enfants âgés de 5 à 10 ans souffrent d’incontinence urinaire nocturne.
Quel âge pour être propre ?
Durant les premiers mois de sa vie, un bébé n’est pas plus capable de contrôler ses mictions que de parler. Ce n’est qu’entre 18 mois et 3 ans que la capacité à « se retenir » commence à se mettre en place. Et la nuit ? « Théoriquement, un enfant est capable de rester propre la nuit dès l’âge de 3 ans », explique le Dr Bernard Boillot, professeur d’urologie au CHU de Grenoble. « Dans la littérature médicale, on parle d’énurésie à partir de 5 ans, mais dans la pratique, on pose ce diagnostic quand l’enfant s’en plaint ou en souffre. »
Une énurésie n’est pas l’autre !
Il existe plusieurs types d’énurésie. D’abord, il faut voir s’il n’y a que les fuites nocturnes ou si l’énurésie est un symptôme parmi d’autres troubles de la continence (fuites urinaires diurnes, incontinence fécale, etc.) ou accompagne une autre pathologie. Par exemple, les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont souvent associés à de l’énurésie. « Dans ces cas, le traitement vise prioritairement la continence de jour, car si celle-ci est atteinte, la nuit s’améliorera aussi », explique le Dr Boillot.
Enurésie : causes et traitements
Ensuite, il est primordial de différencier l’énurésie primaire – l’enfant n’a jamais été propre la nuit – de l’énurésie secondaire. Dans le premier cas, les causes peuvent être diverses et variées : un sommeil trop profond, des problèmes hormonaux (1), une vessie hyperactive, car trop petite, etc. Selon l’origine du problème, en plus de bonnes habitudes, certains médicaments peuvent être prescrits pour diminuer la production d’urine. Pas d’inquiétude cependant : dans la grande majorité des cas, l’énurésie passe avec le temps. Chaque année qui passe voit 15 % des cas se résoudre spontanément.
Enurésie : quand c’est « dans la tête »
Là où les choses se compliquent, c’est lorsque l’énurésie (re)commence après plus de six mois de nuits sèches. « Les causes physiques sont alors rares », explique le Dr Boillot. « Dans l’immense majorité des cas, cette énurésie - dite secondaire - est liée à une difficulté d’ordre psychologique : arrivée d'un autre enfant, des difficultés scolaires, un déménagement, le divorce des parents, un décès, voire, dans les cas les plus graves, des abus, des sévices sexuels, etc. » Dans ces cas, l’énurésie est signe de mal-être et nécessite une prise en charge psychologique.
Enurésie : ce qu’il ne faut pas faire…
Un enfant qui fait pipi au lit pendant son sommeil ne le fait pas exprès. Logique : il dort ! Il est important de dédramatiser la situation. Évitez de :
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le culpabiliser. Passé un certain âge, il est souvent le premier à avoir honte de son énurésie ; n’en rajoutez pas !
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le punir ne sert à rien, vu qu’il ne le fait pas exprès !
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le récompenser pour des nuits sèches n’est pas très utile non plus. En plus, cela entretient l’idée qu’il fait quelque chose de mal.
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l’humilier en se moquant de lui ou en faisant état de son problème devant un tiers (frères, sœurs, copains, copines, etc.) est probablement la pire chose à faire !
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Boire au bon moment
Beaucoup d’enfants ne boivent pas assez en journée et ont donc soif le soir. Or, plus on boit avant d’aller dormir, plus grandes sont les chances d’uriner pendant la nuit ! La première chose à faire en cas d’énurésie est donc d’inverser les habitudes d’hydratation : boire beaucoup en début de journée afin de diminuer la soif du soir.
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Source
(1) La nuit, la production d’urine, gérée par plusieurs hormones, est censée être moindre qu’en journée.